Le fiasco de Glasgow

Du 31 octobre au 12 novembre 2021 s’est déroulée à Glasgow, en Écosse, la COP 26 ou Conférence des Parties, sur les changements climatiques. La COP réunit les représentants-es des Parties, c’est-à-dire les États signataires de la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), mais aussi des acteurs non étatiques : collectivités territoriales, organisations non gouvernementales (ONG), scientifiques, lobbyistes, etc.


La COP c’est surtout le rendez-vous de celles et ceux qui veulent maintenir le système néolibéral qui met l’Humanité et la Vie sur Terre en danger.
La COP c’est le temple du climate washing, à l’instar du green washing, du humanitarian washing ou du democracy washing. Le climat n’y est pas une cause à défendre, mais un argument commercial négocié en milliards, comme le sont l’environnement, l’aide humanitaire ou la démocratie. Le système économique actuel repose sur l’exploitation outrancière des ressources naturelles. Ni les multinationales ni les États-nations qui leur sont soumis n’ont intérêt à remettre en cause un système extrêmement lucratif pour une minorité de nanti-es. Du côté des ONG, le climat est devenu le fonds de commerce de bon nombre d’entre elles. Là encore, pas beaucoup d’espoir pour le climat et la justice sociale. C’est indécent.


La COP c’est aussi la salle de classe où les pays riches font la leçon aux pays pauvres [1] et aux peuples autochtones. C’est cynique.


L’organisation Les Amis de la Terre France estime que « les engagements des États pendant la COP26 nous emmènent vers un réchauffement de 2,4 à 2,7 °C en 2100 » [2]. On est bien loin des 1,5°C de l’Accord de Paris ! Qu’à cela ne tienne, au lieu de protéger le climat, on changera les objectifs ! C’est minable.


La COP n’invente pas le monde de demain et ce ne sont pas les milliards qui sauveront le climat et la Vie sur Terre. Ce qui sauvera le climat et la Vie sur Terre c’est la radicalité. Radicalité dans des politiques publiques audacieuses, à la hauteur des enjeux contemporains et futurs, portées par des personnalités intègres. Radicalité dans l’engagement citoyen pour restaurer la démocratie, la vraie.


Dans les sociétés dites modernes, la consommation à outrance et les technologies d’information et de communication font des humains des êtres aliénés, incapables de discernement ou d’esprit critique, volontairement soumis, ce qui fait bien le jeu de ce système dominant où le matérialisme remplace le fouet, où l’individualisme remplace la solidarité.


Et Haïti dans tout cela ? Haïti était représentée par une délégation menée par le ministre illégitime d’un gouvernement illégitime, qui s’arroge le droit de parler «  au nom du peuple haïtien » [3], sous le regard complaisant d’une communauté internationale qui se réserve l’exclusivité de la démocratie. Haïti suit donc le mouvement. Haïti, petit pays insulaire vulnérable revendique ses miettes. Haïti n’invente pas. Haïti n’innove pas. Haïti mendie. Haïti a bien appris sa leçon, elle adopte le jargon de mise : transfert de technologies, changement de paradigme…


Haïti ne réclame pas des milliards pour sauver le climat et la Vie. Non, les bandits légaux ont besoin de cette manne pour la dilapider comme ils ont dilapidé le fonds Petrocaribe. Il est en effet plus facile de mettre la main sur le fonds vert que de lutter contre l’évasion et la fraude fiscales, la contrebande, la corruption et l’impunité.


En Haïti la crise climatique est avant tout politique. Elle est intimement liée à la restauration de la démocratie et l’état de droit. En ce sens, la lutte pour le climat et la Vie concerne les citoyen-nes. Il est temps qu’ils se bougent pour que l’avenir ne leur tombe pas sur la tête.

 

David Tilus


@gafehaiti, novembre 2021

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