La construction du canal n'est pas la cause fondamentale de la fermeture de la frontière entre la République d'Haïti et la République dominicaine, mais du fait que la décision de le construire ne vient pas du gouvernement haïtien, d'après le directeur national de Solidarité frontalière. De plus, le prêtre a informé qu'une société minière canadienne avait reçu l'approbation pour exploiter une d'or à l'endroit même où la rivière Massacre et d'autres cours d'eau transfrontaliers prennent leurs sources. Ce qui pourrait contaminer la rivière et causer des dégâts sur le sol haïtien.
Lors d'une interview accordée au journal Le National, ce mardi 26 septembre, le prêtre jésuite, Germain Clerveau, s'est penché sur la situation tendue entre les deux pays partageant l'île. En tout premier lieu, le responsable a abordé la question de l'irrigation du canal mettant en rogne les autorités dominicaines qui veulent à tout prix forcer les Haïtiens à stopper le travail. Cette construction a entrainé la fermeture de la frontière par le gouvernement dominicain, ce qui n'est pas profitable pour les deux pays, dit-il.
« Le marché de Dajabón fonctionnel pendant deux jours a été secoué suite à la fermeture de la frontière où les dominicains ont perdu 160 millions de pesos en une seule journée. De notre côté, nos commerçants ne peuvent pas aller vendre leurs produits comme les fruits et légumes. Cependant les acheteurs haïtiens tirent l'avantage sur les marchands qui prenaient l'habitude de vendre nos denrées aux Dominicains puis acheter leurs produits moins efficaces pour les revendre dans l'espoir de faire plus de bénéfices», a expliqué le prêtre qui a informé qu'à cause de cette situation des migrants haïtiens subissent des maltraitances. Plusieurs milliers ont déjà fui le sol dominicain, a-t-il rapporté.
« Ils ont interdit le transport, il y a deux dimanches de cela, j'ai pu constater plusieurs de nos compatriotes avec leurs effets en train de traverser pour rentrer en Haïti. Alors que la déportation n'a pas été stoppée par les dirigeants dominicains. Le gouvernement haïtien ne se soucie pas de la situation qu'il devrait, pourtant, regarder à la loupe», a-t-il déclaré.
Plus loin, le prêtre a se montre inquiets sur les retombées éventuelles que peuvent avoir les travaux de la société minière canadienne sur la rivière massacre, si effectivement elle aurait été chargée d'extraire l'or à quelques mètres du canal de Maribahoux.
« L'extraction des mines pourrait contaminer l'eau et provoquer beaucoup de dégâts si les dirigeants haïtiens ne trouvent pas un accord avec le pays voisin pour éviter tout désastre», a conclu le prêtre Germain Clerveau tout en demandant aux organisations de la société civile et autres structures de prêter main-forte aux migrants haïtiens qui ont tant besoin d'eux et de veiller à ce que les conditions soient réunies pour rendre l'irrigation possible.
Déjà, dans une note publiée le 24 septembre, les Jésuites frontaliers de Ouanaminthe (République d'Haïti) et de Dajabón (République dominicaine) se sont prononcés sur le différend autour de la construction du canal d'irrigation par Haïti, sur la rivière massacre que partage les deux pays. Ils ont recommandé le dialogue comme unique arme efficace pour résoudre cette discorde.
«Nous, les Jésuites, qui vivons et travaillons des deux côtés de la frontière, invitons les dirigeants d’Haïti et de la République dominicaine à s’inspirer des gens du peuple de la frontière, qui savent comment vivre en paix et en harmonie pour leur bénéfice mutuel», lit-on dans cette déclaration conjointe des Jésuites frontaliers de Ouanaminthe et de Dajabón.
Veron Arnault