Quand LADIREP parle de la situation sociopolitique et sécuritaire d’Haïti

Le lundi 8 avril 2024, Le Laboratoire LAngages DIscours REPrésentation (LADIREP), a organisé un webinaire spécial sur la situation sociopolitique et sécuritaire d’Haïti. C'est sous le thème « Haïti : d'une formation sociale en mutation à l'effondrement du système politique » que s’est déroulé cet échange fructueux entre différents panélistes.

« Dans cette conjoncture particulière, le laboratoire LADIREP se propose d'organiser une série de panels de discussions offrant un cadre de réflexions profondes et structurelles qui permettait aux acteurs-citoyens de créer du sens et de mettre des mots sur ce qu’on est en train de vivre ». « Haïti : d'une formation sociale en mutation à l’effondrement du système politique », c'est le thème générique de cette grande première.

Conçue par LADIREP, unité de recherche de l'Université d'État d’Haïti (UEH), cette réunion zoom  a réuni tout un ensemble de spécialistes des différents champs d'études en sciences humaines et sociales, citons : Prof./Dr Jean Waddimir Gustinvil, philosophe (ENS/UEH), Prof. Venise Dubique Guiteau, spécialiste de science politique (IERAH/UEH), Prof./Dr Edelyn Dorismond, philosophe (CHCL/UEH), prof./Dr. Jhon Picard Byron, ethnologue et politiste (FE/UEH), et les deux modérateurs : Marie Claire Christine Reid (Doctorante, LADIREP/UEH & CELAT/ULAVAL) et Prof./Dr. Lukinson Jean, sociologue(CHCL/UEH).

En vue d'analyser la conjoncture du pays et d’aider les haïtiens/haïtiennes à mieux comprendre la situation actuelle du pays, les chercheurs de l'UEH, en particulier de LADIREP, organisent un débat roulant, mobilisant différents types de savoirs scientifiques permettant de saisir à tous les niveaux cette dynamique.

« Deux décennies après 2004, en mars 2024, la chute du pouvoir de facto d'Ariel Henry (Chef de gouvernement et Chef d’État) ne permet ni de mettre fin au chaos rampant qui a suivi l’assassinat du Président Jovenel Moïse ni de sortir de l'impasse politique. En ce sens, la décapitation de l'État est un fait patent. Son effondrement total ne tient qu’à un fil. Il est plus qu’évident que la survie éventuelle de l’État haïtien ne saurait être envisagée sans l’appui de forces étrangères », a mentionné, l'équipe du directoire de LADIREP.

En premier lieu, selon le philosophe Waddimir Gustinvil, il semble que nous sommes pris dans une situation politique du déjà vu, une sorte de répétition de mauvaise pratique politique s’inscrire dans une allure, qui ressemble à des scènes d'Hollywood où nous sommes en face d'un mauvais film qui manque de créativité.

« Nous sommes à l'intérieur d’une société haïtienne qui serait en mal de créativité en matière politique : ce que j'appelle l'effondrement d'une intelligence politique partagée que la société devrait canaliser, mais ne savent pas pourquoi cette intelligence est mis à l'échec », insiste-t-il.

Il a poursuivi, en disant que, « toute communauté politique est une communauté divisée, pour cela, là où il y a des hommes et femmes intelligents, ceux qu'ils font : ils tentent d'organiser cette division pour que cela ne mettent pas fin à la société. En l'occurrence, aucun groupe politique ne peut prétendre résoudre un conflit sans mettre en danger la société politique », a-t-il indiqué.

De son côté, le philosophe Edelyn Dorismond croit qu'en toute quiétude, ce pays a pris naissance dans un contexte anthropologique et sociologique de division. En effet, cela a fait de lui une communauté d'intérêts et non une communauté de destin.

« C’est toujours quelqu’un qui profite la présence de tous les autres, jamais le bien-être de toute la communauté. Donc, en regardant l'histoire, on ne peut pas voir aucune ligne directrice, sinon la configuration d'une société de dislocation et d'exploitation. Tout ceci donne le résultat d'une “ soyete kraze “, avance le doyen de la Faculté de Lettres et Sciences humaines du Campus Roi Henri Christophe de Limonade (CHCL/UEH).

Pour la professeure Venise Dubique Guiteau, les opérations de divisions, de destructions et de crises que subit la société haïtienne après l’indépendance, en 1804, et surtout deux (2) ans après, comme le désaccord des élites sont le projet d'une société unique, et la séparation du pays en trois systèmes politiques des luttes de pouvoir constantes, de mouvements sociaux, des massacres et des fuites des cerveaux organisé, de substitution d'un système politique à un hôtel d'un empire de monarchie politique de  démocratie.

« Les mouvements de contestations bidon, les groupes armés et les pétrochalengers ont expliqué la pérennisation du système politique. Et ce système-là n'est pas en mesure de répondre aux revendications des mouvements sociaux », ajoute-t-elle.

De l'autre côté, l’ethnologue et politiste Jhon Picard Byron, a centré son intervention sur l'effondrement du système politique en citant, Sauveur Pierre Étienne dans son texte « L’énigme haïtienne. L’échec de l'État moderne en Haïti », dans lequel l’auteur indiquait qu’il n'y a pas eu de consensus politique dans ce pays à la veille de l'occupation américaine, marquant ainsi un des premiers cas d’effondrement de l'État haïtien au XXe siècle.

« Jusqu’à présent, on est toujours dans une situation où la nation haïtienne comme telle n'existe pas, et cela constitue une légitimité qui ne fonctionne pas. De plus, il n'y a pas de continuité d’où l'État est décapité», a fait savoir le professeur Byron.

En tout cas, pour lui, face à cette situation qui dépasse les acteurs et même la classe politique, il faut que les débats au sein des universités s'orientent vers les causes profondes pour ensuite vont au-delà des problèmes et des blocages, conclut-il.

Sur ce, nous vous invite à regarder la vidéo-conférence du débat très animé entre les panelistes du webinaire sur le Chanel YouTube et le site de LADIREP : http://ladirep.ueh.edu.ht/webinaire-special-du-laboratoire-ladirep-sur-la-situation-sociopolitique-et-securitaire.

 

Frantzley Valbrun

valfrantz@yahoo.com

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