La journée de la diaspora fêtée à Paris

Le jeudi 20 avril 2023, le Consulat général de la République d’Haïti à Paris a commémoré la Journée nationale de la diaspora. L’objectif étant de faire en sorte que les Haïtiens de France sachent qu’un jour leur est réservé dans le calendrier de leur pays. L’occasion aussi d’honorer certains talents.

La soirée a débuté par l’hymne national qu’a entonné avec grâce et élégance la chanteuse Kécita Coulanges. Son mari, Amos Coulanges, l’accompagnait à la guitare avec la même virtuosité devant un public composé de quelques compatriotes, des élus municipaux français d’origine haïtienne, des représentants d’associations franco-haïtiennes, des journalistes, des influenceurs ainsi que des internautes connus pour leurs commentaires réguliers de l’actualité en Haïti.  

Après c’était le tour de Grégoire Chérie, un artiste haïtien évoluant à Paris, d’interpréter de magnifiques mélodies évoquant le trop-plein et le spleen qu’inspire son pays en souffrance.

Dans une allocution, James Jules, ministre conseiller, chargé du Consulat général de la République d’Haïti à Paris, a retracé le processus politique ayant conduit à l’adoption de la date du 20 avril comme journée consacrée aux Haïtiens vivant à l’extérieur. Il y a 33 ans, le 20 avril 1990, différentes communautés haïtiennes aux États-Unis s’étaient rassemblées pour protester contre les discriminations dont étaient victimes nos compatriotes. À l’époque, une institution en particulier était dans le collimateur de ces manifestants : la Food and drug administration (FDA), l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux. C’est elle qui avait, une dizaine d’années auparavant, accusé les Haïtiens d’être les propagateurs du Sida. Une charge grave qui a eu conduit à ce que les touristes se détournent d’Haïti, optant pour d’autres cieux. Notamment la République dominicaine. Plus tard, la FDA présentera des excuses aux autorités haïtiennes, mais le mal a déjà été fait. 

Le diplomate a ensuite indiqué qu’en organisant cette rencontre, l’objectif du Consulat général est aussi de témoigner sa reconnaissance envers les sportives haïtiennes évoluant dans les clubs en France, en les célébrant et en les récompensant. Trois d’entre elles ont été honorées : il s’agit de Melchie Daëlle Dumornay, surnommée « Corventina », Nérilia Mondésir alias « NériGol » et Batcheba Louis. « On ne naît pas champion, on le devient à force de volonté, grâce à son encadrement et à un talent que l’on travaille tous les jours », a déclaré le chef de poste. James Jules a ensuite indiqué combien le Consulat et la communauté haïtienne de France sont fiers de leurs sportives de haut niveau, qu’ils suivent chaque week-end, après chaque compétition. Pour lui, ces femmes sont de vraies « ambassadrices », « des représentantes dignes des valeurs de fraternité et de solidarité que nous portons ensemble. »

Des trophées ont ensuite été rendus à ces joueuses qui « font honneur au drapeau de leur pays d’origine ». Retenue au dernier moment par son club, Nérilia Mondésir n’a pas pu faire le déplacement jusqu’à Paris. Mais Melchie Daëlle Dumornay, était présente. Appelée affectueusement « Corventina Ballon d'Or 2018 (U17) et Soulier d'OR 2020 (U20) CONCACAF », cette originaire de Mirebalais évolue au poste de milieu de terrain offensif au Stade de Reims.

Dans son discours de circonstance, « Corventina » promet de tout faire pour que l’équipe féminine haïtienne aille plus loin que possible. Dans un français parfait, elle exprime sa fierté de pouvoir ajouter le trophée du Consulat à la longue liste de distinctions reçues lors des compétitions. Quant à la Jacmélienne Batcheba Louis, joueuse au sein du Football Club Fleury 91 en France, elle se dit très honorée d’avoir été choisie pour recevoir cette décoration.

Depuis les années 1960, le nombre d’Haïtiens vivant en France ne cesse d’augmenter même s’il est difficile d’avoir un chiffre exact. Profitant de cette journée consacrée aux Haïtiens vivant à l’extérieur, la mission consulaire a lancé enfin la fameuse carte consulaire permettant à nos compatriotes présents sur le sol français de s’enregistrer auprès du consulat, qu’ils soient étudiants ou stagiaires de quelques mois dans des institutions françaises. Le but est d’établir des rapports entre eux et les institutions représentant l’État haïtien en terre de France. Par ailleurs, cette pièce permettra aussi à nos ressortissants de s’identifier auprès des institutions françaises et de faciliter leurs démarches administratives à tous les niveaux. Enfin, ce papier favorise une identification plus rapide lorsqu’un Haïtien effectue des démarches dans les représentations diplomatiques de la République d’Haïti en France et ailleurs. Toutefois la carte consulaire ne remplace en aucun cas le passeport qui reste le seul document d’identité nécessaire pour voyager en avion.

La soirée s’est poursuivie très tard avec des échanges entre les deux joueuses et le corps diplomatique avec un fond musical de Grégoire Chérie, cette voix qui ne cesse de s’affirmer. Ce n’est pas la première fois qu’elles ont été reçues dans une mission diplomatique de la République d’Haïti à Paris. Lors de la coupe du monde féminine 2018, en Bretagne, elles ont été accueillies avec beaucoup de chaleur par des représentants diplomatiques d’Haïti en France.

 

Maguet Delva

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