Migration : le GARR dénonce les séparations des familles nucléaires en République dominicaine

Dans un communiqué de presse paru le 19 janvier 2024, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) condamne les séparations dont sont l’objet les familles haïtiennes lors des rapatriements par la migration dominicaine. Ainsi, il invite l’État à exiger des représentants de la République voisine le respect du protocole d’accord paraphé sur les conditions de déportation, notamment l’alinéa relatif à la division des membres d’une famille.

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés exprime une nouvelle fois son indignation face aux traitements infligés aux ressortissants haïtiens séjournant en République dominicaine, en particulier les conditions infrahumaines dans lesquelles ils sont rapatriés. Les maltraitances physiques et morales, la destruction de leurs documents légaux, les viols et l’éloignement des membres d’une même famille font le lot quotidien des migrants en terre voisine.

C’est le cas de Nahomie, mère de trois enfants, dont un nourrisson de 3 mois et deux autres en bas âge, et son mari, retrouvés parmi plus d’une centaine de migrants déportés, accueillis le 18 janvier au Centre d’accueil du GARR à Belladère. "Nahomie, une femme allaitante, mère de deux enfants, nous raconte avec peine ses inquiétudes pour son nourrisson Ralph Marc, ses gamins Richardson Marc et Kenley Marc, âgés respectivement de 3 mois, de 8 ans et de 3 ans, qui ont été abandonnés à leur sort dans une maison à Puerto Escondido/ Pòlkondi, dans la province Independencia", rapporte le GARR dans la note.

Selon Sam Guillaume, le responsable de la communication et du plaidoyer de l’institution, le cas de Nahomie n’est pas isolé, car bon nombre de parents sont séparés de leurs progénitures au moment des déportations. Il informe que le centre reçoit parfois des parents interceptés en pleine rue qui n’ont pas pu aller chercher leurs enfants, d’autres fois ceux qui ont été sous les yeux de leurs fils, ou du moins des enfants qui sont arrachés à leurs parents.

Le GARR condamne également le comportement arbitraire des policiers dominicains qui ne donnent pas la possibilité aux ressortissants haïtiens de prendre ou de récupérer leurs bagages. "Mellisia, une autre mère allaitante accompagnée de son bébé de 4 mois, originaire d’Anse-à-Pitres, explique qu’elle et son mari ont été délogés brutalement de leur maison à 4h du matin, dans le froid, sans possibilité de prendre ou de récupérer leurs bagages. Placée en détention à Haina pendant deux jours, dans des conditions d’hygiène déplorables, elle et son bébé ont été mal nourris", lit-on dans le communiqué.

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés exprime ses plus vifs remerciements envers le Congrès national de Missionnaires (CONAMI), une instance dominicaine qui a répondu à sa demande en prenant en charge les enfants de Nahomie. Tout en demandant d’une part aux responsables dominicains de surseoir aux pratiques qui exposent la vie des personnes envoyées loin des points frontaliers les plus proches de leurs zones de provenance en Haïti, sans ressources et désorientées.

D’autre part, aux représentants de l’État haïtien de se montrer plus proactifs dans la défense des droits de ses ressortissants et d’exiger de leurs homologues dominicains le respect du protocole d’accord sur les rapatriements, notamment sur l’interdiction de la séparation des familles nucléaires. Ajoutant que les autorités haïtiennes se doivent de créer un climat de vie favorable à ses citoyens pour qu’ils puissent avoir envie de rester chez eux.

Ainsi, l’organisme de défense des droits des migrants haïtiens requiert une assistance robuste au niveau de ses centres pour compenser ses ressources limitées en nourriture, eau, vêtements et frais de transport en faveur des milliers de personnes rapatriées qu’il reçoit chaque jour, mais aussi pour aider les déportés à regagner leurs demeures, qui sont souvent très éloignées du centre.

 

Sheelove Semexant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES