Mariani

Depuis que le monde est, le pouvoir se détermine avant tout par le territoire contrôlé et la population qui se soumet, qui accepte le pouvoir. Aucun centre de pouvoir ne peut accepter, pas même concevoir qu’une partie du territoire passe sous contrôle, sous l’autorité de quelqu’un d’autre à moins qu’il y ait accord ou complicité non dévoilée.

Le cas de notre pays est peut-être même plus compliqué que cela et nécessite des études en profondeur. Le sujet devrait être : les rapports du pouvoir politique avec le territoire. Certains pince-sans-rire pourraient même ajouter : si rapports il y a. Un pouvoir centralisé n’aboutit pas forcément à l’abandon des régions. Notre cas à nous peut être différent. Dans l’optique ségrégationniste dans laquelle a été fondé notre État, l’immense majorité de notre population a été refoulée le plus loin possible des centres et ignorée. Ces populations au fil des temps sont revenues vers les villes, les colonisant, les assiégeants, la bonne société les ignorant derrière les murs de ces villas même quand elles se trouvaient tout près. Ces populations laissées à elle-même ont occupé les aires protégées, profitant de la corruption et de l’inexistence de l’État si bien que la ville s’est retrouvée réduite à sa plus simple expression, la campagne campant dans la cité à tous les carrefours. Voir par exemple un porc et ses petits en pleine rue dans un quartier résidentiel est presque un spectacle commun.

Si on ne se soucie pas de la population, le corolaire immédiat est toujours le mépris du territoire qu’on laisse à la frange dédaignée de la population. D’où le misérabilisme d’ensemble de notre territoire, le tout consacré par la floraison de ces bidonvilles infâmes et l’état pitoyable de nos îles adjacentes alors que de mêmes îles avec des territoires plus exigus sont des centres importants de tourisme et de commerce dans la Caraïbe.

Avec cette mentalité raciste du dirigeant haïtien, on  ne peut pas se préoccuper outre mesure des zones, des quartiers, des territoires qui tombent sous le contrôle de gangs. Martissant, Croix des Bouquets, Pernier, Carrefour-Feuilles, Mariani, etc. n’existent pas dans leur tableau de bord. Même quand on est originaire d’une région pauvre, on fait tout pour l’oublier. On ne revient à son enfance que lors de certaines fêtes patronales ou pour les besoins d’un mysticisme crasseux. Et puis tout reste en état sous la tonnelle, dans le chaos et dans la crasse.

Aujourd’hui le nombre a explosé dans ces territoires pas perdus, mais oubliés. Le nombre effarant de ces jeunes sans avenir à qui on n’a rien offert et qui n’ont eu le choix qu’entre une arme et la décrépitude par la faim et le mépris dans une société qui étale sans honte la réussite crapuleuse de bon nombre de ses citoyens dans la politique ou les activités louches.

Le Sud va encore souffrir avec Mariani sous  attaques des gangs. Aucun communiqué du gouvernement. Une Police ravagée par la corruption et dont les rares éléments efficients peinent pour sauvegarde ce qui peut l’être encore. Nos nationalistes ont du pain sur la planche pour proposer une solution qui sauvegarderait une souveraineté qui depuis belle lurette a été bradée par nos politiciens.

 

Gary Victor

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