L’ajustement du carburant enfonce davantage le pays dans la pauvreté, selon le CARDH

Le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH) a fait savoir, dans un rapport publié le 22 septembre, que l’ajustement du prix des produits pétroliers par le Premier ministre Ariel Henry enfonce davantage la population haïtienne dans la misère. Une étude des Nations unies estime que près de 5 millions d’habitants sont touchés par l’insécurité alimentaire et 1,3 million en situation d’urgence. Cette décision a parallèlement enfoncé le couteau dans la plaie.

Le CARDH croit qu’il est urgent que les autorités prennent des mesures afin d’accompagner la population et de garantir une ère de stabilité dans le pays. « En neuf mois, les prix des produits pétroliers ont connu une hausse avoisinante de 200 %. Le 7 décembre 2021, le gallon de la gazoline est passé de 201 gourdes à 250 gourdes, une augmentation de 24,37 % ; celui du diesel de 169 gourdes à 353 gourdes, une augmentation de 108,87 % ; celui du kérosène de 163 gourdes à 352 gourdes, une augmentation de 115,95 %. En effet, à l’occasion du premier anniversaire de l’Accord politique du 11 septembre, le Premier ministre a fait une adresse à la nation annonçant son engagement de « mettre le pays en mode électoral à la fin de l’année 2022 » et un deuxième ajustement des prix des produits pétroliers », a constaté le CARDH. 

 

 

Dans le contexte actuel, l’institution dirigée par Gedeon Jean estime qu’il s’agit considérablement d’une « dictature » de la misère dans un pays où la majeure partie de la population n’est pas capable de satisfaire ses besoins primaires et vit sous le seuil d’une pauvreté extrême. Parallèlement, la population est assujettie à la loi des gangs. Les petits marchands, les chauffeurs, les passagers vivent au risque de se faire tuer ou d’être kidnappés au quotidien. Ils perdent leur pouvoir d’achat. De nombreuses zones sont sous le contrôle exclusif des bandits et l’inflation est en constante augmentation (plus de 30 %), suivant les informations publiées par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique. « Les prix des produits ont plus que doublé pendant une année. Or, pendant les dix dernières années, aucune politique d’emploi réelle n’a été définie, alors que la population s’accroît, la production nationale est en nette régression. Un sachet de spaghetti est passé de 35 gourdes à 75 gourdes ; une mesure [glosse] d’huile (la plus petite unité) de 30 gourdes à 60 gourdes ; une petite marmite de riz (ti doum) de 55 gourdes à 110 gourdes ; une petite marmite de maïs (ti doum) de 70 gourdes à 125 gourdes ; une petite marmite de farine de 40 gourdes à 110 gourdes », a révélé le CARDH.

 

 

En réaction à toutes ces dérives, l’institution défendant les droits humains insiste sur les conséquences de cette décision étatique qui a provoqué de grands tumultes dans les rues, dont plusieurs scènes de pillage à Port-au-Prince et dans des villes de province du pays, sans oublier les attaques violentes contre des personnalités politiques, considérées comme étant proche du pouvoir. 

 

Par conséquent, la décision du chef du gouvernement de rester ferme sur sa décision d’ajuster le prix des produits pétroliers sur le marché a davantage empiré la misère de la population haïtienne, selon le CARDH. Augmentés de plus de 100 %, les produits de consommation vont être révisés à la hausse de manière vertigineuse, le transport, la communication, etc. Les petits commerçants dont les biens sont partis en fumée auront difficilement la possibilité de reconstituer leur business . Les salaires de ceux qui travaillent seront dévalués », a-t-il assuré. 

 

 

 Pour faire face à la crise, le CARDH soutient que l’État doit prendre des mesures pour accompagner de manière durable, les couches défavorisées de la population en révisant les salaires, la mise en place de programme social et le développement du secteur agricole. Il a en outre conseillé, un redressement des finances publiques par une bonne gestion des fonds de l’État, le combat contre la contrebande, la corruption, le renforcement de l’institution policière et la moralisation du pouvoir politique.

 

 

Tout en déclarant que la population haïtienne fait face à une pauvreté sans précédent, Le CARDH affirme également que ses revendications sont justes et que les perspectives vers la réalisation des nouvelles élections dans le pays sont des causes qui seraient à la base de la dégradation actuelle.

 

Oberde Charles

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