Avec un État en mauvais état, Haïti est, certainement, dans un état incertain

Aujourd'hui, Haïti est, par rapport aux autres pays de la région, très en retard à cause de l'État qui est en mauvais état. Vu son mauvais état, l'État haïtien ressemble véritablement au profil de l'État fustigé par Nietzsche comme le «plus froid des monstres froids». C’est en réalité, un problème de mauvaise gouvernance.

Car, que vous soyez du côté du pouvoir ou de l’opposition, la situation sociopolitique actuelle d’Haïti demande une attention toute particulière.  Et dans l‘intérêt général du pays, et pour préserver la sécurité individuelle et collective ainsi que le bien-être de la communauté, un élan massif devient vital pour arrêter l’état de pourrissement des institutions.

On n'a pas besoin, ni de télescope ou de microscope, pour voir bouger sous les yeux les vices de la corruption érigée comme système et qui fragilise la nation davantage au point de l’enfoncer encore plus dans leur situation d'État failli.  Ainsi, cette situation doit aiguiser l’attention et fouetter la conscience patriotique et citoyenne de chaque haïtien sur le fait de devoir agir le plus vite possible sur l’état de pourrissement des institutions publiques et privées du pays afin de lui retourner à sa vraie mission.   

Et cette situation d’insécurité généralisée à quoi le peuple haïtien assiste aujourd’hui n’est pas un simple accident de parcours. Elle est de préférence les conséquences de l’ingérence à outrance de l’international dans les affaires politiques du pays.

En effet, depuis des années, à chaque élection, entre les incapables et une “minorite zuite” de compétents, l'international a toujours opté pour les plus nuls. Et ces nuls, illégalement devenus légaux, dans leurs nullités, tout en retournant l'ascenseur à l'occident et les hommes d'affaires qui avaient investi financièrement durant leurs campagnes électorales, se sont, officiellement, impliqués dans toutes sortes de combines politiques et économiques.

Tel a été le cas du gouvernement de l’après le meurtrier tremblement de terre du 12 janvier 2010. Dirigé par un État fêtard, avec des activités mondaines un peu partout, Haïti avait connu tous les mots en-al qui ne peuvent pas changer en-aux.  C’est ainsi, de bal, festival, carnaval, avec un récital de mots ronflants, le pays était en fête solennellement en honneur du président musicien.  

Si bien que, d’un président fêtard à un chef de gouvernement vantard, les deux formaient un pouvoir exécutif grandiloquent comme deux tonneaux vides, pour enfin construire vingt-cinq stades imaginaires dans tout le pays. Quelle nouveauté dans le domaine du sport, particulièrement le football haïtien.

Ainsi, d'un parlement constitué des honorables qui, dans leur savoir-faire des affaires imparfaites, étaient très déshonorables au Bicentenaire. Puis, d’un président peu respectueux des bonnes moeurs au Palais national.  Et d’un chef de gouvernement qui ne joue pas avec les chiffres à la Primature. Comme une équipe avec le plein pouvoir pour détruire, donc ces bandits légaux, dans leurs conspirations, avaient le boulevard libre pour que librement ils continuent non seulement à piller le trésor public, mais aussi à distribuer des armes aux bandits dans les quartiers populaires.  

Mais, jamais deux sans trois. Pour comble de malheur d’Haïti, le laboratoire de tous les maux du pays avait, en fin de mandat du musicien, à travers d’autres élections frauduleuses, fait une passation de pouvoir avec ‘’l’homme bannann’’. 

Face à toutes ces tempêtes qui s’étaient abattues sur Haïti, l’élite économique aussi bien que bon nombre de l’intelligentsia haïtienne se sont tus. Au lieu de dénoncer l’ingérence de l’international dans les affaires internes du pays, de même que lors du président-musicien, des hommes et des femmes politiques avaient, comme par enchantement, intégré tous les espaces de l’État dans un pouvoir de marionnettes.

Aujourd’hui encore, Haïti est plus faible à cause de la faiblesse d’une opposition toujours en opposition à elle même, et c’est cette opposition en décomposition et sans position fixe qui, tout en voulant gagner du temps, oppose une transition dans la transition.

Bizarrement, l’oligarchie locale et internationale qui avaient toujours encouragé des coups de force contre des chefs d'État progressistes et constitutionnellement élus sont aujourd’hui pour le maintien au pouvoir d’un homme sans mandat ou de légimité.  Ce qui, finalement, a conduit les autorités actuelles de l'État dans des situations sans état d'âme.

De ce fait, Haïti est dans cet état à cause d'un État faible sans vision qui ne contrôle rien. Comme résultat, les bandits, particulièrement ceux de Martissant font, chaque jour, couler le sang des innocents sans raison. Comme depuis plus d’un an, ces assassins avaient le boulevard libre pour que librement ils continuent à tuer, maintenant, c’est dans tout le pays que ces crapules tuent.

Entre-temps, sous l’effet de la mauvaise gouvernance, les paysans sont dépaysés de leur terre. Quant à Port-au-Prince, elle est une capitale bidonvilisée. C’est dans cette capitale et ses environs que, avec la prolifération des groupes armés, des hommes d’affaires et des dirigeants politiques, dans leur projet de banditisme et de décapilisation des gens de la classe moyenne, ont kidnappé le pouvoir, volé et pillé le trésor public pour finalement tout capitaliser à leur profit personnel dans des banques étrangères.

Toutes ces dérives sont les conséquences d'une élite inconséquente des gens sans vision qui depuis après la mort du père fondateur de la nation, Jean Jacques Dessalines continue de faire de ce pays, une colonie avec d'autres colons et d'autres noms.

La démission et l’absence de cette élite dans l'engagement de ceux-là qui sont présents dans la lutte pour le développement du pays est un problème majeur qui demande à prendre en compte. Et comme cette élite ne se sent pas concernée par les problèmes quotidiens des gens, dans bien des cas, elle cherche toutes sortes d'excuses pour pouvoir s'excuser de leurs absences dans des projets de démocratie durable dans le pays.  

Face à ce dilemme d'un État en mauvais état et d’une grave crise d’insécurité dans une crise généralisée dans un pays en faillite, le plan de sauvetage national se trouve dans la négociation collectivement négociée entre Haïtiens.  Mais pas avec les bandits, les corrompus et les corrupteurs dont leurs places sont derrière les barreaux.

 

Prof. Esau Jean-Baptiste

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