Produits pétroliers : permanence de la rareté

Au niveau de la zone métropolitaine, rares sont les pompes à essence qui distribuent ouvertement les produits pétroliers aux consommateurs. Le commerce illicite devient leur seul recours. David Turnier, le président de l’ANADIPP (Association nationale des distributeurs de produits pétroliers ) affirme que les compagnies pétrolières ne sont pas en mesure de livrer l’essence dans les pompes. Pour sa part, Marc André Deriphonse de l’ANAPROSS ajoute que, parmi les 5 compagnies responsables de la distribution du carburant sur le marché, deux sont en rupture de stock et les trois autres fonctionnent au ralenti.

Les pompes à essence qui fonctionnent sont de plus en plus rares sur le territoire haïtien. Dans ce contexte, les consommateurs sont d’obligés d’acheter à 500 gourdes au moins le carburant et parfois le prix varie jusqu’à 750 gourdes le galon. Cette situation ne convient pas aux chauffeurs qui travaillent dans le transport public. « Ça ne me plait pas d’acheter le carburant à 500 gourdes alors qu’au niveau des pompes, cela coûte 250 gourdes le gallon. Je ne l’achèterais pas aussi cher s’il n’y avait pas un ralentissement des activités de vente au niveau des pompes. C’est avec la moto qu’on doit vivre, on n’a pas d’autre alternative pour fonctionner », a assuré Jacques. Parallèlement, Lector explique qu’il se trouve aussi dans l’obligation d’acheter le carburant à partir de la vente illicite de ces produits, malgré qu’il y eût une mesure du ministère du Commerce qui a interdit cette pratique. « Tout ceci est dû à l’irresponsabilité de l’État. Depuis presque deux mois que perdure cette crise de carburant, les autorités n’ont rien fait pour donner une réponse à la population »,affirme-t-il!


 

Par contre, d’un autre côté, le marché noir des produits pétroliers est profitable à bon nombre de personnes. Debout et avec un regard furtif à l’approche et au ralenti des véhicules, stationné un peu plus bas à l’entrée de la rue Gabart à Petion-ville, Ti Rasta, un détaillant très connu de la place raconte les risques dans ce commerce : « Malgré sa rareté sur le marché, pour trouver le carburant, nous faisons des "deal" avec les pompistes, qui nous exigent entre 200 ou 250 gourdes pour remplir un gallon jaune qui contient 5 petits gallons. Dans une journée nous pouvons gagner entre 1500-2500 gourdes comme bénéfice », a-t-il soutenu. Cependant « Ti Rasta », ne nie pas les menaces d’incendies que la conservation de ces produits peut provoquer. Par contre, il indique toutefois que c’est le chômage et qui le pousse à pratiquer ce commerce illégal. 

 

D’autre part, le président de l’Association nationale de distributeurs de produits pétroliers, M. David Turnier, qui a été joint au téléphone, a déclaré : « Nous les distributeurs, nous ne sommes pas en mesure de dire quoi que ce soit sur la rareté de l’essence sur le marché.  Lorsque nous passons nos commandes auprès des compagnies pétrolières, elles ne sont pas en mesure de nous approvisionner », a-t-il indiqué. Néanmoins, le président de l’ANAPROSS, à son tour, évoque que les compagnies pétrolières n’ont pas assez de moyens pour acheter une quantité suffisante d’essence sur le marché international. « Sur cinq compagnies, 2 sont en cours de rupture, les trois autres connaissent un fonctionnement difficile avec un faible rationnement de ces produits. » Par conséquent, M. Deriphonse estime que cette pénurie a été très prévisible depuis l’éclatement de la guerre opposant la Russie et l’Ukraine où au niveau du marché international, le prix du pétrole pourra atteindre les 150 dollars dans les six prochains mois, si rien n’est fait par les grands exportateurs. 

 

    Oberde Charles

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