Ariel Henry enfin aux commandes

À un moment où la classe politique retire son soutien à Ariel Henry, le Core Group lui demande de former un gouvernement pour prendre les rênes du pouvoir exécutif en attendant l’élection d’un nouveau président. Avant la cérémonie de passation du pouvoir prévue pour mardi 20 juillet, Ariel Henry a pris le soin de s’adresser à la nation.

Ce week-end, la société civile et les partis politiques se sont réunis tour à tour à l’hôtel Montana et à Le Villate, dans l’idée de discuter afin de trouver une solution haïtienne à la crise qui secoue le pays. Les discussions pour une solution haïtienne à la crise ne sont même pas encore terminées, le Core group, composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l'Union européenne et du représentant spécial de l’Organisation des Nations unies, a pris la décision d’écarter Claude Joseph et de placer Ariel Henry au plus haut sommet de la politique haïtienne.

Dans une note de presse en date du 17 juillet 2021, ces ambassadeurs ont demandé à Ariel Henry de former un gouvernement afin de poursuivre la mission qui lui a été confiée. C’est une décision qui ne fait pas l’unanimité, mais cela n’empêche que le Core group demande aux acteurs en présence de soutenir ces futures autorités dans leur mission de rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national, d’organiser les élections générales crédibles, libres, honnêtes et transparentes dans un bref délai. Entre temps, les initiataires de la Conférence citoyenne s’engagent à poursuivre leur recherche de solution.

Contre la volonté de tous les Haïtiens, la classe politique et la société, le Core Group décide qu’il n’y aura pas de président provisoire. Accompagné d’une équipe gouvernementale, le Premier ministre Ariel Henry, fera office de chef de l’État haïtien, le temps d’organiser les élections pour l’installation d’un nouveau président légale et légitime. Pour sa première adresse à la nation, Ariel Henry a lancé un appel solennel à l’union nationale, à la mise en commun des forces et à la coopération de tous, en vue de freiner cette course vers l’abîme, de remonter la pente, et de mettre le pays à l’abri des multiples dangers.

En outre, le nouveau Premier ministre donne l’assurance que toute la lumière sera faite sur l’assassinat du président Jovenel Moise et que les coupables et leurs commanditaires répondront de leurs actes devant la justice haïtienne, félicitant par ailleurs, le peuple haïtien qui a su tenir son sang-froid devant une tentative de coup d’État. Le Premier ministre informe qu’il a rencontré ces derniers temps des compatriotes de divers acteurs de la vie nationale, dont des acteurs politiques, de la société civile et du secteur des affaires. Des discussions qu’il a l’intention d’approfondir afin de rassembler la famille haïtienne, de transcender les divergences, les antagonismes et de contempler ensemble un avenir différent.

Dr Henry croit que c’est par le dialogue et la concertation que les Haïtiens parviendront à définir ensemble les contours des politiques à mener pendant cette période intérimaire, à faire les choix essentiels pour la transformation de la société et des conditions de vie des plus vulnérables des compatriotes. Ariel Henry qui cherche un consensus suffisant autour d’un accord politique appelle à l’altruisme des compatriotes haïtiens, pour un dépassement de soi, afin de faire face ensemble aux dangers qui menacent de mettre en péril l’existence même de la Nation.

Ariel Henry lâché par la classe politique

Il sera certainement le nouveau décideur pour la République. Pourtant, il ne jouit pas de forcement de l’appui de toute la classe politique. Des partis et structures politiques comme AAA, Veye yo, FND, Bloc démocratique, Dirpod et le Secteur démocratique et populaire ont retiré leur soutien à Ariel Henry quelques jours après avoir trouvé une entente baptisée : « Protocole d’entente nationale ». C’est déjà la fin pour ce protocole d’entente qui n’a même pas été mis en exécution. Pour cause, Ariel Henry décidé délibérément de s’écarter des termes du protocole, selon les précisions insérées dans une lettre ouverte qui lui a été adressé le 16 juillet dernier.

La classe politique reproche à Ariel Henry de ne pas laisser entrevoir aucune velléité de satisfaire les revendications populaires, à savoir, l’annulation des arrêtés et décrets liberticides et antidémocratiques, la tenue de différents procès des affaires Petrocaribe, CIRH, etc., portées dans les dix départements du pays et dans la diaspora à travers des manifestations massives de contestation. La montée exagérée de l’insécurité, les massacres perpétrés dans des quartiers populaires, les exécutions sommaires, la détention illégale de militants de l’opposition, les persécutions politiques répétées, la gestion catastrophique des affaires de l’État, le projet illégitime et illégal de doter le pays d’une nouvelle constitution sur-mesure par référendum et l’organisation frauduleuse d’élections générales dans des conditions douteuses. Toutefois, Dirpod dit appuyer l’urgence d’un gouvernement de consensus pour une saine gestion de la chose publique.

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