Qatar 2022 : Allez les Bleus, mais de quel bleu et de quel côté ?

Ce texte est le résumé d’une courte conversation téléphonique avec un ami qui vit en France avec sa famille depuis plusieurs décennies. Effectivement, après la victoire de l’équipe de France contre celle du Maroc mercredi soir, il m’avait appelé pour me faire part d’un problème qu’il a eu avec sa femme.

priori, j’avais vraiment peur de demander à mon ami que s’était-il passé entre lui et sa femme chérie qu’il aime tant, mère de ses trois enfants.

 

Je respire. J’ai gardé mon souffle. Et pendant quelques secondes, je ne savais que dire à mon interlocuteur qui, lui, au bout du fil, était silencieux. 

 

Au moment ou j’ai cherché les mots justes pour formuler ma question, j’ai pu entendre sa femme lui poser cette question : chéri, c’est à quelle est l’heure la finale ?

 

C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il n’y avait absolument rien de grave.  Et que mon ami et sa femme vont bien. Même trop bien.

 

Je respire, et dis à mon ami : quel est donc le problème ?  C’est à ce moment-là qu’il m’a fait part de ses préoccupations concernant la grande finale de la Coupe du monde de football dimanche entre La France et l’Argentine.

 

Je pensais, vu le style de jeux différents des adversaires, qu’il parlait d’un problème technique entre les deux équipes. 

 

N’empêche, je demande à mon ami, mais quel est donc le problème ? Je ne comprends pas ? C’est à ce moment-là qu’il explique : Tu sais que ma femme est non seulement de nationalité argentine, mais elle est aussi, supportrice malade, et même folle de Lionel Messi et de l’équipe d’Albiceleste. Pour l’emmerder un peu, je disais, je ne savais pas que tu étais jaloux. Tu es trop vieux pour cette histoire, disais-je sur un ton bien comique.


Il m’ignore complètement, puis continue pour dire que sa famille a des tickets pour la finale de dimanche. Je réponds, vous êtes chanceux puisqu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir des billets pour assister à une grande finale de coupe du monde de football. 

 

D’une voix beaucoup plus élevée, mon interlocuteur accentue : il parait que tu n’arrives pas à saisir un seul mot de tout ce que je te raconte depuis plus de quinze minutes. 

 

Dans un long mouvement offensif d’un jeu sans ballon, j’esquive élégamment mon ami pour, sur ton plus élevé, lui dire : saisir ça veut dire quoi ? 

 

D’une façon plus défensive, mais magistralement, il interceptait mes mots pour finalement me dire : "Je suis Français. Ma femme est Argentine. Et mes enfants sont Français et Argentins. Pour le match, je vais porter les couleurs de l’équipe française. Eux, définitivement, ils vont s’habiller avec celles de l’Albiceleste. Et au stade, on va s’asseoir l’un près de l’autre. 

 

Pour le temporiser dans ses multiples attaques qui se terminent toujours par des tirs anodins, d’une voix beaucoup plus calme, je dis, quel est donc le problème ?

 

D’une façon inhabituelle, l’ami, un peu fâché, me demande : tu n’as jamais eu la chance d’assister à un match international de football ? Doucement, je lui réponds : tout le temps. 

 

Puis brusquement, sa femme prend le téléphone pour ajouter : Ce dimanche, il va y avoir une très grande confusion dans le stade quand nous aurons à chanter : allez les bleus, par ce que comme la France, l’Argentine est aussi bleu. 

 

Ne voulant pas aller dans les prolongations d’une discussion qui n’en finit pas, pour mettre fin à une question de couleur, je dis à la femme de mon ami, c’est simple : vous aurez quand même une différence à faire, puisque les bleus ne sont pas les mêmes.

 

Et pour éviter plus de confusion au sein d’une famille qui est déjà confuse, j’encourage deux choses au couple. Premièrement, de donner le plein support aux arbitres qui, définitivement, ne seront pas habillés en bleu.

 

Et à défaut, je recommande au Monsieur et à Madame, aussi bien qu’aux enfants, de faire comme aurait pu faire un fanatique malade du Brésil qui est haïtien, mais surtout un nationaliste dessalinien. 

 

Ce fanatique vous dira : qu’il est neutre. Son mondial est terminé depuis le match du Brésil contre la Croatie vendredi dernier. Il vous dira aussi qu’il regarde le match par ce que tout simplement il aime le football. Mais il ne va pas supporter ni l’Argentine avec qui il y a une grande rivalité ni la France, le pays des anciens colons. L’unique bleu qu’il aime et supporte, c’est le bleu et rouge que portent les grenadiers dans les grandes compétitions internationales de football. Donc, allez les bleus et rouges pour l’un des billets de qualification à la prochaine coupe du monde de 2026. 

 

 

Esau Jean-Baptiste

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES