Il ne fait aucun doute que cette nouvelle transition est celle de tous les dangers. En raison des espoirs qu’elle suscite et des attentes de la communauté nationale et internationale. La crise actuelle est la mère de toutes les crises de la période post-dictature. Et on est unanime à reconnaître que les conséquences sont pires que ce que nous avons constaté au lendemain du tremblement de terre. Les quelques reporters qui se risquent en ville parlent d’une destruction à l’échelle atomique. Tout se passe comme si la ville avait subi l’effet d’une bombe nucléaire tactique.
C’est ce pays brisé que le nouvel Exécutif bicéphale se prépare à diriger. Point n’est besoin de vous dire la pression dont il est l’objet. De la part certes, de partis politiques espérant caser leurs militants, mais aussi et surtout des attentes légitimes à combler de millions d’Haïtiens d’ici et d’ailleurs. Les membres du Conseil et le Premier ministre Gary Conille observent jusqu’à présent une certaine tenue. Le Premier ministre a confié à une source proche du journal qu’il vient travailler en toute humilité et qu’il veut surtout éviter les solutions toutes faites. Il voit le pays en termes de « chantiers » et espère de petites victoires qui redonneront confiance aux Haïtiens. Beaucoup de ce qu’il y a à faire le sera par les nouveaux élus dans deux ans, mais la transition devra donner le ton.
Quoi qu’il en soit, ce Conseil est observé à la loupe par l’ensemble de la société civile haïtienne qui vit dans la crainte justifiée d’être une nouvelle fois déçue. Les conseillers disent comprendre l’ampleur des enjeux et jurent les grands dieux que le « chen manje chen » décrit sur les réseaux sociaux est loin du respect et du climat convivial qui règnent au plus haut niveau de l’État. Les discussions seraient équilibrées, responsables et empreintes de la gravité de l’heure. En tout cas c’est la communication officielle des responsables et nous, nous ne pouvons que le souhaiter « tout bon » pour notre pays.
Roody Edmé