L’Ambassade d’Haïti à Washington contre-attaque

68 membres du Congrès américain ont écrit au secrétaire d’État américain, Anthony Blinkin, lui demandant d’utiliser sa voix et sa position pour empêcher au gouvernement américain de financer le processus électoral en Haïti, notamment le referendum constitutionnel. Pour la mission diplomatique haïtienne de Washington, c’est une recommandation qui ne respecte pas la Charte démocratique interaméricaine.

Dans un communiqué de presse, l’Ambassade d’Haïti à Washington se dit gravement choquée du fait que certains membres du Congrès américain appellent à un changement de régime en Haïti, en vue de remplacer un président démocratiquement élu, contrairement aux recommandations de la Charte démocratique interaméricaine. L’Ambassade d’Haïti à Washington, qui dénonce la position exprimée par ces 68 membres du Congrès américain, rappelle aux leaders, dont Gregory Meeks et Hakim Jeffries, que le mandat démocratique de Jovenel Moise court jusqu’en février 2022.

Pour la mission diplomatique d’Haïti, par cette position, les membres du Congrès américain ne font que miner le processus démocratique en Haïti. Cette position est en contradiction avec la position de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Organisation des États américains (OEA) et les autres pays partenaires d’Haïti concernant les prochaines élections et le referendum constitutionnel qui doivent se réaliser entre le 27 juin 2021 et le 21 novembre 2021. D’après l’ambassade, le gouvernement haïtien travaille de concert avec ses partenaires afin d’assurer la réalisation des élections libres, honnêtes, inclusives et transparentes.

En termes d’actions posées pour la réalisation de ces élections, l’Ambassade d’Haïti à Washington parle des efforts d’enregistrement des électeurs potentiels et la poursuite des dialogues pour l’établissement d’un gouvernenent d’unité nationale. À date, de 4,5 millions d’Haïtiens sont déjà enregistrées sur la liste électorale, d’après les données fournies par l’ambassade. La position officielle de plusieurs gouvernements étrangers et organisations internationales est favorable à la réalisation des prochaines élections. Les diplomates haïtiens accrédités à Washington croient que toutes contradictions et commentaires désobligeants ne feraient que mettre en danger le processus démocratique et affaiblir les institutions.

En outre, l’Ambassade d’Haïti aux États-Unis a attiré l’attention du public sur le fait que l’établissement d’un gouvernement de transition serait synonyme d’abolition du gouvernement démocratiquement élu, et serait considéré comme illégal selon la Constitution haïtienne. « Il n’y a aucune base légale pour cette recommandation antidémocratique des membres du Congrès américain », déclarent les diplomates haïtiens basés à Washington qui rejettent du coup l’idée selon laquelle le président Moise n’a aucune crédibilité pour organiser des élections transparentes en Haïti.

Tout en soulignant que le projet de referendum constitutionnel bénéficie de l’appui de 87% de la population, des leaders politiques et organisations de la société civile, l’Ambassade d’Haïti aux États-Unis encourage la population à participer dans le processus pour doter le pays d’une nouvelle constitution et assurer le renouvellement du personnel politique. Par ailleurs, l’ambassade rappelle que le gouvernement haïtien s’engage à travailler avec les partenaires internationaux, mais dans le respect mutuel du principe de souveraineté des États. L’assistance étrangère dans le processus électoral est la bienvenue, mais dans le respect des principes de la loi. Car, estime l’ambassade, toute alternative pour remplacer Jovenel Moise sans élections serait dangereuse pour l’avenir démocratique en Haïti.

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