L’effort dans le mal

Voilà que la symbolique se mêle de la partie et ajoute aux interminables débats au Parlement une abstraction qui n’est ni d’ordre constitutionnel, ni inscrit dans l’Accord qui est, aujourd’hui, la pomme de discorde qui gèle les institutions nationales déjà fébriles et laisse l’opinion publique totalement sidérée. La séance du 28 juin qui devrait statuer sur le sort de la présidence provisoire a beaucoup erré entre « l’ordre du jour » et la proposition d’un sénateur de la République. De 17 h jusqu’à 3 h, c’est quand même un long marathon parlementaire !

Voilà que la symbolique se mêle de la partie et ajoute aux interminables débats au Parlement une abstraction qui n’est ni d’ordre constitutionnel, ni inscrit dans l’Accord qui est, aujourd’hui, la pomme de discorde qui gèle les institutions nationales déjà fébriles et laisse l’opinion publique totalement sidérée. La séance du 28 juin qui devrait statuer sur le sort de la présidence provisoire a beaucoup erré entre « l’ordre du jour » et la proposition d’un sénateur de la République. De 17 h jusqu’à 3 h, c’est quand même un long marathon parlementaire !

Du déficit des règlements intérieurs de l’Assemblée nationale, à la reconnaissance par le « groupe minoritaire » d’un pouvoir de fait qui a outrepassé son mandat, en passant par l’écharpe présidentielle qui devrait être acheminée au Parlement, les téléspectateurs se sont encore lassés de ces joutes sans fin si bien illustrées par le pupitre tombé. Le huis clos a été une « délivrance ».

Mais, voilà ! Toute la population s’est réveillée, le 29 juin, à la case départ : la présidence provisoire ne s’est pas déplacée d’un pouce du palais national. Les accusations ont épargné cette présidence et les déclarations des uns et des autres désignent désormais des parlementaires qui, durant le huis clos, auraient voulu négocier des postes de ministres et de directeurs généraux en échange de l’écharpe retenue encore, bien raide, au palais national. Cette fois-ci, ce ne sont pas les manifestants dans les environs du Parlement qui auraient empêché la tenue de la séance. Des parlementaires eux-mêmes, pour des questions d’enjeux politiques et d’éventuel contrôle du pouvoir avant les élections fixées en octobre par le nouveau CEP, ont constaté la résistance du « groupe majoritaire » et auraient filé à l’anglaise, dans le petit matin…

Quelles sont les nouvelles tractations qui seront à l’ordre du jour durant la nouvelle séance fixée pour ce vendredi 1er juillet ? On risque de tomber dans un « remake » du 28 juillet : l’interminable débat. Cela est plus que probable, car contrairement aux conclusions techniques de la Commission indépendante, la brûlante question des parlementaires mal élus peut être le point le plus important d’un ordre du jour autour du constat d’un mandat de présidence provisoire arrivé à terme suivant un accord de passation de pouvoir. Alors ?

Alors, l’errance parlementaire devrait amener à une décision responsable. Le Parlement court le risque de devenir l’institution la plus impopulaire dans la conjoncture. Lieu de l’étalage des intérêts de clans ou de partis, n’ayant ni l’habitude ni l’expérience des moments décisifs de l’histoire d’un peuple à bout de souffle, proposant des solutions et faisant des propositions qui ne cachent pas des « liaisons dangereuses » entre des forces nationales et des impositions internationales, le Parlement court le risque de ne plus être, pour l’opinion publique, une institution démocratique. On peut craindre une attitude à l’emporte-pièce de l’Exécutif, vu l’histoire du parlementarisme en Haïti face à nos autoritarismes séculaires. Il faut se rendre à l’évidence de l’inadaptation de l’idéal démocratique face aux structures sociales, économiques et mentales prédominantes actuellement au pays.

À qui profitent ces séances avortées ? Dans ce contexte de violence armée et d’alliances contre nature, « L’effort dans le mal » deviendra la norme et la population aura, après trente-six ans, expérimenté le moment le plus difficile de toute son histoire. Si on relisait le livre de Marie Chauvet : « La danse sur le volcan » ?

Pierre Clitandre                  

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES