Quid de la situation des Haïtiens en République dominicaine ?

L'histoire de la migration entre Haïti et la République dominicaine remonte au début du XXe siècle. Les masses populaires furent les premières à traverser de l'autre côté de l'île en raison des troubles politiques et des crises économiques dans le pays. Cette tendance allait s’accélérer pendant l'occupation américaine (1915-1934), tenant compte du mode d’organisation politique instauré par les occupants qui visent, notamment, à décapitaliser la paysannerie par l’intermédiaire d’un ensemble de lois qui ont été prises en vue de déposséder ces derniers de leurs terres.  D’après Georges Anglade (1982) Plus de 300. 000 Haïtiens se sont réfugiés en République voisine à la recherche d’un mieux-être. D’où débutent les malheurs des Haïtiens à la République dominicaine. 

L'histoire de la migration entre Haïti et la République dominicaine remonte au début du XXe siècle. Les masses populaires furent les premières à traverser de l'autre côté de l'île en raison des troubles politiques et des crises économiques dans le pays. Cette tendance allait s’accélérer pendant l'occupation américaine (1915-1934), tenant compte du mode d’organisation politique instauré par les occupants qui visent, notamment, à décapitaliser la paysannerie par l’intermédiaire d’un ensemble de lois qui ont été prises en vue de déposséder ces derniers de leurs terres.  D’après Georges Anglade (1982) Plus de 300. 000 Haïtiens se sont réfugiés en République voisine à la recherche d’un mieux-être. D’où débutent les malheurs des Haïtiens à la République dominicaine. 

Depuis lors, à chaque crise politique, des centaines voire des milliers franchissent irrégulièrement les confins entre les deux pays, alors que les relations entre Haïti et la République dominicaine n’ont pas été les plus cordiales. Car, les différences culturelles énormes entre les deux peuples poussent la République dominicaine à avoir un comportement très raciste envers les Haïtiens, au point même de considérer la république voisine comme un État agressif et inamical. Souvenez-vous du massacre de plus de 30 000 Haïtiens, en 1937, sous l’administration de Trujillo, qui constitue l’un des pires génocides enregistrés dans l’hémisphère occidental, après celui causé par les Espagnols contre les Arawaks.

Malgré cet horrible massacre, cette partie de l'île a toujours été considérée, pendant longtemps, par les masses haïtiennes, comme une destination pour gagner du pain avec leurs familles, même après l'arrêt 163-13, en 2013, de la Cour constitutionnelle, qui a déclaré apatrides plus de 200 000 Dominicains d'origine haïtienne.

Cette décision arbitraire et raciste, fondée principalement sur la couleur de la peau de ces personnes, violant toutes les règles du droit international a provoqué de vives réactions de la communauté internationale, dont l'ONU et la CARICOM, pour demander son annulation et le rétablissement de la nationalité de ces Dominicains, mais ce fut en vain. La décision tient jusqu'à maintenant en ce sens que dès qu’il s’agit de Haïti, la République dominicaine se permet d’agir en belligérant, car visiblement, Haïti représente une entité négligeable sur la scène internationale.

En outre, ces dernières années, l’immigration des Haïtiens vers la République dominicaine a changé de phase. Si avant, elle concernait pratiquement les paysans, ce n’est plus seulement cette partie de la population qui fuit Haïti pour se rendre en République dominicaine. On a constaté une immigration estudiantine, car des dizaines de milliers de jeunes haïtiens laissent Haïti pour aller étudier dans ce pays, dans une certaine mesure, on peut même dire que la République dominicaine forme les futures élites d’Haïti. Au-delà de cette immigration estudiantine, on enregistre une immigration d'affaires, car la plupart des investisseurs haïtiens délocalisent leurs entreprises à la République dominicaine. Et ces deux dernières années, une troisième forme d’immigration vient jalonner cette dynamique, laquelle concerne une immigration culturelle, car bon nombre d’artistes haïtiens se trouvent en République dominicaine. Pour structurer cette dernière, un festival de musique haïtienne a même été créé. Notons que dans cette liste, on n’a pas mentionné les hommes et femmes politiques haïtiens qui font de la République dominicaine leur « vraie patrie ».

Le développement toujours plus croissant de la communauté haïtienne en République dominicaine effraie les nationalistes dominicains et réveille les vieilles querelles historiques entre les deux pays. De plus, le nombre de naissances en République dominicaine, par des femmes haïtiennes, malgré les mauvais traitements qu'elles subissent dans les hôpitaux, ne cesse d'augmenter. De septembre 2021 à juin 2022, 32 000 naissances de mères haïtiennes ont été enregistrées, indique un article du journal Listin Diario, selon les autorités dominicaines.

Chez nos voisins dominicains, comme dans de nombreux autres pays, la migration est un sujet fondamental dans les débats politiques, notamment lors des élections. En juin 2022, les autorités dominicaines ont rapatrié plus de 7000 Haïtiens. Cependant, parmi les milliers d’Haïtiens s'y trouvent, selon Enrique Garcia, Directeur général de la Migration dominicaine, seuls 31 000, suivant des données, détenant une résidence légale.

Rappelez-vous que la République dominicaine n'avait pas signé le Pacte de Marrakech, au Maroc, officiellement appelé Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté en 2018,  qui est un pacte mondial de l'Organisation des Nations unies visant à « couvrir toutes les dimensions de la migration internationale ».

À mon avis, l'organisation de la « Marche patriotique » le samedi 6 août 2022 par l'Institut Duartino Wilson Gomez, mais qui visiblement est une marche anti-haïtianiste, où son président a déclaré qu'il est urgent de stabiliser Haïti, considérant qu'il est passé d'un « phénomène migratoire » à un « exode envahissant et occupant », est la première des initiatives qui montrent clairement que les compatriotes qui y vivent sont confrontés à d'énormes difficultés.

 

Witzer MESADIEU,

Politologue et Juriste,

Consultant politique.

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