La Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC) ou le défi de la numérisation

L'avenue Christophe de Port-au-Prince est, à notre connaissance, la seule rue de cette ville à abriter au moins cinq bibliothèques publiques: il s’agit des bibliothèques de l'INAGHEI (Institut National d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales), de l’IERAH (Institut d'Etudes et de Recherches Africaines d’Haïti), de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), de la Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL) et celle du Centre Monseigneur Serge-Joseph Miot de la Pastorale universitaire de l’Archidiocèse de Port-au-Prince[1]. C'est une très forte et rare  concentration, dans un pays où la Res biblioteca connait les limitations et  problèmes que l'on sait. La rue  du Centre, pour sa part, bloc compris entre la rue Paul VI et la rue Pavée a cette heureuse particularité de localiser, presque face à face, deux des plus grandes et des plus importantes bibliothèques du pays. Il s'agit de la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH) et de la bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC), avec tout près dans la même rue du Centre, le local du journal Le Nouvelliste. En effet, les collections de journaux constituent une source précieuse de documentation.  Ce, pour le plus grand plaisir des chercheurs et des bibliophiles qui n' ont qu' à traverser la rue du Centre  pour se rendre de l'une à l'autre de ces foyers du savoir au cours de la même journée. Un plaisir que je ne manquais pas de savourer quand le Centre-ville de Port-au-Prince n’était pas encore pris en tenailles par les groupes armés. Le sigle FIC (Frères de l'Instruction Chrétienne) est très connu de tous les Haïtiens ayant réalisé leur scolarité d'études primaires, fondamentales ou secondaires en Haïti. Qui d'entre nous en effet n'avait pas étudié dans les ouvrages écrits ou édités par les Frères de cette congrégation?  Qui d'entre nous peut déjà oublier le fameux Manuel d’Histoire d’Haïti de J.C. Dorsainvil, le Manuel d'Hygiène du docteur Ary Bordes[2] ou encore le livre de géographie en grand format, cours élémentaire et moyen avec les illustrations et dessins de l’artiste Georges Remponneau? De plus, les Frères, comme certaines familles haïtiennes les appellent affectueusement, ne sont pas seulement présents à Port-au-Prince. Ils ont des extensions dans les principales villes des différents départements géographiques du pays. Dans un sens ou dans l'autre, les Frères de l'Instruction Chrétienne (FIC) ont fortement marqué le système éducatif haïtien ainsi que la formation des élites haïtiennes d’une certaine période et des  écoliers haïtiens. Ce, jusqu'à une période récente dont fait foi d'ailleurs la célèbre lettre ouverte écrite par l'historien-docteur Georges Michel[3] à Monsieur Lucien Montas du Nouvelliste à propos de la Réforme éducative en Haïti. Mais, c'est déjà toute une autre histoire....Immédiatement après la signature du Concordat du 28 mars 1860 entre la République d'Haïti et le  Saint-Siège suite à près d’un demi-siècle de négociations sur le futur statut institutionnel de l’Église catholique en Haïti, la Congrégation des Frères de l’Instruction Chrétienne (FIC)  arriva au pays en 1862. Elle fut la première, avec celle des Pères  du Saint-Esprit, les Spiritains, bien entendu, à venir prendre en charge l'éducation en Haïti dans le cadre d’un arrangement  spécial constituant la preuve évidente de l'incapacité de l’État haïtien à assurer lui-même le formatage de ses futures élites. À noter que selon le R. P Hans Alexandre[4], Professeur d'Histoire ecclésiastique, la signature d'un Concordat est, dans la très longue tradition diplomatique du Saint-Siège, toujours une initiative des parties contractantes en vue de régulariser une situation « douloureuse » et « anormale » entre l'Église catholique et un État souverain. Les Concordats sont généralement des œuvres découlant de circonstances historiques particulières. Ce ne sont pas des accords définitifs. Avec l'évolution du temps, ils peuvent être reconsidérés avec bien entendu l'accord préalable et obligatoire des deux parties contractantes, à savoir l’État signataire et le Saint-Siège. Est-ce actuellement le cas avec l'évolution substantielle du fait religieux en Haïti pendant ces cinquante dernières années et les nouvelles orientations de l’État haïtien dans le cadre de la Constitution du 29 mars 1987 ? Là encore, c'est une autre histoire, un champ d'études autant fertile que difficile relevant des spécialistes des rapports entre Religion et État en Haïti, champ thématique que travaillent avec ardeur des chercheurs comme les Professeurs Laennec Hurbon et Lewis Ampidu Clorméus[5]. Parallèlement à leurs œuvres d'enseignement, les Frères de l'Instruction Chrétienne (FIC), en accord avec l’amicale des élèves de cette institution, établirent la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC) au cours de l'année 1912 selon le site d'Haïti-Référence[6]. Actuellement, cette bibliothèque est plus que centenaire et représente la seconde bibliothèque du pays en  termes d'ancienneté  après celle des Pères du Saint-Esprit de Saint-Martial, elle-même fondée en 1873 selon M. Patrick D. Tardieu, conservateur de cette institution. Dès sa constitution, comme cela est stipulé dans sa dénomination, les responsables de  cette bibliothèque ont mis sur pied un vaste programme de collecte et d'acquisition de documents haïtiens, de collections de journaux du XIXe siècle, de documents administratifs de valeur, de textes de lois et d'ouvrages disponibles.  Pour l’historien Gabriel Debien, « grand spécialiste des questions coloniales » selon notre très regretté Professeur d’Histoire M. Pierre-Marie Victor du Lycée Toussaint Louverture, la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'instruction Chrétienne (BHFIC) est la bibliothèque par excellence du XIXe siècle haïtien. Ses collections font autorité dans le monde de la recherche académique spécialisée et des chercheurs. La production des historiens et chercheurs comme Gabriel Debien lui-même, Roger Gaillard, Jean Fouchard, Alain Turnier, Georges Corvington, Gérard Mentor Laurent, Leslie François Manigat, Dr. Ary Bordes, Dr. Georges Michel, Michel Soukar, Michel Hector, Watson Denis, Marc Désir, Lewis Ampidu Clorméus, Laennec Hurbon, Jean-Alix René, Hénock Trouillot et tant d’autres, en fait foi. Le géographe Paul Moral avait indiqué comment il avait utilisé ce fonds documentaire pour la rédaction de son ouvrage  « Le paysan haïtien » face aux déficiences des Archives nationales d'Haïti (ANH) concernant la période allant de 1806 à 1825 au moment de la réalisation de sa thèse doctorale au cours  de la conjoncture des années 1950[7].  On ne saura jamais combien  ce fonds documentaire a servi les chercheurs tant haïtiens qu’étrangers pour la rédaction de leurs ouvrages de grande portée et nos étudiants pour leurs travaux universitaires. Il s'agit d'une richesse inestimable, d'un patrimoine culturel qu’il faudrait protéger par un support financier substantiel des secteurs privés et publics et une sérieuse politique de préservation et de conservation. D'ailleurs le premier répertoire de cette bibliothèque, dressé par le Frère Lucien Jean en 1958 et repéré par Léon-François Hoffmann en 1992, donnait déjà une première idée de la richesse du fonds[8]. Selon la publication en ligne AlterPresse, les ressources de cette bibliothèque sont immenses. « Son fonds documentaire renferme un éventail d’ouvrages, liés à l’histoire du peuple haïtien, sa culture, sa législation, mais aussi sa géographie, sa flore, son histoire religieuse, son éducation et sa médecine. De nombreuses collections de journaux des 19e, 20e et 21e siècles peuvent aussi y être consultées. Une centaine de volumes traitant de l’occupation espagnole d’Ayiti (1492 – 1697), cent quatre-vingt-huit (188) autres livres racontant les aventures des flibustiers et la longue histoire de Saint-Domingue, y sont stockés. Plus de 200 œuvres de fiction et littéraires, une demi-douzaine de collections incomplètes de revues rares du début du 20e siècle, comme La Ronde (1898 – 1902) et Haïti Littéraire (1905 - 1912) figurent aussi à la BHFIC. Plus de 120 essais, monographies, des lois et Constitutions des colonies françaises en 6 volumes par Moreau de St Méry, le recueil de vues des lieux principaux de St-Domingue (1791) peuvent aussi être consultés. 