Un livre très éclairant du professeur James Boyard sur l'insécurité en Haïti…

Puisant comme à son ordinaire dans l’actualité nombre des sources d’inspiration à l’origine de ses œuvres écrites, le professeur James Boyard dans un contexte qu’on qualifierait de prémonitoire par rapport à l’assassinat de feu du Président Jovenel Moïse et des secousses sismiques dévastant le grand Sud, a publié en juin dernier un nouvel ouvrage dont bien de nos universitaires se délectent déjà avec plaisir et satisfaction…

Intitulé « le procès de l’Insécurité : Problèmes, Méthodes et Stratégies », ce livre d’une grande portée politique dans les débats en cours, relance en bien de ses aspects, un sujet dont le moins qu’on puisse dire, est qu’il était considéré comme tabou chez nos clercs et surtout chez les membres de la classe politique. L’exégète, voire le lecteur critique comprend d’emblée que l’auteur « James Boyard » a produit un travail de DEMYSTIFICATION qui provoque bien des remous dans le landernau.-

L’avant-propos qui vient à la page 13, ne fait aucun mystère à ce sujet, et est même d’une franchise brutale… Nous retiendrons en effet ; « En lisant ces lignes, vous allez certainement vous rendre compte que cet ouvrage n’est pour nous qu’un prétexte pour dénoncer les : mains politiques de l’ombre de l’insécurité » Nous voulons parler évidement des entrepreneurs politiques qui instrumentalisent des gangs armes à des fins de violence politique. Nous voulons aussi parler des membres du secteur des affaires qui financent les violences criminelles, le kidnapping ou trouble à l’ordre public pour conserver le statu quo commercial. Nous ne pouvons ne pas mentionner ces journaleux derrière le micro de certaines émissions de radio à grande écoute qui, pour faire le buzz, n’hésitent pas à verser dans le terrorisme publicitaire. Que dire alors de ces puissances ou institutions étrangères qui ambitionnent de maintenir Haïti dans une condition d’État minimaliste afin de continuer à profiter des avantages politiques et économiques induits de sa situation d’ingouvernabilité ? »

Tel est l’engagement pris de manière solennelle et qui induit inéluctablement l’orientation méthodique du travail de recherche vers l’éclairage rationnel et scientifique de points cruciaux de la réalité tragique et douloureuse du drame national de l’insécurité…
Quelles sont au fil de la conduite des investigations phénoménologiques illustratives, les bases d’appui existentielles et socio-institutionnelles du DENI DE SÉCURITÉ (situation dans laquelle Haïti va plonger tête baissée aux alentours des années 1994 ?
La systématisation des Faits à partir de :

1.- l’angle de vue analytique-projectif adopté, est le suivant à bien comprendre les propos du politologue James Boyard à la Page 20 du livre : « Dès lors, sous couvert d’un militantisme droits humanistes, les forces armées haïtiennes qui remplissaient depuis la fin de l’occupation américaine en 1934 le rôle de « garant de l’ordre social interne » ont été démobilisées et remplacées avec la bénédiction de la communauté internationale par une force de Police civile sous-équipée et sous-entraînée (....)

Outre le démantèlement de l’institution militaire, d’autres structures formelles ou auxiliaires de sécurité telle, les services de renseignements territoriaux constitués par les ‘’Chefs de section’’ et leurs agents de proximité, dits ‘’Choukèts lawoze’’ les auxiliaires de sécurité dénommés les ‘’Attachés’’ et les institutions informelles de règlement pacifiques des différents communautaires ont été tour à tour désintégrés. Ce fut donc dans un climat de vide institutionnel en matière de contrôle du territoire et de la population qu’il nous a été donné d’assister depuis le retour de l’ordre démocratique en 1994 à l’émergence de plus en plus croissant de groupes criminels armés cherchant à exercer un contrôle monopolistique sur les bidonvilles et les quartiers défavorisés ceinturant la capitale et les grandes villes de province (…) »

L’observateur impartial et le lecteur objectif qui parcourront ces écrits conviendront aisément que le professeur James Boyard s’est armé d’un courage évident pour, avec patriotisme, remonter le « cours historique » des tourments et épisodes historiques à l’ origine de nos déboires et malheurs d’insécurité.-

Le mérite de l’auteur est là-dessus d’autant plus grand que, sans concession aucune, il s’est livré par ailleurs à une analyse impérative/situationniste de l’état des lieux institutionnels de notre Police nationale. Cette partie particulièrement instructive et fort appréciable dans la rédaction du texte de cet ouvrage de 435 pages apparait à la page 10 sous la forme d’un « commentaire-préface » de Monsieur Mario Andresol (ex-commandant en chef de la Police nationale.)

Parcourons ensemble cet Inventaire non exhaustif que pour notre part nous concevons sous le titre :

2.- Le Dire de l’auto-critique douloureux…

L’ancien haut dirigeant de la PNH en la personne de Monsieur Mario Andresol signale ce qui suit :

« Bien entendu, l’auteur ne pourrait pas dresser de manière crédible et sans partie pris l’inventaire des facteurs en cause dans la faillite de la gouvernance sécuritaire en Haïti, sans ne pas insister sur les principaux déficits de la Police nationale d’Haïti, tant au niveau structurel qu’au niveau relationnel (…) ».

On conviendra donc sans ambages que cette remarque est automatiquement suivie d’une savante énumération qui fait un judicieux et remarquable détail des divers types de crises qui ébranlent et condamnent la PNH à voguer sur les eaux tumultueuses d’un remue-ménage constant… À mes yeux de Buildar-politologue simulationniste, ce passage de la préface en outre aménage des pistes de recherche vraiment formidable dans un futur proche.-

Abondamment illustré dans une perspective de modernisation théorico-didactique des PRAXIS de l’enseignement par des schèmes graphiques recouvrant à la méthode du coloriage, surtout dans les trois derniers chapitres, la solide étude du professeur James Boyard pour finir comporte une surprise de taille !

Celle-ci concerne le Chapitre II qui débute en page 139 et à propos duquel on fera l’usage de l’intitulé suivant :
3.- l’insécurité en provenance du dieu *nature…

Sans muser en chemin, le professeur James Boyard saisit le taureau par les cornes et écrit le paragraphe suivant au commencement de la page 139 :

« En dehors de l’insécurité judiciaire, les catastrophes naturelles demeurent encore une autre catégorie de nouvelle menace de sécurité majeure à laquelle est exposée de manière permanente une grande partie de la population haïtienne. Et cette crise de l’espace physique vital et de l’écosystème haïtien peut-être mise en relation avec des pratiques d’exploitation abusives du sol et des ressources naturelles qui remontent à l’origine même de la colonie de Saint-Domingue.»

Coup de semonce frappant de plein fouet les artisans de nos malheurs semant ici et là les braises de l’insécurité, la dernière production livresque du professeur James Boyard relative à cette thématique ne pouvait avoir meilleur analyste.
Pédagogue émérite, politologue d’une indéniable capacité de vision notre ami et confrère James Boyard, une fois de plus a trouvé où faire apprécier son talent.

Au terme de sa véritable « Encyclopédie de l’insécurité » qui récolte déjà un notoire succès de librairie, nous voulons par-dessus tout l’encourager vivement dans la voie qu’il s’est tracée d’édifier nos contemporains sur des questions de capitale importance dont ils ignorent bien souvent, trop souvent…dirais-je, les tenants et aboutissants.-

Docteur Henri-Robert Sterlin (Institut d’Études politiques de Paris) et I.I.A.P…
Professeur de Sciences politiques et d’Économie de la Mondialisation à L’INAGHEI

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