House of beer a reçu ce samedi 17 août l’un des événements artistiques les plus prometteurs. Le festival artistique Q4rts a regroupé des artistes visuels et a su créer une synergie entre son public et ses artistes.
Ce samedi 17 aout, à House of Beer, Expo 17.O qui est une plateforme qui promeut l’art des nouvelles générations dans le monde artistique Haïtien, a organisé la deuxième édition du festival d’art Q4arts. Le public était au rendez-vous pour découvrir plus d’une vingtaine de jeunes artistes de différentes disciplines. Peinture, exposition en réalité virtuelle, performance de graffiti, body painting ont su attirer une communauté engagée.
Cette deuxième édition dont le but est de déclencher un foisonnement entre les adeptes de l’art et de la technologie, a posé les bases de réels questionnements concernant l’élitisme qui se manifeste dans l’art Haïtien. S’il s’agit d’un milieu riche, il reste difficile pour les jeunes artistes de s’y imposer et surtout de vendre leurs œuvres. Or il existe une nouvelle génération dont les propositions artistiques ne manquent pas. S’il existe des noms qui se passent de présentation dans l’art contemporain Haïtien comme Maksaens Denis, Mario Benjamin, Tessa Mars, Jean Hérard Celeur, Gyodo, Phillipe Dodard, ou encore le jeune Schneider Hilaire, nous ne pouvons pas dire que les jeunes leur emboitent le pas sans aucunes difficultés. Il y a cette cassure générationnelle due au manque d’espace d’expositions, de vulgarisation des ténors de l’art contemporain et une quasi absence de marché de l’art Haïtien. Le contexte socio-politique a également un impact majeur sur ces facteurs et notamment sur l’évolution des nouvelles générations d’artistes.
Le Festival qui n’est pas à son premier essai, s’est proposé de créer cette manifestation artistique durant laquelle plusieurs peintres, dessinateurs, graffiteurs prometteurs qui évoluent pour la plupart sur les réseaux sociaux, ont pu se retrouver sous le feu des projecteurs. Avec différents styles, médium et courants artistiques, passant de l’art abstrait, au surréalisme ou au cubisme, des artistes comme Oska Voltaire, Nephertary ou Pye Sitwonèl ont proposé des œuvres vibrantes aux lignes franches. D’autres comme Ti Atis et Kedler St Hilaire ont une maitrise de la couleur bien visible, ou encore Wendel Jeune qui impressionne avec ces étonnantes représentations réalistes de l’histoire d’Haïti. L’art digital n’était pas en reste avec des artistes come Stormish, Layika, Trez Vital et notamment Véridique Art, qui ont présenté un ensemble d’œuvres virtuelles riches en couleurs réunies en gallérie aux côtés d’éminents artistes comme Phillipe Dodard et Eddy Pierre (Lòt koulè).
Deux jeunes femmes ont également marqué l’activité avec leur présence : Vicky.Onélien et Dashk, graffiteuses qui ont réalisé des performances autant uniques que riches en couleurs. Vicky.Onélien qui est également photographe a parlé du rêve à travers son œuvre et de la possibilité de percevoir l’avenir sous un jour meilleur. Dash-K, aussi peintre et étudiante en histoire de l’art a choqué à travers sa proposition. Vêtue d’une robe noire et de talons hauts, elle a réalisé un nue féminin titré autoportrait dans lequel elle exprime la vulnérabilité de la femme et invite à une réappropriation du corps féminin par les femmes. Elle parle aussi de la place des femmes dans des milieux dit masculins et notamment dans le graffiti où elle et Vicky. O sont les seules femmes.
Le succès de cette activité est notamment dû à la présence d’un artiste comme Eddy Pierre, cité plus haut, connu sur la scène internationale. Avec Phillipe Dodard, il a été honoré par les organisateurs du festival pour le dévouement à la culture Haïtienne et leur rayonnement internationale. Dans ce type d’activité où beaucoup viennent pour découvrir, il était primordial que le maitre mot soit « l’échange ». Autant entre les artistes entre eux qu’avec les artistes et les amateurs d’art. Cet échange s’est notamment manifesté à travers les séances de « body painting » réalisées par Véridique Art et d’autres artistes à l’intention du public. Parce que l’échange était au rendez-vous, ce foisonnement entre différentes pratiques de l’art visuel a été un pari gagné pour l’équipe d’Expo 17.0.
Dashka-Rheyna Charlemagne
Historienne de l’art en formation Peintre, écrivain, graffiteuse.