Fermeture de la frontière haïtiano-dominicaine: l'économiste Joseph Harold Pierre analyse les enjeux économiques

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La décision du gouvernement dominicain de passer à l'acte et de procéder à la fermeture de ses frontières avec Haïti en raison de la construction d'un canal sur la Rivière Massacre par les paysans du Nord-est a des conséquences sur les deux parties de l'île, a précisé l'économiste Joseph Harold Pierre. En terre voisine, le prix de l'œuf a chuté à la suite de la fermeture de la frontière, alors que les paysans haïtiens, de leur côté, poursuivent, en toute solidarité, les travaux.

À travers un communiqué, dans la soirée du 14 septembre, le Gouvernement de la République d'Haïti dit prendre acte de la décision du gouvernement de fermer ses frontières avec la République d'Haïti. «La République d’Haïti peut souverainement décider de l’exploitation de ses ressources naturelles. Elle a, comme la République dominicaine, avec laquelle elle partage la Rivière Massacre, l’entier droit d’y faire des prises, conformément à l’accord de 1929. Le Gouvernement de la République d’Haïti prendra toutes les dispositions que de droit pour protéger les intérêts du Peuple haïtien", a-t-on pu lire dans la note. 

Selon l'Économiste Joseph Harold Pierre, la fermeture de la frontière de Dajabón et d'autres points frontaliers ont de graves conséquences sur le commerce bilatéral et les relations entre les deux pays. « Tous les revenus des importations d'Haïti vers la République dominicaine seront bloqués.  Les quatre grands marchés: Belladère, Dajabón, Malpasse, et Anse-à-Pitres ne seront pas alimentés et toute persistance de la fermeture de ces zones frontalières conduira à une rareté de produits de consommation en Haïti. Par ailleurs, il souligne que les producteurs dominicains et les habitants de ces zones frontalières dont 70 % dépendent des échanges commerciaux entre les deux pays vont souffrir de cette mesure, puisque leurs principaux revenus étaient à destination d'Haïti. En ce sens, des commerçants dominicains se soulèvent contre gouvernement depuis l'annonce de l'ensemble de ces dispositions.  Du côté haïtien, où la construction du canal est en pleine continuité malgré la position du gouvernement dominicain; l'économiste soulève quoique les impacts, les Haïtiens veulent démontrer leur sentiment de fierté et de patriotisme face au président dominicain. 

Des deux côtés de l'île, une pluie de réactions. Les producteurs dominicains ont du mal à écouler leurs produits. Dans une correspondance, les associations de producteurs d'œufs de Dajabón ont fait savoir en fin de semaine que le prix de l'œuf a chuté en raison de la baisse de la demande. «Nous informons les consommateurs directs et indirects qu’en raison de la diminution de la vente, de la baisse de la demande, le prix de la caisse d’œufs est passé à 4500 pesos», ont-ils révélé sans pour autant préciser le prix antérieur.  

Dans leur communiqué,  les autorités haïtiennes indiquent qu'ils mettent en priorité le dialogue et la délégation haïtienne mandatée à cette mission était sur la bonne voie avec leurs homologues dominicains de la commission bilatérale. Le gouvernement haïtien appelle au respect et à la protection des vies et des biens des deux côtés de la frontière. Ainsi, il invite la population haïtienne à la sérénité et il s'assure de toutes les dispositions afin que l'irrigation de la plaine de Maribahoux se fasse dans les normes, sous la supervision des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement. 

 

Oberde Charles

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