430 écrits touchant l’esclavage en Haïti jusqu’à l’indépendance, des essais et monographies consacrés aux gouvernements de Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et Alexandre Pétion (principaux héros des guerres de l’Indépendance), et environ 200 rapports officiels, analyses, pamphlets, récits de témoins oculaires décrivant l’occupation américaine d’Haïti de 1915 à 1934, composent également le patrimoine documentaire de la BHFIC »[9].Le documentaliste Wilfrid Fombrun avait pu effectuer un répertoire thématique des collections de journaux de ce fonds documentaire et en tiré des extraits du début du XIXe siècle. Il en avait tiré un ouvrage. À l'occasion de la présentation de cet ouvrage en mai 2015, le Professeur et homme politique Victor Benoit avait prononcé une conférence dans les locaux de l'Institution Saint-Louis-de-Gonzague attenante à la bibliothèque. Le Professeur Benoit avait alors souligné l'importance de cette bibliothèque pour la recherche scientifique en Haïti par la valeur de ses collections de journaux et de ses ressources. Il nous a fait part de son expérience de chercheur en histoire au sein de ce centre documentaire. Par la même occasion, le  Professeur Benoit avait fait savoir  qu'il y a des collections de journaux au sein de cette fameuse bibliothèque qui sont en grand danger de détérioration et même de disparition. On ne peut même pas les  déplacer et les utiliser sous risque de leur  effritement[10]. Tel est le cas pour les collections comme le Télégraphe, le Temps, l'Abeille Haytienne, le Constitutionnel, La Feuille du Commerce, etc...Ces collections de journaux et d'autres ressources de la bibliothèque en appellent donc, selon le Professeur Victor Benoit,  à une action d'urgence de numérisation. Il n'y a pas d’autres solutions. Cinq années après sa formulation, la proposition du Professeur d'histoire Victor Benoit est toujours d'actualité. Vu l'importance des ressources documentaires de cette bibliothèque, vu les services que cette entité rend à la communauté scientifique haïtienne et mondiale, nous pensons que cette numérisation devrait être soutenue par nos mécènes. Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le Professeur et chercheur Lewis Ampidu Clorméus, avec quelques volontaires, avait mis sur pied tout un programme pour identifier et sauver des collections et des bibliothèques haïtiennes en danger. Dans  la même foulée, le Professeur  Lewis A. Clorméus avait initié un ensemble de démarches auprès de la British Library qui avait un programme spécial en vue de sauver les documents d'archives en danger dans le monde. Le Professeur Lewis avait beaucoup œuvré pour que le cas d’Haïti soit intégré dans le programme[11]. Ce programme s'appelait « Endangered Archives Program ». Selon la note du British Library, le projet visait alors à « préserver la part la plus importante de  la  collection des journaux du XIXe siècle haïtien dans le monde qui est détenue par la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l’Instruction Chrétienne (BHFIC) à Port-au-Prince. Il assistera le staff technique de la bibliothèque pour le catalogage et la numérisation de journaux édités entre 1813 et 1913  parce qu'à cause de leur fragilité, ces journaux étaient pratiquement inutilisables »[12]. Parmi ces journaux, nous retrouvons, toujours d'après la même source documentaire, Le Télégraphe (1813-43), La Feuille de Commerce, (1827-60) et Le Moniteur Haïtien (1845-72). Plus de dix mille de pages de ces journaux ont pu être numérisées dans le cadre du programme et disponibles sur internet. Quelle est la situation actuelle de la numérisation? D'après les responsables de la bibliothèque, le processus a été entamé et ces collections peuvent être consultées en ligne. Cependant, d'autres fonds de la bibliothèque exigent la numérisation qui devrait, d'après nous, se poursuivre. Il s'agit d'un véritable défi  pour ce centre documentaire  contenant la mémoire de notre long XIXe siècle. Le Professeur Watson Denis me parlait toujours de la richesse et de l'élévation des débats  dans la presse de la seconde moitié de ce siècle, de ce « long dix-neuvième siècle » selon les Professeurs Jean Casimir et Michel Hector.  Pour le Professeur Lewis Ampidu Clorméus, la production intellectuelle de cette période est « à peine explorée au niveau des recherches de l'historiographe haïtienne »[13]. D'ailleurs, les lectures des collections de journaux comme l'Opinion Nationale de Demesvar Delorme, Le Messager du Nord d'Anténor Firmin, ou encore de la collection de la Revue de la Société Haïtienne de Législation, peuvent éloquemment en témoigner. D'autres collections comme La Morale publique de Charles de Delva ou Le Petit impartial de Pierre Frédérique sont de grande importance. Leur lecture pourrait enlever bien des zones d'ombre de notre histoire de peuple. Il faut rechercher des ressources afin de continuer avec le processus de numérisation de l’ensemble des collections de la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC) et permettre la consultation sur internet. C'est une cause nationale[14].  

