Le Dr Jean Price-Mars et la problématique de la lecture en Haïti

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Par Jérôme Paul Eddy Lacoste[1]

 

Le Docteur Jean Price-Mars représente une figure connue, très connue dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire et de la diplomatie haïtienne. Ses recherches et ouvrages font autorité dans les domaines précités. La lecture de sa monumentale biographie d’Anténor Firmin[2], de ses travaux sur Vilbrun Guillaume Sam[3] ou sur l’insurrection des Libéraux à Miragoane en 1883 représente une obligation pour tout chercheur voulant étudier ces personnalités et périodes de notre histoire. Dans le domaine des relations Haïtiano-dominicaines, il faut nécessairement recommander son ouvrage en deux volumes sur la question à tout étudiant ou chercheur qui vient d’aborder ces études[4]. Mais, il y a plus. Le Docteur Price-Mars a été un militant, un militant de l’histoire haïtienne qu’il s’est attaché à enseigner pendant une longue période au Lycée Pétion[5]. Dans ce contexte, il eut à fonder, de concert avec un autre grand historien haïtien, Horace Pauléus Sannon, en pleine période de l’occupation américaine du territoire, La Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie, (RSHHG), prestigieuse revue savante qui existe encore de nos jours en Haïti et qui fait honneur à la production intellectuelle de notre pays par la qualité des articles publiés. Mais, le Dr Price-Mars a été aussi le militant d’une autre cause, et on l’oublie souvent. Il a été un grand militant, un très grand militant de la cause du livre haïtien, de la lecture et des bibliothèques haïtiennes. A notre connaissance, c’est le premier chercheur à avoir abordé la question de la lecture de façon systématique et scientifique avec des enquêtes minutieuses menées à l’échelle de tout le pays sur les imprimeries, les journaux édités, les bibliothèques publiques et le goût de la lecture[6]. Ce, en vue de procéder à un diagnostic de ce qu’il appelle « l’outillage intellectuel du peuple haïtien » à son époque. Dans la présentation de l’ouvrage « La vocation de l’Elite », récemment réédité aux Editions Fardin en 2013, mais publié pour la première fois en 1919, nous lisons ceci: « En 1917, le Docteur Jean Price-Mars de retour en Haïti trouve la jeunesse complètement désemparée en face de l’occupant. Il prononce une série de conférences où il rappelle à l’élite « sa mission d’éclaireuse et de conductrice de l’esprit »[7]. Ces conférences destinées à relever la morale de cette jeunesse sont publiées en 1919 sous le titre « La vocation de l’élite ». Dans cette démarche, une place importante est accordée à la question de la lecture sous le titre: « L’art de lire comme discipline d’éducation générale ». Il s’agit alors d’une conférence prononcée par le Dr Jean-Price Mars à Parisiana, le 4 juin 1917 « en faveur de la bibliothèque de l’union catholique ». Dans le contexte actuel, nous avons relu plusieurs fois le texte du Dr Jean Price-Mars. Nous l’avons distribué aux étudiants dans les cours d’Organisation du Travail Intellectuel (OTI) et de Méthodologie. Il s’agit d’un texte d’une grande portée didactique et d’une grande actualité à un moment où l’on parle de plus en plus de l’avènement de la civilisation de l’écrit. Pour le Dr Jean Price-Mars, il y a « un art de lire ». Oyez plutôt. « J’entends par l’art de lire, nous dit l’auteur, la meilleure méthode que nous puissions employer pour tirer profit de nos lectures, mais alors des lectures faites sans émission de voix, dans l’intimité du cœur et le silence de la pensée, si je peux ainsi dire. Est-ce pourquoi je me suis demandé si cet art existe en soi, s’il n’est pas la marque de notre sensibilité, l’expression de nos habitudes personnelles et se prêtant fêtant par conséquent, à mille variations d’individu à individu. Cependant si, malgré tout, chaque lecteur obéit à un mobile d’avance déterminé : celui de tirer un bénéfice quelconque de son tête à tête avec le livre qu’il préfère »[8].  Et, en s’appuyant sur un texte d’Emile Faguet concernant la méthodologie de la lecture, le Dr Price-Mars recommande au lecteur de bien prendre son temps pour bien lire. « Le premier précepte et le plus grand de tous celui qui domine l’art de lire et qui le résume, en quelque langue que cet art se pratique et quel que soit le livre qu’on lit, le premier et le dernier précepte de l’art de lire, c’est de lire lentement, de lire très lentement » [9]. Et l’auteur continue sur la même lancée: « Nous devons lire lentement parce que c’est là le critérium principal d’après lequel nous pouvons juger de la valeur des ouvrages de l’esprit. Nous devons lire entement parce que c’est là le moyen le plus certain que nous ayons de pénétrer la masse et le détail des idées l’un écrivain, de les peser, de les remuer, de les soumettre au choc des nôtres afin de reconnaître au son qu’elles donnent si le métal est de bon ou de mauvais aloi. Lire lentement c’est méditer »[10].

Mais il y a mieux, pour le Dr Jean Price-Mars, il ne faut pas lire tous les livres de la même manière. Ceci est extrêmement important. Et l’auteur présente même sous ce rapport une véritable typologie de la lecture. « Mais en dehors, de ce fait acquis, peut-on lire, doit-on lire tous les livres de la même façon ? Certainement non. Les livres sont divisés non point seulement selon les talents de ceux qui les signent mais par catégorie des matières qu’ils traitent »[11].  Pour le Dr Jean Price-Mars, « Il y a donc des livres d’idées, des livres d’imagination.  Il y a des œuvres de théâtre et enfin, il y a les vers. Chacune de ces catégories requiert une disposition spéciale du lecteur »[12]. Pour les livres d’idées et de science, l’auteur recommande « une adhésion intime de votre volonté à l’acte que vous allez accomplir. Je veux dire que vous devez vous mettre en état... Il faut commander l’éveil de votre attention par tout un stratagème d’autosuggestion. Car les psychologues nous ont appris que l’attention volontaire est fille de l’intérêt ». Et alors, en se basant sur le livre de Gustave Lebon, Psychologie de l’Education, le Dr Jean-Price Mars montre de façon didactique comment suivre l’idée maitresse d’un auteur tout le long de la lecture d’un livre. Il insiste sur l’environnement physique du cadre de lecture. « La lecture sérieuse exige la plupart du temps la retraite et la tranquillité ». L’auteur parle aussi de la « lecture critique » étant « alors une chose extrêmement sérieuse et même un peu pénible »[13] pour des ouvrages bien déterminés dans le domaine des sciences et de la philosophie. Le Dr Jean Price-Mars recommande plusieurs lectures de ces ouvrages eu égard à leur niveau d’accessibilité et de difficultés. Et ceci est extrêmement important pour le jeune étudiant qui aborde les lectures des œuvres scientifiques. Ces livres ne doivent jamais être lus une seule fois. L’auteur parle des œuvres de fiction, de la poésie et du théâtre. Il considère ensuite les romans et surtout les « romans d’idées » comme ceux d’Anatole France ou de Paul Bourget. Il étudie l’approche de l’œuvre d’art et la lecture des poètes qui « écrivent autant pour l’éblouissement de nos yeux que pour la joie de nos oreilles »[14]

Jean Price-Mars avait prononcé cette conférence sur la lecture en pleine période de l’occupation américaine, en 1917. Face à une élite intellectuelle désemparée devant ce que Léon Laleau appelait « le Choc », il avait choisi de s’adresser à la jeunesse haïtienne pour reprendre le flambeau du patriotisme. La conclusion de cette magistrale conférence garde toute son actualité dans ces heures sombres que nous vivons en ce début du XXIème siècle comme elles l’étaient au début du XXème siècle, au moment même où parlait le Dr Jean Price-Mars.[15] Pour les Editions Fardin, « Jean Price- Mars mise absolument sur la lecture comme moyen de parfaire la formation de l’individu ». Nous avons choisi donc, dans le cadre de ces réflexions autour de la question du livre, de la lecture et des bibliothèques en Haïti de reproduire maintenant en gras pour l’édification de ceux et celles qui nous lisent cette si noble et actuelle conclusion du Dr Mars concernant le chapitre sur l’art de lire de l’ouvrage La vocation de l’Elite: « Lisez donc jeunes gens, lisez beaucoup, lisez lentement. Assimilez vos lectures en relisant avec des yeux plus avertis ceux des livres qui vous ont fait le plus réfléchir. Si je pouvais me permettre de formuler quelques vœux, je souhaiterais que tous les Haïtiens fussent aptes à jouir des bienfaits de la lecture afin que nul d’entre nous ne restât en dehors de la Cité de lumière qu’est la pensée humaine condensée en quelques pages d’écriture. Et, je souhaiterais aussi de voir se répandre partout non point des bibliothèques confessionnelles mais des bibliothèques publiques, nationales et municipales où les œuvres de tous ceux qui luttèrent pour affranchir notre espèce des servitudes de la matière et de la barbarie puissent se coudoyer comme dans une réconciliation posthume et dans un mutuel élan de justice, de paix et de tolérance »[16]. L’Oncle ayant clairement parlé sur « cet art de lire », nos commentaires sur la question sont devenus tout à fait superflus...

Jérôme Paul Eddy Lacoste

Janvier, 2024.  

Légende:  Docteur Jean Price-Mars, écrivain, homme politique, diplomate, ancien Recteur de l’Université d’Haïti. Photo historique du Dr Jean Price-Mars, candidat aux élections présidentielles de 1930.  Ce document a été publié par le Professeur Lewis Ampidu Clorméus en exergue de son article « La démonstration durkheimienne de Jean Price-Mars : faire du vodou haïtien une religion ». In: Archives de sciences sociales des religions, Numéro 159 | 2012, 153-170, Centre d’Études Interdisciplinaires des Faits Religieux (EHESS-CNRS).

  

 

NOTES

[1] Responsable académique de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).

 

2Jean-Price Mars Anténor Firmin. [s.l. s.n. 1978 ?] ([Port-au-. Prince ?] : Imp. Séminaire adventiste).

 

3Jean-Price Mars (1961). Vilbrun Guillaume Sam ce méconnu. Imprimerie de l’Etat, Port-au-Prince.

 

4 Jean-Price Mars (1953). Haïti et la République dominicaine: les divers aspects d’un problème d’histoire, de géographie été d’Ethnologie. Collection du tri-cinquantenaire de l’Indépendance. Imprimerie de l’Etat, Port-au-Prince.

 

5 Sous ce rapport, les Editions Fardin nous apprennent que le Dr Jean-Price Mars avait « refusé une chaire de philosophie au Lycée Pétion pour enseigner l’instruction civique dans les classes primaires, l’histoire et la géographie dans les classes humanitaires ».  La vocation de l’élite, pp. i-ii.

 

6 Le dépouillement des données de cette enquête a révélé, selon le Dr Jean-Price Mars, en 1917, que « nous possédons à l’heure actuelle [1917] 14 imprimeries ou maisons d’édition, dont 9 à Port-au-Prince, 2 au Cap-Haïtien, 1 à Jacmel, 1 aux Cayes, à Jérémie! Rien à Port-de-Paix, rien aux Gonaïves, chefs-lieux de Département, rien à Fort-Liberté, rien à Saint-Marc, Petit-Goave, Miragoane, Aquin, villes ouvertes au commerce étranger, centres intellectuels, commandant des hinterlands de 50 à plus de 1000 000 habitants. Ne trouvez-vous pas cela triste ? En outre nous possédons pour l’ensemble du pays 15 journaux dont 10  à Port-au-Prince, 3 au Cap-Haïtien, 1 à Jacmel et 1 aux Cayes ». La vocation de l’élite, pp. 39-40.  L’auteur considère la question des bibliothèques publiques, des salles de théâtre et conclut que « notre outillage intellectuel est d’une extrême médiocrité ». P.45.  Mais que dirait le Dr Price Mars aujourd’hui, cent ans après, s’il devrait considérer seulement le nombre des journaux que nous avons actuellement alors que la population, elle, a sensiblement augmenté ? Il y a certes les publications en ligne qui explosent. Mais, c’est déjà un autre débat que nous verrons dans un autre chapitre.    

