Marie Thérèse Colimon Hall en amour avec Haïti

La poétesse Marie Thérèse Colimon Hall laisse frémir tous les contours de son âme tendre pour dire tout son amour à sa terre natale, Haïti. Esprit curieux, ouvert et passionné et passeur de lumière, Colimon Hall dit dans son poème : » Mon pays » la beauté d’ Haïti dans une écriture puissante et imagée.

Marie Thérèse Colimon Hall, née à Port-au-Prince en 1918, a cofondé la Ligue féminine d’Action sociale. Elle a été pionnière de l’enseignement préscolaire en Haïti et a écrit un roman, deux recueils de poèmes, huit pièces de théâtre, 17 essais et articles scientifiques, ainsi que six ouvrages didactiques. Cependant, après son décès en 1997, elle a été peu à peu oubliée de nos références communes. Pourtant, pourtant nous nous souvenons si bien de. Son poème « Mon pays » écrit en vers libre dit avec une écriture remarquable le charme de la nature, le calme miroir des eaux,et la beauté du jour qui s’y reflète. Le poème : » Mon pays » est notre mémoire collective. Il nous parle au cœur et nous touche infiniment : » Mon pays » montre la beauté et la richesse de notre pays avec une affection profonde , Marie Thérèse Colimon Hall invite les Haïtiens à regarder le pays avec les yeux du cœur.Extrait de son  recueil « Mon cahier d’écritures », publié à Port-au-Prince aux Ateliers Fardin en 1973, «  Mon pays » était souvent déclamé dans les activités culturelles ou d’ autres rencontres à caractère intellectuel. Les écoliers aussi l’ ont appris par cœur. Et quand il s’ agit de présenter Haïti sur son meilleur jour , on fait toujours référence à ce poème qui met notre pays à l’ honneur et qui traduit en même temps l’ engagement d’ une autrice   attachée à sa terre natale comme une plante, à ses racines. Le National invite ses lecteurs à redécouvrir ce très beau poème.

 

Mon pays

S’il me fallait, au monde, présenter mon pays

Je dirais la beauté, la douceur et la grâce

De ses matins chantants, de ses soirs glorieux

Je dirais son ciel pur, je dirais son air doux

L’étagement harmonieux des mornes bleuissants

Les molles ondulations de ses collines proches

L’émeraude changeant des cannes au soleil

Les cascatelles glissant entre les grosses pierres :

Diaphanes chevelures entre des doigts noueux

Et les soleils plongeant dans des mers de turquoise

Je dirais, torches rouges tendues au firmament,

La beauté fulgurante de flamboyants ardents,

Et ce bleu, et ce vert, si doré si limpide

Qu’on voudrait dans ses bras serrer le paysage

 

Je dirais le madras de la femme en bleu

Qui descend le sentier son panier sur la tête,

L’onduleux balancement de ses hanches robustes

Et la mélopée grave des hommes dans les champs

Et le moulin grinçant sous la lune la nuit,

Les feux sur la montagne à mi-chemin du ciel.

Le café qu’on recueille sur les sommets altiers,

L’entêtante senteur des goyaves trop mûres.

Je dirais dans les villes, les torses nus et bronzés

De ceux qui dans la rue sous la dure chaleur

 

Mais j’enflerais ma voix d’une ardeur plus guerrière

Pour dire la vaillance de ceux qui l’ont forgé

Je dirais la leçon qu’au monde plus qu’étonné

Donnèrent ceux qu’on croyait des esclaves soumis

Je dirais la fierté, je dirais l’âpre orgueil,

Présents qu’à nos berceaux nous trouvons déposés

Et le farouche amour que nous portons en nous

Pour une liberté au prix trois fois sanglant

Et le bouillonnement montant dans nos artères

Lorsqu’au fond de nos bois nous entendons, l’appel

Du conique tambour que nos lointains ancêtres

Ont porté jusqu’à nous des rives de l’Afrique :

Mère vers qui sans cesse sont tournés nos regards !

S’il me fallait, au monde, présenter mon pays,

Je dirais plus encor, je dirais moins encore,

Je dirais ton cœur bon, ô peuple de chez nous.

 

 Schultz Laurent Junior

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