Jérôme Paul Eddy Lacoste

Responsable académique de la Faculté des Sciences Humaines

Université d’État d’Haïti

Mai 2024

babuzi2001@yahoo.fr

NOTES

[1] La Pastorale universitaire de l’Archidiocèse de Port-au-Prince est un service de l’Église catholique à la jeunesse universitaire.  Des personnalités  comme  Monseigneur  Serge-Joseph Miot et le Révérend-Père André Siohan de la Congrégation de Saint-Jacques Saint-Viateurs ont joué un rôle de premier plan dans la mise en place de cette structure. C’est l’occasion pour moi d’apprécier publiquement l’action courageuse du Révérend-Père André Siohan (Pè André)  lors du séisme destructeur du 12 janvier 2020 dans le quartier de Turgeau. Avant cela, lors des ravages du cyclone Jeanne à Gonaïves, au cours de l’année 2003, la Pastorale universitaire a été l’une des premières organisations à apporter de l’aide aux victimes dans un partenariat avec la Faculté des Sciences Humaines. Sous le patronage de Monseigneur  Serge-Joseph Miot et en collaboration avec le Révérend-Père Miguel Jean-Baptiste du Foyer Maurice A. Sixto, la Pastorale Universitaire avait conduit des actions en faveur des enfants en domesticité de la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’auteur du présent article avait organisé des cours d’espagnol pour les jeunes de la pastorale. Ici, nous devons rappeler les actions des étudiants Billy Jacotin et de Leroy Yourkens du Département de Travail Social de la Faculté des Sciences Humaines. Ce dernier, un jeune bourré de talents et étudiant finissant en Travail Social, a été tué par balles en plein jour, à Delmas, en revenant de son stage à l’Organisation Internationale de la Migration (OIM). Un véritable drame qui avait profondément traumatisé la communauté de la Faculté des Sciences Humaines et la famille de Leroy Yourkens. Actuellement, la Pastorale universitaire est dirigée par le Révérend-Père Frantzy Petit-Homme.

2 Le Docteur Ary Bordes est l’une de ces personnalités réservées qui avaient choisi de servir leur pays, dans le silence de l’action. Ministre de la Santé, il avait introduit la division d’hygiène familiale dans les structures du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et contribué à la sensibilisation  de la population  par la publication d’une revue du Ministère,  Haïti-Santé et, surtout l’émission Tele-Doktè en langue créole sur les écrans de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH)  avec les apports de Fanny (Monique Souvenir), de Ti-Djo  et de Konpè  Champa. Le Docteur Ary Bordes, grand serviteur de l’État et de la population haïtienne a été assassiné sur la route de Nazon, au sein d’un embouteillage, un triste  jour du 6 mai 2000. 

3 Georges Michel (1989). Lettre ouverte à Monsieur Lucien Montas à propos de la Réforme éducative. Ed. Fardin. Port-au-Prince.

4 Edris St. Juste. « Haïti le Vatican célèbrent 160 ans de relations »  Publié le 2020-03-30 | lenouvelliste.com  Selon le R.P. Hans Alexandre, interviewé dans le cadre de cet article,  « En général, les Concordats ont pour but de rétablir la paix spirituelle et l’ordre hiérarchique, de restaurer ou de réorganiser le culte en délimitant les frontières entre l’État et l’Église. C’est souvent le fruit d’un enfantement qui comporte certaines douleurs: « Historia Concordatorum, historia dolorum Ecclesiae». Toujours d’après le R.P. Hans Alexandre, « Les autorités ecclésiastiques analysent toujours d’autres voies et moyens avant d’en arriver là. Dans le cas d’Haïti, c’est l’État qui réclamait en premier et avec insistance un Concordat ». Nous recommandons vivement la lecture de ce très instructif article à ceux qui veulent s'informer sur  la nature des rapports actuels  entre L'Église catholique et l'État haïtien.

5 Nous souhaiterions vivement avoir les lumières  des Professeurs Laennec Hurbon et Lewis Ampidu Clorméus sur cette délicate question.  

6www.haiti-reference. Consulté le 12 mai 2021.

7 Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en  Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose.  Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29.

8Lucien Jean, i.e., Frère, Catalogue de la bibliothèque haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne, polycopié, Port-au-Prince, 1958, 534 p. Source  Léon François Hoffmann.

9Emmanuel Marino Bruno. « Haïti-Patrimoine : La bibliothèque haïtienne des Fic fonctionne timidement après le cambriolage du 24 novembre ». AlterPresse jeudi 6 décembre 2012

10 La publication en ligne AlterPresse nous apprend que cette bibliothèque, véritable Patrimoine national, a été cambriolée dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 novembre 2012.

11 Entretien avec le Professeur  Lewis  Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021 dans la salle des Professeurs de la Faculté d'Ethnologie.

12 www.eap.britishibrary/Endangeredarchivesprogram

13Ibid.

14L'expression est du Professeur Marc Exavier, pèlerin  infatigable de la cause de la lecture et des bibliothèques dans notre pays.


[1] La Pastorale universitaire de l’Archidiocèse de Port-au-Prince est un service de l’Eglise catholique à la jeunesse universitaire.  Des personnalités  comme  Monseigneur  Serge-Joseph Miot et le Révérend-Père André Siohan de la Congrégation de Saint-Jacques Saint-Viateurs ont joué un rôle de premier plan dans la mise en place de cette structure. C’est l’occasion pour moi d’apprécier publiquement l’action courageuse du Révérend-Père André Siohan (Pè André)  lors du séisme destructeur du 12 janvier 2020 dans le quartier de Turgeau. Avant cela, lors des ravages du cyclone Jeanne à Gonaïves, au cours de l’année 2003, la Pastorale universitaire a été l’une des premières organisations à apporter de l’aide aux victimes dans un partenariat avec la Faculté des Sciences Humaines. Sous le patronage de Monseigneur  Serge-Joseph Miot et en collaboration avec le Révérend-Père Miguel Jean-Baptiste du Foyer Maurice A. Sixto, la Pastorale Universitaire avait conduit des actions en faveur des enfants en domesticité de la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’auteur du présent article avait organisé des cours d’espagnol pour les jeunes de la pastorale. Ici, nous devons rappeler les actions des étudiants Billy Jacotin et de Leroy Yourkens du Département de Travail Social de la Faculté des Sciences Humaines. Ce dernier, un jeune bourré de talents et étudiant finissant en Travail Social, a été tué par balles en plein jour, à Delmas, en revenant de son stage à l’Organisation Internationale de la Migration (OIM). Un véritable drame qui avait profondément traumatisé la communauté de la Faculté des Sciences Humaines et la famille de Leroy Yourkens. Actuellement, la Pastorale universitaire est dirigée par le Révérend-Père Frantzy Petit-Homme.

[2] Le Docteur Ary Bordes est l’une de ces personnalités réservées qui avaient choisi de servir leur pays, dans le silence de l’action. Ministre de la Santé, il avait introduit la division d’hygiène familiale dans les structures du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et contribué à la sensibilisation  de la population  par la publication d’une revue du Ministère,  Haïti-Santé et, surtout l’émission Tele-Doktè en langue créole sur les écrans de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH)  avec les apports de Fanny (Monique Souvenir), de Ti-Djo  et de Konpè  Champa. Le Docteur Ary Bordes, grand serviteur de l’Etat et de la population haïtienne a été assassiné sur la route de Nazon, au sein d’un embouteillage, un triste  jour du 6 mai 2000. 

[3] Georges Michel (1989). Lettre ouverte à Monsieur Lucien Montas à propos de la Réforme éducative. Ed. Fardin. Port-au-Prince.

[4] Edris St. Juste. « Haïti le Vatican célèbrent 160 ans de relations »  Publié le 2020-03-30 | lenouvelliste.com  Selon le R.P. Hans Alexandre, interviewé dans le cadre de cet article,  « En général, les Concordats ont pour but de rétablir la paix spirituelle et l’ordre hiérarchique, de restaurer ou de réorganiser le culte en délimitant les frontières entre l’État et l’Église. C’est souvent le fruit d’un enfantement qui comporte certaines douleurs: « Historia Concordatorum, historia dolorum Ecclesiae». Toujours d’après le R.P. Hans Alexandre, « Les autorités ecclésiastiques analysent toujours d’autres voies et moyens avant d’en arriver là. Dans le cas d’Haïti, c’est l’État qui réclamait en premier et avec insistance un Concordat ». Nous recommandons vivement la lecture de ce très instructif article à ceux qui veulent s'informer sur  la nature des rapports actuels  entre L'Eglise catholique et l'Etat haïtien.

[5] Nous souhaiterions vivement avoir les lumières  des Professeurs Laennec Hurbon et Lewis Ampidu Clorméus sur cette délicate question.  

[6] www.haiti-reference. Consulté le 12 mai 2021.

[7] Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en  Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose.  Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29.

[8] Lucien Jean, i.e., Frère, Catalogue de la bibliothèque haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne, polycopié, Port-au-Prince, 1958, 534 p. Source  Léon François Hoffmann.

[9] Emmanuel Marino Bruno. « Haïti-Patrimoine : La bibliothèque haïtienne des Fic fonctionne timidement après le cambriolage du 24 novembre ». AlterPresse jeudi 6 décembre 2012

[10] La publication en ligne AlterPresse nous apprend que cette bibliothèque, véritable Patrimoine national, a été cambriolée dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 novembre 2012.

[11] Entretien avec le Professeur  Lewis  Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021 dans la salle des Professeurs de la Faculté d'Ethnologie.

[13] Ibid.

[14] L'expression est du Professeur Marc Exavier, pèlerin  infatigable de la cause de la lecture et des bibliothèques dans notre pays.

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES