La crise multidimensionnelle qui prévaut actuellement dans le pays a de graves conséquences sur la santé physique et mentale de la population haïtienne. Les psychologues Roseline Benjamin et Guyno Duverné affirment que les cas de malades mentaux ont augmenté de façon significative ces dernières années.
La société haïtienne fait face à un ensemble de difficultés, depuis plusieurs années, qui s'amplifient chaque jour en plongeant le pays dans la misère la plus abjecte. Ces multiples crises ont des conséquences graves sur la santé psychosomatique des Haïtiens.
La psychologique Roseline Benjamin se réfère à l'approche holistique de la définition du mot santé d'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) stipulant que la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité », pour décrire et attirer l'attention des responsables sur l'état de santé de population.
La spécialiste en santé mentale soutient que la persistance de la crise en Haïti a causé d'innombrables dégâts sur la santé mentale des Haïtiens, particulièrement la population juvénile qui assiste à des actes de violence, dont des massacres et tueries. Et qui, en plus d'être victimes de la cruauté des hommes armés, subissent les actes d'enlèvements suivis de séquestrations au cours desquels, elles sont parfois victimes de viols collectifs et de la maltraitance physique.
Elle rappelle que ces actes auxquels la population haïtienne est constamment exposée ont créé des traumatismes et des psychoses de peur qui vont donner naissance à des perturbations psychologiques chez les citoyens telles que la dépression, l'insomnie, hypersomnie, la boulimie, une perte d'appétit, des idées suicidaires, la nervosité, le sentiment de culpabilité, les troubles de concentration et de mémoire, une baisse d'estime de soi, entre autres.
Tout en soulignant que cette situation de stress chronique réduit la productivité de certains neurones et affecte directement la santé physique, en occasionnant une augmentation de la pression artérielle, des maladies cardiaques (le diabète), des problèmes gastro-intestinaux (diarrhée, brûlures ou ulcères d’estomac), des maux de tête, de dos ou de cou, mais aussi des arrêts cardiaques en provoquant la mort subite.
De son côté, le psychologue Guyno Duverné a fait savoir que les membres de la population vivent avec la peur au ventre, s'inquiétant d'être la prochaine victime ou quelqu'un de leurs proches soit la prochaine cible de la machine infernale de l'insécurité. Il indique aussi que les enfants vivant avec les séquelles de la dégradation de l'insécurité du pays sont sujets à avoir recours à la délinquance juvénile.
En ce sens, les psychologues Roseline Benjamin et Guyno Duverné invitent les personnes présentant des signes de dépression, de stress chronique ou de tout autre trouble psychologique à consulter un professionnel de la santé mentale afin de prévenir les dégâts néfastes sur leur état de santé. Ils demandent également aux parents des malades de les soutenir et de les encourager à voir un médecin.
De façon particulière, madame Benjamin conseille à tous ceux et toutes celles qui sont touchés directement ou indirectement par la situation d'insécurité délétère que traverse le pays, à voir non seulement un psychologue ou un psychiatre, mais aussi un médecin généraliste en guise de prévention à des risques de développement de maladies cardiaques bien d'autres maladies internes et externes.
Sheelove Semexant
