Migration clandestine: les Haïtiens continuent de tenter leur chance

Les données colligées par le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR), pendant les six premiers mois de l’année 2020, avaient fait état du retour de près de 100 000 Haïtiens qui vivaient en République dominicaine au pays. À cause de la perte de leur emploi provoquée par la pandémie de Covid-19, près de 80 % d’entre eux sont retournés volontairement en Haïti.

Alors que le nouveau coronavirus battait son plein en République dominicaine, contrairement à Haïti, des milliers de ressortissants haïtiens ont décidé de revenir sur leur sol natal. Les données du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) et l’Organisation internationale pour la migration (OIM) confirment cette tendance. De janvier à juin 2020, près de 100 000 Haïtiens sont revenus en Haïti dont 17 336 pendant les deux dernières semaines du mois de juin. Ce retour massif des Haïtiens s’est poursuivi durant la première semaine de juillet selon l’OIM, 5 898 Haïtiens sont revenus volontairement de la République dominicaine. Cevaste mouvement migratoire s’est réalisé avec le supportdes autorités haïtiennes et dominicaines avec l’appui de l’OIM et de la Croix-Rouge haïtienne.

Pour le mois de septembre 2020, le rapport du GARR fait état de 69 290 retours spontanés et 4 512 Haïtiens rapatriés. Alors que la République dominicaine connaissait un nombre élevé de cas de contamination au nouveau coronavirus, des migrants haïtiens ont continué à retourner volontairement sur le sol haïtien. D’autres, par contre, ont plutôt cherché à y séjourner en toute clandestinité. Pour faire face à l’afflux d’Haïtiens qui, quotidiennement, traversaient la frontière pour s’installer en République dominicaine et qui allaient jusqu’à élire domicile dans les rues ou les places publiques, le directeur général de la Migration (DGM) en République dominicaine avait annoncé, début septembre, la reprise de la déportation des Haïtiens en situation irrégulière et promis le renforcement de la surveillance frontalière. Pour augmenter l’efficacité des soldats du Corps spécialisé dans la sécurité des frontières terrestres (CesFront) qui ont pourtant arrêté des ressortissants haïtiens qui tentaient d’immigrer illégalement en République voisine, les autorités ont fait appel aux forces spéciales.


Le jeudi 8 octobre 2020, le commandant général de l’armée de la République dominicaine, le général de division Julio Florián Pérez, a procédé au lancement d’un nouveau plan de renforcement de la frontière dominicano-haïtienne. Celui-ci prévoit le déploiement de bataillons des forces spéciales commandos et montagnes pour intensifier la lutte des autorités dominicaines contre toute activité illégale dans les zones vulnérables identifiées et dans les points d’accès informels et difficiles.La République dominicaine n’est pas le seul pays à être touché par la vague de migrants clandestins haïtiens.

Dans les eaux territoriales des Iles Turques et Caïques (TCI), le 20 septembre dernier, un bateau en bois transportant 124 haïtiens et propulsé par deux gros moteurs hors-bord a été intercepté. Les migrants clandestins en provenance d’Haïti ont été remis au Département de l’immigration pour être enregistrés avant d’être rapatriés en Haïti. Neuf jours plus tard, la marine colombienne a indiqué avoir procédé au sauvetage de 94 migrants clandestins haïtiens qui dérivaient dans un petit bateau suite à une panne de moteur. D’après les autorités colombiennes, ils tentaient de rejoindre le Panama, terre de transit de ceux qui tentent d’entrer en Amérique du Sud et aux États-Unis. D’autres n’ont pas eu la chance d’être sauvés. Le 12 septembre, la police des Bahamas a confirmé avoir été alertée du naufrage d’un bateau à 20 kilomètres au sud de Cayo Chub. Arrivés sur place, les sauveteurs ont trouvé le bateau sombré avec plusieurs Haïtiens et Jamaïcains accrochés à son bord. Selon les témoignages des 12 rescapés, ils étaient au moins 15 à bord du bateau. Les opérations de recherche des autres survivants ou leur dépouille n’ont pas été couronnées de succès.

Historiquement, la migration haïtienne est un phénomène saisonnier avec des causes multiples. De manière générale, elle est motivée par la recherche d’un mieux-être et engendre souvent la prise de risques pour échapper à la misère et, dans certains cas, la mort. Selon France–Culture, la communauté haïtienne, hors Haïti, est évaluée à deux millions de personnes réparties principalement en République dominicaine, en France métropolitaine, les territoires d’outre-mer, les États-Unis, le Canada et l’Amérique latine.

Stevens JEAN FRANÇOIS

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