Le Bureau National de la Défense des Droits de l’Enfant et de la Femme (BUNADDEF), dans sa mission de promouvoir les droits humains et la démocratie en Haïti, surtout de défendre les droits des plus démunis, les droits inaliénables, imprescriptibles et inhérents à la personne humaine, en particulier ceux des enfants et des femmes, victimes des abus de droit, dénonce l’augmentation des cas de violences sexuelles qui prennent des proportions de plus en plus alarmantes et inquiétantes en Haïti, cette situation connaît une véritable explosion depuis la domination des gangs armés dans l’Ouest, de juin à novembre 2025 cela ne fait que s’empirer, et BUNADDEF interpelé par les crimes de viol dans le pays, alerte l’État sur cette triste réalité.
BUNADDEF condamne fermement l’inaction de l’État haïtien dans l’éradication des crimes de viol. Fort du constat selon lequel le viol sur les femmes et les filles est devenu monnaie courante. Les gangs armés utilisent le viol, y compris le viol collectif, et d'autres formes de violences sexuelles pour répandre la peur, punir, soumettre et faire souffrir les populations locales dans le but ultime d'étendre leur influence dans la zone métropolitaine. En septembre 2025, près d’1,5 million d'habitants de Port-au-Prince vivent dans des zones contrôlées par les gangs armés.
Du même coup, les gangs armés de part leur extension deviennent eux-mêmes un contre-État qui s’opposent à toute autorité. L’organisation de leurs modes d’opération est devenue clairement cette manifestation spectaculaire d’un pouvoir informel. Ils sont en mesure de commettre des actes de violences sexuelles et d'autres violations des droits de l'homme en raison de l'impunité généralisée et de la facilité d'accès aux armes de gros calibres et aux munitions provenant du trafic illégal depuis l'étranger. Des femmes, des filles et des garçons de tous âges, ainsi que, dans une moindre mesure, des hommes, ont été victimes de crimes sexuels d’une extrême violence. Des enfants âgés à peine 10 ans et des femmes âgées ont été soumis à des viols collectifs pendant des heures devant leurs parents, leurs enfants lors des attaques contre leurs quartiers, certaines de ces victimes ont été mutilées et exécutées après avoir été violées. D'après le rapport du Secrétaire général de l’ONU le 22 octobre 2025, entre mai et aout 2025: 635 femmes et filles ont été victimes de violences sexuelles à Port-au-Prince, dont les viols collectifs représentent 85 % des cas enregistrés (BINUH). Puis, dans les attaques des gangs armés dans les zones périphériques et rurales de Port-au-Prince, dans les départements de l’Artibonite et du Centre entre le 1er juillet et le 30 septembre 2025: 1 247 personnes ont été tuées au moins, 710 blessées, 145 enlèvements contre rançon, et 400 victimes de violences sexuelles (OCHA-BINUH), en date du 12 novembre 2025. Qui pis est, le nombre des victimes ne fait que s’augmenter jusqu’à aujourd’hui.
En effet, BUNADDEF note que n’importe qui peut être victime du viol à n’importe quel moment de la vie, soit à la maison, à l’école, au travail, à l’église, au marché, dans les rues. On doit éviter de stigmatiser les personnes victimes du viol, il faut leur apporter du support moral. Il faut la conjugaison de toutes les forces vives de la nation pour informer, former et sensibiliser toutes les couches de la population, ceux qui vivent dans les milieux les plus reculés du pays sur la nécessité de mettre fin à ce phénomène. Aussi, le viol est puni dans le code pénal haïtien aux articles 278 et suivants, et est considéré comme un crime selon le décret du 6 Juillet 2005.
Enfin, selon BUNADDEF, l’État haïtien a la responsabilité de prendre les mesures pour enrayer le phénomène du viol. Il doit éliminer la discrimination dans les quartiers défavorisés, et donner à la société des moyens pour les combattre. Car, les droits à la sécurité et à la vie sont des droits fondamentaux qui doivent être garantis par l’État selon l’article 19 de la Constitution Haïtienne de 1987 et les conventions internationales. D’un autre côté, tous les secteurs de la vie nationale sont concernés, comme : l’Office de la Protection du Citoyen, le Ministère de la Condition Féminine, les institutions publiques et privées qui travaillent pour le respect des droits humains, des femmes et des filles. Tous ces secteurs sont admis à apporter de leur côté la part dans la lutte visant à offrir à la société haïtienne un espace ou le crime de viol est réduit à néant. Chaque citoyen a des droits et des devoirs civiques aussi à accomplir, comme celui d’apporter assistance à une personne en danger selon l’article 52 de la Constitution haïtienne de 1987, et fournir de bonnes informations aux autorités étatiques sur la situation du viol qui se produit dans sa localité respective. Les organisations féministes doivent se constituer en des groupes de pressions pour contraindre l’État central et local à agir. En conséquence, l’État doit garantir le droit des femmes et des filles, et prendre des mesures pour éradiquer le viol qui affecte le bien-être des victimes. À partir de cette note, BUNADDEF espère que l’État haïtien assumera ses responsabilités.
Shelove BELY, Av.
Coordonnateur Général
