Résidence Vers le Sud : un après-midi de restitution à l’IFH

L’Association Vers le Sud a procédé officiellement à la restitution des œuvres des artistes ayant participé à la toute dernière édition de résidence artistique qui s’est tenue dans le Sud du pays du 18 novembre au 18 décembre 2023. Les œuvres du photographe Jean Joseph Merlin Sidney et de l’artiste Youseline Vital ont été exposées sur la cour de l’Institut français en Haïti dans l’après-midi du 30 janvier 2024 devant un public nombreux à la recherche de bonheur et de sensations inouïes.

Dans un silence feutré et au milieu des chuchotements et des rires qui fusaient de temps en temps, l’atmosphère était empreinte de convivialité. Les amateurs de l’art et les journalistes culturels étaient présents. Les photographes, aussi. Ils étaient là pour immortaliser l’instant .Jean Billy Mondésir, l’heureux auteur du captivant récit : « Il fallait venir un soir » mention spéciale du jury du Prix littéraire Henri Deschamps en 2016, expliquait au journal Le National que les Résidences Vers le Sud entendent investir depuis sa création dans l’utopie de nos créateurs et nos créatrices. «  L’un des projets clés des Résidences Vers le Sud pour l’éducation et la culture est de permettre à des artistes haïtiens qui ont des projets de se déconnecter de leur quotidien pour réaliser des projets de création qu’ils avaient à cœur. Nous leur offrons une résidence dans le Sud du pays plus précisément à Camp Perrin. Ils reçoivent une indemnité de résidence, un logement et ils encadrent des artistes en herbe dans la commune de Camp Perrin. Nous avons lancé ce projet en 2022 ,avec un écrivain Luis Bernard Henry et un peintre Clifford Jérôme. Et en 2023, en plus d’un écrivain Adelyne Bonhomme de «  L’éternité des cathédrales”, le photographe Jean Joseph Merlin Sidney et la peintre Youseline Vital avaient pris part à cette résidence artistique. Ils ont séjourné un mois à Camp Perrin du 18 novembre au 18 décembre 2023. Et voilà qu’aujourd’hui, l’IFH, l’un de nos partenaires accueille cette restitution qui présente les œuvres de nos créateurs. »

 

Entre abstraction et réalisme, les œuvres exposées montrent le vrai visage du pays

 

Les œuvres photographiques de Jean Joseph Merlin Sidney et les tableaux de Youseline Vital oscillent entre réalisme et abstraction. Le photographe, agronome de formation, a présenté une quinzaine de photos qui saisissent le quotidien des agriculteurs et des marchands .Des clichés pleins de vivacité et de réalisme décrivent sans forcer les traits des marchands vendant leurs produits de leurs champs au marché et leur calvaire dans le transport commun en Haïti. Ces photos interpellent le regard dès le premier coup d’œil. Elles focalisent l’intérêt sur cette catégorie de personnes souvent oubliées, mais qui participent malgré tout à l’économie nationale. La représentation des petits métiers et de la vie quotidienne dans les campagnes sont fortes dans son œuvre. Les mystères et le symbolisme inhérents à ces personnes photographiées, leur environnement offrent une évasion, que ce soit dans le monde réel ou à travers l’objectif. Jean Joseph  Merlin Sidney aime interagir avec la nature, immortalisant des instants précis avec diverses techniques : jeux d’ombres et de lumière, contrastes entre clarté et obscurité, dynamisme, flous intentionnels, zooms rapides ou encore des cadrages audacieux. Ces techniques reflètent et symbolisent.

Youseline Vital, de son côté peint des visages au gré de son imagination. Ce ne sont pas des visages familiers, mais le regardeur peut facilement les identifier, car ils portent toutes les douleurs et les désespoirs du monde. Ces trois tableaux dont : « Vrai ou faux » sont très significatifs. Ces visages masquent trop de violence, de lumière et d’éclat. Ces figures bizarres et tragiques reflètent l’univers intérieur de la peintre qui accouche sur la toile ses angoisses et ses visions qui peuvent être aussi nôtres. Ces visages déformés et fantasmagoriques irritent le spectateur éveillant en lui un malaise vague et diffus. Les tableaux démasquent la tristesse du quotidien grâce au jeu des couleurs parfois sombres et ternes, quelques fois lumineux.

 

Schultz Laurent Junior

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