 

7 Ibid.

8 Jean-Price Mars (2013) [1919]. La vocation de l’élite. « L’art de lire comme discipline d’éducation générale ». Ed. Fardin, Port-au-Prince, p. 186.  En lisant un siècle plus tard cet ouvrage du Dr Jean Price-Mars, dans la conjoncture que l’on est en train de vivre, l’on ne peut s’empêcher de se poser certaines questions, ou encore de se laisser aller à certaines réflexions. En d’autres termes, l’on peut se demander si cette « élite » à laquelle le Dr Price-Mars s’adressait en 1917 en lui rappelant sa « vocation », dans une perspective somme toute réformiste, si cette élite existe encore… Nous ne parlons pas d’individus, de personnalités, ou encore d’intellectuels pris de façon isolée. Mais d’un corpus politique et économique articulé avec des idées et un projet social et économique bien défini pour garantir le vivre ensemble minimal et ce « plébiscite de tous les jours » dont parlait justement Ernest Renan à la fin du XIXème siècle dans sa célèbre conférence à la Sorbonne intitulée: Qu’est-ce qu’une nation ? Cette entité, existe-elle chez nous ? Est-elle encore à construire ou à renforcer ? Ou, encore est-elle « écartelée », selon l’expression du Recteur Fritz Deshommes, dans son existence et dans son fonctionnement ? Est-ce qu’il y a eu un Etat qui s’est finalement développé contre les légitimes aspirations d’une Nation selon la thèse de Michel-Rolph Trouillot ? Après plus de deux cents ans, qui sommes-nous donc et à quoi aspirons-nous ? Sous ce rapport, les travaux et réflexions de Roger Gaillard, de Michel-Rolph Trouillot, de Frankétienne, d’Etienne Charlier, de Roger Petit-Frère, de Watson Denis, de Laënnec Hurbon, de Leslie F. Manigat, de Mats Lundhal, de Gérard Pierre-Charles, de Sauveur Pierre-Etienne, de James Leyburn, de Jean Casimir, de Claude Souffrant, de Fritz Deshommes, de Fred Doura, de Jean-Rénol Elie et du Dr Jean Price- Mars lui-même sur la question sont d’une brulante actualité… A notre humble avis, des réflexions sérieuses et approfondies sur les questions de Nation, d’Elite et d’Etat chez nous dans le contexte que nous vivons seraient pertinentes.  Le Professeur Vertus Saint-Louis (2003) a posé de solides bases pour cette réflexion dans ses approches sur l’utilisation des termes africain et citoyen dans les documents officiels durant la Révolution de Saint-Domingue.

 

9 Ibid.

10 Ibid.

 

11 Ibid.

12Ibid.

13Ibid.

14Ibid.

15 Jean Price Mars, Op. Cit., p. 10.

16 Ibid.

 

[1] Responsable académique de la Faculté des Sciences Humaines  (FASCH)  de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).

 

[2] Jean-Price Mars Anténor Firmin. [s.l. s.n. 1978?] ([Port-au-. Prince?] : Imp. Séminaire adventiste).

 

[3] Jean-Price Mars (1961). Vilbrun Guillaume Sam ce méconnu. Imprimerie de l’Etat, Port-au-Prince.

 

[4] Jean-Price Mars (1953). Haïti et la République dominicaine: les divers aspects d'un problème d'histoire, de géographie été d'Ethnologie. Collection du tri-cinquantenaire de l'Indépendance. Imprimerie de l'Etat, Port-au-Prince.

 

[5] Sous ce rapport, les Editions Fardin nous apprennent que le Dr. Jean-Price Mars avait « refusé une chaire de philosophie au Lycée Pétion pour enseigner l'instruction civique dans les classes primaires, l'histoire et la géographie  dans les classes humanitaires ».  La vocation de l'élite, pp. i-ii.

