Haïti: 45% de la population en situation d'urgence alimentaire, selon l'Ocha

Les chocs économiques, la faible production agricole, le faible niveau d'assistance humanitaire, la violence des gangs armés sont, entre autres, les facteurs expliquant une élévation de l'insécurité alimentaire en Haïti entre août 2023 et février 2024, comme l'a souligné le bureau humanitaire des Nations unies en Haïti. 

Par rapport à l'analyse de septembre 2022, il y a eu une légère amélioration constatée, passant de 47 % à 44 % du nombre de la population en phase 3 de l'IPC. Environ 45 % de la population a besoin d'une action urgente pour faire face à ce fléau, a soulevé l'organisation onusienne.

Suivant les projections de l'Institut haïtien de statistique et informatique (IHSI) pour l'année 2023 et à partir des données démographiques de l'Indice des Prix à la consommation recueillies pendant la période, le bureau des affaires humanitaires des Nations unies en Haïti (OCHA) a démontré qu'il y a eu une légère baisse de l'insécurité alimentaire sur le territoire haïtien.

« Comparée à l'analyse de septembre 2022, la classification de cette année a démontré que certaines zones de préoccupation identifiées lors de la précédente analyse ont connu une légère amélioration, passant de 47 % à 44 % de la population en Phase 3 de l'IPC ou plus. Il faut également mentionner que l'analyse de septembre a été réalisée dans une période de fortes contractions économiques, suite aux troubles sociopolitiques liés à la rareté et à l'augmentation des prix du carburant, à la hausse vertigineuse du dollar et à l'insécurité », a indiqué l'organisation.

Notamment, sur la période d'août 2023 à février 2024, parmi les 32 zones analysées, cinq affichent un niveau d'insécurité alimentaire d'urgence (Phase 4 de l'IPC). Il s'agit principalement du département de la Grand-Anse (Grand Anse HT 07 et 08), hormis la ville de Jérémie, des quartiers pauvres et très pauvres de Port-au-Prince, de Cité Soleil et de la zone de moyen d'existence Ouest HT07, comprenant les communes se trouvant au Nord de Port-au-Prince ainsi que la zone des Palmes, ont poursuivi les enquêteurs.

Néanmoins, les facteurs déterminants de la persistance de l'insécurité alimentaire sont, entre autres, la décélération du Produit Intérieur Brut (PIB), d'où les chocs économiques qui provoquent des années de croissance négative pour divers secteurs d'activité du pays, la faible production agricole due à une pluviométrie inférieure à la normale et la décapitalisation des ménages, le faible niveau d'assistance humanitaire dans les zones très vulnérables et la violence des gangs armés qui limite la circulation des marchandises et des personnes.

L'insécurité a effectivement aggravé la situation de sécurité alimentaire au cours des derniers mois avec une augmentation des cas de kidnapping, d'attaques armées, de viols et de vols. Cela a entraîné un important flux de population vers l'émigration et des déplacements internes, principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans la vallée de l'Artibonite.

En ce sens, l'OCHA recommande une vitalité de l'aide humanitaire dans le pays, en mobilisant les ressources additionnelles pour mettre à l'échelle des réponses d'urgence d'assistance alimentaire dans les territoires affectés par les conflits, et plaide également pour la mise en place d'une politique alimentaire de sécurité prenant en compte des facteurs tels que le développement agricole, l'accessibilité et la gouvernance à travers des stratégies d'intervention et des programmes de développement.


Oberde Charles 

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