Dany Laferrière , Gary Victor et Guy Régis Junior en lice pour le prix Fetkann Maryse Condé

Des auteurs haïtiens de la littérature francophone : Dany Laferrière, Gary Victor et Guy Régis Junior sont en lice pour le prix Fetkaann Maryse Condé aux côtés notamment d’autres auteurs caribéens et africains de l’ espace francophone .Ils ont été sélectionnés respectivement pour leurs œuvres : « Petit traité de racisme en Amérique », « Le violon d’ Adrien » et « L’ homme qui n’ arrête pas d’ arrêter ».

Le Prix littéraire Fetkann  Maryse Condé a pour but d’honorer le travail consacré au devoir de mémoire, celui qui promeut la dignité humaine. Chaque année, il rassemble et récompense des œuvres récentes dédiées à cette cause. Le prix est divisé en quatre catégories : Mémoire, Recherche, Jeunesse et Poésie. Les ouvrages sont édités dans plusieurs zones francophones du monde. L’écrivain haitiano canadien Dany Laferrière est sélectionné pour son œuvre  :  « Petit traité de racisme en Amérique » paru chez Grasset au cours de cette année , Gary Victor pour : « Le violon d’ Adrien » publié chez Mémoire d’ encrier et Guy Régis Junior pour : « L’ homme qui n’ arrête pas d’ arrêter » ouvrage paru chez JC Lattes en 2023. Dans chacune des catégories, chaque lauréat reçoit une médaille rappelant le sacrifice et la lutte des esclaves pour la liberté, et le combat de Victor Schœlcher pour le décret d’abolition du 27 avril 1848. Ainsi qu’une œuvre originale du peintre sculpteur guadeloupéen Jean-Claude KBO.
Dans ce livre, « Petit traité de racisme en Amérique » le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière selon les éditions Grasset  se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les États-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »
Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence, semble-t-il, inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt  ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous  ! »
Pour sa part, Gary Victor dans « Le Violon d’Adrien » raconte l’histoire d’un enfant pauvre qui rêve d’avoir un violon. Le roman se déroule en Haïti, les personnages s’enlisent dans un quotidien chaotique. Le roman mêle tendresse et souffrance, ce qui semble rester du paradis glisse doucement vers l’enfer. Le roman est un rite de passage à la vie d’adulte. On assiste à la perte d’innocence du jeune Adrien qui, pas après pas, et bien malgré lui, trahit famille, amis, valeurs pour survivre dans un pays où l’on tue les rêves des plus humbles.
Dans : « L’ homme qui n’ arrête pas d’ arrêter » Guy Régis Junior invite ses lecteurs à suivre l’ itinéraire d’ un homme qui déambule  toutes les nuits à Port-au-Prince. Eddy marche, erre, boit au point de s’oublier et d’oublier la ville. Il se promet d’arrêter, mais il faudrait que cette île et ses morts arrêtent de le hanter. Un roman enivrant dans les ruelles d’une ville en ruines, en feu, le portrait fiévreux d’un homme qui malgré tout ne veut pas renoncer.

Schultz Laurent Junior

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