 

[6] Le dépouillement des données de cette enquête a révélé, selon le Dr. Jean-Price Mars, en 1917, que « nous possédons à l'heure actuelle [1917] 14 imprimeries ou maisons d'édition,  dont 9 à Port-au-Prince, 2 au Cap-Haïtien, 1 à Jacmel, 1 aux Cayes, à Jérémie! Rien à Port-de-Paix, rien aux Gonaïves, chefs-lieux de Département, rien à Fort-Liberté, rien à Saint-Marc, Petit-Goave, Miragoane, Aquin, villes ouvertes au commerce étranger, centres intellectuels, commandant des hinterlands de 50 à  plus de 1000 000 habitants. Ne trouvez-vous pas cela triste? En outre nous possédons pour l'ensemble du pays  15 journaux dont 10  à Port-au-Prince, 3 au Cap-Haïtien, 1 à Jacmel et 1 aux Cayes ». La vocation de l'élite, pp. 39-40.  L'auteur considère la  question des bibliothèques publiques, des salles de théâtre et conclut que « notre outillage intellectuel est d'une extrême médiocrité ». P.45.  Mais que dirait le Dr. Price Mars aujourd'hui, cent ans après, s'il devrait considérer seulement  le nombre des journaux que nous avons actuellement alors que la population, elle, a  sensiblement augmenté?  Il y a certes les publications en ligne qui explosent. Mais, c’est déjà  un autre débat que nous verrons dans un autre chapitre.    

 

[7] Ibid.

[8] Jean-Price Mars (2013) [1919]. La vocation de l'élite. « L'art de lire comme discipline d’éducation générale ». Ed. Fardin, Port-au-Prince, p. 186.  En lisant un siècle plus tard cet ouvrage  du Dr. Jean Price-Mars, dans la conjoncture  que l’on est en train de vivre, l’on ne peut s'empêcher de se poser certaines questions, ou encore de se laisser aller à certaines réflexions. En d'autres termes, l'on peut se demander si cette « élite » à laquelle le Dr. Price-Mars s'adressait en 1917 en lui rappelant sa « vocation », dans une perspective somme toute réformiste,  si cette élite existe encore… Nous ne parlons pas d'individus, de personnalités, ou encore d'intellectuels pris de façon isolée. Mais d'un corpus politique et économique  articulé avec des idées et un projet  social et économique bien défini pour garantir le vivre ensemble minimal et ce « plébiscite de tous les jours » dont parlait justement Ernest Renan à la fin du XIXème siècle dans sa célèbre  conférence à la Sorbonne intitulée: Qu'est-ce qu'une nation? Cette entité, existe-elle chez nous? Est-elle encore à construire  ou à renforcer? Ou, encore est-elle « écartelée », selon l’expression du Recteur Fritz Deshommes, dans son existence et dans son fonctionnement?  Est-ce qu'il y a eu un Etat qui s'est finalement développé contre les  légitimes aspirations d’une Nation selon la thèse de Michel-Rolph Trouillot? Après plus de deux cents ans, qui sommes-nous donc et à quoi aspirons-nous? Sous ce rapport, les travaux et réflexions de  Roger Gaillard, de Michel-Rolph Trouillot, de Frankétienne, d'Etienne Charlier, de Roger Petit-Frère, de Watson Denis, de Laënnec Hurbon, de Leslie F. Manigat, de Mats Lundhal, de Gérard Pierre-Charles,  de  Sauveur Pierre-Etienne, de  James Leyburn, de Jean Casimir, de Claude Souffrant, de Fritz Deshommes,  de  Fred Doura, de Jean-Rénol Elie et du Dr. Jean Price- Mars lui-même sur la question sont d'une brulante actualité… A notre humble avis, des réflexions sérieuses et approfondies  sur les questions de Nation, d'Elite et d'Etat chez nous dans le contexte que nous vivons seraient pertinentes.  Le  Professeur  Vertus Saint-Louis (2003) a posé de solides bases pour cette réflexion dans ses approches sur l’utilisation des termes africain  et  citoyen  dans les documents officiels durant la  Révolution de Saint-Domingue.

 

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Ibid.

[12] Ibid.

[13] Ibid.

[14] Ibid.

[15] Jean Price Mars, Op. Cit.,  p. 10.

 

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