Le peuple haïtien doit élire des leaders politiques compétents et intègres à la tête de l'état. Les vertus politiques et la recherche du bien-être par la bonne gouvernance fondent la nécessité de ce choix. Mais, si le peuple n'est pas un peuple vertueux il ne peut se donner des gouvernants qui possèdent cette qualité. Aussi, il risque d'être confronté à l'immoralisme qui caractérise l'histoire de la gouvernance politique d'Haïti, avec les dysfonctionnements institutionnels que nous appelons la crise structurelle, avec la violence criminelle et le dépérissement des pouvoirs publics qui sont les symptômes observables. Aussi, l'état et la nation haïtienne se retrouve sur le banc de la communauté internationale pour un permanent apprentissage de la moralité publique. Mais, cela n'aide pas à l'amélioration de la performance politique des dirigeants, car l'enseignant n'est pas de bonne foi. Pourquoi cette enseignement de la vertu se fonde sur la mauvaise foi voudrait-on sans doute de se demander, quand on réfléchit à l'urgence de moraliser les pratiques politiques en Haïti.
Parce que le Tiers-mondisme, comme la fabrication d'une pauvreté dans les pays riches de ressources naturelles, est une invention du néocolonialisme qui met en place dans ces pays des gouvernements incompétents et corruptibles, la gouvernance dans le Tiers-monde est une pratique d'une éducation morale dictée par la mauvaise des pays du Nord. Dans la réalité des rapports Nord-sud qui ne doit pas occulter l'histoire des rapports maître-esclave, il n'y a pas d'extension morale vers les pays dominés, quand les entreprises transnationales et les organismes internationaux traversent les frontières conditionnées par les grandes puissances pour aller s'installer dans ces sociétés de grandes disparités économiques, de fort taux d'analphabétisme, et d'ingouvernabilité politique.
Haïti n'a jamais cessé d'être un cas exemplaire de ces expériences de pillage des ressources du Tiers-monde et de la dépendance des institutions étatiques des acteurs politiques étrangers depuis l'avènement de Jean Pierre Boyer jusqu'à ce CPT qui souffre de son agonie, après avoir été confectionné dans les coulisses de la communauté internationale comme une solution de saupoudrage et de diversion. Le contraste entre l'histoire de la corruption des hommes politiques des trois dernières décennies et les sanctions tardives des pays et des organismes de la communauté dissimule la mauvaise qui est liée à une pseudo extension morale des rapports politiques interétatiques. Il faut comprendre qu'il y a mauvaise au regard des mécanismes institutionnels et politiques qui ne cessaient de légitimer les hommes et femmes sanctionnés, à travers les voyages, les rencontres et les réceptions diplomatiques. Tandis que les clameurs publiques ne manquaient pas d'indexer ces personnalités qui étaient les hôtes permanents des ambassades étrangères en Haïti et les chancelleries dans les pays coopérateurs, ou patrons des gouvernements haïtiens.
Donc, les sanctions ne viennent pas moraliser les pratiques politiques haïtiennes. Mais, elles sont la punition des maîtres qui veulent «dociliser» leurs esclaves qui osent afficher une étincelle de sentiment de liberté. Mais, qu'attendent ces esclaves timides pour rejoindre les marrons qui sont dans les quartiers déshumanisés par les projets de la communauté internationale, ou qui sont en fuite dans le pays en dehors en raison de la violence de l'armée des maréchaussée que sont les gangs armés, pour reprendre la souveraineté nationale et reconstruire un pays qui regorge de richesses? Peut-être un peu.de courage politique...
Cheriscler Evens
Professeur et journaliste
Le néocolonialisme n'enseigne jamais de moralité aux peuples qu'il pille!
