Prévenir

Les citoyens ont tout le loisir de voir le déploiement des troupes policières à la capitale même si on le voit moins dans les quartiers qui en auraient le plus besoin. La présence policière a toujours eu un effet dissuasif, c’est vrai. Mais on sait que  le quadrillage de la zone métropolitaine surtout avec cet urbanisme sauvage que nous connaissons est chose malaisée. Et puis les malfrats ne vont certainement pas ainsi se livrer en se présentant à un contrôle qu’ils ont tout le loisir d’éviter.

 

Un vieux dicton bien de chez nous dit que ce n’est pas quand la chèvre est sortie qu’il faut penser à fermer la barrière.  Tous les spécialistes en question de sécurité vous diront que la prévention est le plus sûr moyen de contrer des mauvaises actions qui, si elles sont commises, font des dégâts que certainement la punition des criminels ne pourra réparer. D’où la nécessité pour un État, pour une communauté, de se doter de services de renseignements efficients capables de recueillir des informations permettant de prévenir crimes, attentat et toute autre action attentatoire à la sécurité privée et publique.

Nous entendons déjà les hurlements de certains directeurs d’opinion qui dès qu’on parle de constituer de vrais services de renseignements, sèvis siveye rapòte, crient à la  tentative de retourner à la dictature. La triste période de la dictature duvaliériste a causé des torts immenses à notre pays et aujourd’hui encore nous en payons le prix. Mais, cela ne doit pas laisser en nous des séquelles dans le mental qui nous portent à détruire tout ce qui peut permettre à un État de fonctionner et de se protéger. Si la dictature s’est servie du renseignement pour ses sombres desseins, toute démocratie pour se protéger se doit aussi d’avoir à sa disposition des services devant la protéger contre ceux qui veulent la déstabiliser afin d’immobiliser la société dans ce carrefour où nous sommes justement actuellement.

Les délinquants politiques et aussi économiques,  légion sous nos cieux, ont bien vite saisi tous les avantages qu’ils auraient à tirer de ces idées pseudo-gauchistes visant à dépouiller l’État de tous les éléments nécessaires à son fonctionnement pour le bien de la communauté. La question n’est pas de savoir si des services de renseignements ne seront pas aux mains de groupes douteux dont le seul objectif est le pouvoir pour la jouissance des privilèges. La plupart de nos institutions sont gangrenées par une conception obsolète, tribale, moyenâgeuse du pouvoir et cette mentalité traverse tout le corps social et mine même le fonctionnement des familles. Il faut travailler à  déployer et à imposer une nouvelle idée de l’exercice du pouvoir chez nous qui fait du bien public, de la sécurité privée et publique, du bien-être économique de la nation, l’objectif unique de la gouvernance. Il faudra que la société comprenne alors qu’il est dans son intérêt que la compétence soit valorisée et qu’elle interdise à la médiocrité de siéger dans des lieux où elle n’a rien à y faire et d’aller gueuler sur des ondes de médias trop laxistes. 

C’est seulement à ce moment que nos institutions et donc de vrais services de renseignements pourront fonctionner efficacement et faire obstacle aux menées des délinquants.

Nous payons les conséquences d’un ensemble de pensées perverses souvent nées d’un traumatisme persistant causé par la période dictatoriale. Notre Constitution est boiteuse à cause de cela. Il faut que nous tirions les leçons de toutes ces erreurs si nous voulons reprendre la route. Sinon nous nous  embourberons davantage à la grande satisfaction des pécheurs en eaux troubles.

 

Gary Victor

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