6 ans après, toujours d'actualité.
Depuis quelques jours le mot « système » domine l’actualité. Sur toutes les lèvres. Dans tous les esprits. Responsable de tous les malheurs causés par la mauvaise gouvernance dans tous les secteurs.
Qu’en est-il du secteur sportif ? Est-il victime ou bénéficiaire du système ?
C’est une lapalissade de dire que le sport est le secteur le plus négligé par l’État. Le constat global est décevant et alarmant. Pas de législation sportive appropriée. Pas de politique nationale sportive visionnaire, réaliste et adaptée. Document de Politique Nationale du Sport édité en février 2011 non diffusé. Maigre budget octroyé par l’État. Mauvaise organisation de la pratique du sport. Absence d’infrastructures adéquates. Manque d’encadrement des cadres formés et des athlètes. Prise en charge au rabais des représentations internationales. Résultats internationaux mitigés. Politisation du sport, sans aucune retombée réelle sur la promotion et le développement. Leaders politiques et gouvernements s’en donnent à cœur-joie, de manipulation en manipulation toujours en quête de récupération et de visibilité. C’est le triste constat de l’impact négatif qu’aurait occasionné le système tant décrié.
Mais le sport ne serait-il pas aussi victime d’intra-systèmes dominant le fonctionnement des différentes structures sportives ?
Le monde sportif, de par les valeurs inhérentes même au sport, aurait du dominer et prendre le leadership des autres mondes sociaux tant religieux, culturel que politique. Malheureusement il s’est laissé traverser par les mêmes tares, les mêmes clivages, les mêmes antagonismes criants, les mêmes contradictions, les mêmes maux comme l’individualisme, l’hypocrisie, la jalousie, le manque de courage, l’immoralité, l’irrespect et tant d’autres.
C’est une autre lapalissade de dire que l’espace sportif haïtien est difficile et contraignant. C’est un constat criant. Il faut du courage, de l’amour, de la passion et de l’abnégation pour y vivre et y rester. Manque de leadership. Manque de solidarité. Méfiance inter-associative, intra et interfédérale. Déficit de gouvernance et de fonctionnement. Tendance à la politisation malsaine. Déperdition des talents. Découragement de la plupart des athlètes de la plupart des disciplines. Découragement et Désengagement de la plupart des dirigeants, sauf « des fous » qui se décapitalisent et s’y attachent encore, mordicus.
Comment influencer le système dans l’intérêt du sport ? Comment faire face au système ? La politique s’est toujours servie du sport. Pourquoi pas l’inverse ? Pourquoi le sport ne se servirait-il pas de la politique ?
L’ancienne Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a écrit « Dans chaque société, le sport fait rêver et représente une force fabuleuse de transformation positive – nous devons tout faire pour tirer parti de ce pouvoir. »
C’est bien dit. Mais il faudrait d’abord repenser le savoir-être, le savoir-dire, le savoir-vivre, le savoir-faire. Il faudrait rompre le cloisonnement interfédéral. Il faudrait mettre fin à l’hypocrisie latente. Il faudrait construire et renforcer la solidarité intra et interfédérale.
Le monde sportif haïtien est riche en ressources humaines multidisciplinaires, inexploitées, sous-exploitées, inconnues, ignorées, fonctionnant malheureusement soit en vase clos, soit en « grenn senk », soit en petits clans tant en Haïti que dans la diaspora.
Pourquoi ne pas construire une véritable Structure Sportive Unitaire et Solidaire (SSUS) capable de mobiliser les « forces sportives » que sont les fédérations, les associations, les clubs, les athlètes et aussi les parents pour un Projet National de Développement du Sport ? Cette Structure des forces sportives serait une interlocutrice de poids face aux autorités sportives étatiques, olympiques et même internationales. Avec pour mission de :
1- harmoniser les relations interfédérales
2-se pencher sérieusement sur de meilleures stratégies d’application de la formule « IRI » d’Implication, de Responsabilisation et d’Intégration de la Diaspora à travers ses ressources humaines, techniques et financières
3- redéfinir les relations avec le MJSAC et le COH
4-lancer une pétition pour une Législation sportive et une véritable Politique Nationale Sportive de Pratique de masse, de Détection de talents, de Développement, de Promotion, d’Encadrement des athlètes à travers les Clubs et associations et de Prise en charge des Sélections Nationales.
5-sensibiliser et responsabiliser le Secteur privé
6- repenser les accords de Coopération Internationale sur le plan sportif
7-repenser les accords avec le CIO et les Fédérations internationales
8-construire et consolider la Pyramide Haïtienne de Développement du Sport basée sur le leitmotiv :
Par, Pour, Avec, A travers et Dans le Sport dans la Discipline, l’Ordre et le Respect
Vers le Renouveau et l’Avenir !
Dr Romel Jean-Pierre
Limonade
