HAITI/ CRISE

Une économie morose au premier semestre de l'exercice fiscal 2023-2024

Dans sa note sur la politique monétaire d'Haïti au premier semestre de l'exercice fiscal 2023-2024, la Banque de la République d'Haïti (BRH) souligne une économie haïtienne qui évolue dans une conjoncture socio-politique incertaine. La dégradation du climat sécuritaire pendant le second trimestre de l'exercice a davantage augmenté le nombre de personnes touchées par l'insécurité alimentaire et fait baisser l'ensemble des secteurs d'activités économiques, a rappelé la banque dans ce document.

«L’activité économique en Haïti continue d’être influencée par la situation socio-politique qui paralyse le bon fonctionnement du système productif dans la quasi-totalité des secteurs. En dépit des résultats encourageants observés au mois de décembre, à la faveur des festivités de fin d’année principalement, le premier semestre a été marqué par une évolution contrastée des activités économiques. L’Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique (ICAE) publié par l’IHSI pour le premier trimestre de l’exercice fiscal 2023-2024 révèle une nette contraction de l’économie. Cet indice accuse une contre-performance des principaux secteurs de l’économie avec un repli de 3,8 % de l’indice global. De même, avec la dégradation des conditions sécuritaires qui a caractérisé le deuxième trimestre de l’exercice en cours, on peut s’attendre à une poursuite de la morosité des activités économiques», ont constaté les techniciens de la banque Centrale.

Concernant la production agricole où les produits locaux influencent énormément le coût de la vie, les récoltes espérées sont inférieures par rapport aux attentes. L'insécurité touche profondément les acteurs agricoles qui sont désormais incapables de cultiver dans certaines régions du pays. On constate donc un déficit de l'offre alimentaire et le renchérissement des intrants agricoles.

Au niveau du milieu des affaires, c'est la morosité économique survenue en raison des troubles sociopolitiques et du flux migratoire. « Les différentes branches d’activités pourvoyeuses d’emplois ont non seulement entraîné un accroissement des déperditions, mais aussi réduit la capacité de l’économie à créer de nouveaux emplois à la suite de la fermeture ou l’arrêt temporaire de certaines entreprises. À titre d'exemple, le nombre du personnel de l’industrie textile s’est replié de plus de 45 % de septembre 2023 à mars 2024 (à 29 000 employés). Le même scénario est aussi observé dans le secteur bancaire qui, après avoir perdu plus de 10 % de ses employés sur l’exercice 2023, rencontre des difficultés à embaucher du personnel qualifié», a observé la banque Centrale.

En effet, l’évolution de prix des produits dans l’économie est la cause de la décélération observée depuis mars 2023 et qui s’est arrêtée au mois de février 2024 avec une hausse de 3,1% et une accentuation au mois de mars avec un taux de 4,7 %. « En

glissement annuel, l’IPC (l'Indice des Prix à la consommation) a crû de 26,7 % en mars 2024 (+3,7 points de pourcentage). Le taux d’inflation moyen mensuel entre octobre 2023 et mars 2024 s’est établi à 2,7 % contre 2,1 % pour la même période de 2022-2023. Pour cette même période de mars, le taux de l'inflation arrive à se fixer à plus de 26 %» a lancé l'IHSI.

En général, le dysfonctionnement des principaux ports et aéroports du pays, entre février et mars 2024, a perturbé l’approvisionnement des marchés publics. Cette situation a provoqué la décapitalisation des ménages et conduit plus de 50% de la population haïtienne dans l'insécurité alimentaire, selon les dernières analyses de la Coordination Nationale de sécurité alimentaire (CNSA) qui prévoyait environ 40% dans les données précédentes. Donc 17% de la population sont classées en phase 4 de l'IPC (urgence), 33 % se situent en phase 3 (crise) et 50 % sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.

 

Oberde Charles

 

 

 

 

 

 

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