UNESCO: la place des femmes d’Haïti entre la peinture, la littérature et le patrimoine !

Dans la salle Miro de l’UNESCO à Paris, la célébration du 250e anniversaire de la naissance de Catherine Flon a été réalisée autour des discours officiels, d’une exposition, d’une projection, des conférences présentées par plusieurs intervenants, des hommes et des femmes qui se passent de présentation.

Dans cette nouvelle initiative portée par la Délégation permanente d'Haïti auprès de l’UNESCO, madame l’ambassadeur, déléguée permanente Dominique Dupuy, entend contribuer ainsi à renforcer la présence d'Haïti sur l’agenda de l’UNESCO. Au lendemain de l’inauguration de l’exposition, une première conférence avait été présentée le jeudi 9 mars 2023, par l’artiste peintre Pascale Faublas et le professeur Dominique Domerçant autour du thème: “Peinture, littérature et patrimoine: quelle place pour la femme au XXIe siècle”.

Des diplomates étrangers ont pris part à cette activité réalisée en l’honneur du personnage historique de Catherine Flon, parmi lesquelles ont peut citer ambassadeur, déléguée permanente de Cuba auprès de l’UNESCO, madame Yahima Esquivel Moyleno, qui a assuré l’introduction à l’ouverture de cette causerie à la fois culturelle et diplomatique.

Dans sa communication, l’artiste peintre Pascale Faublas a fait le survol de l’histoire de la peinture haïtienne, en se basant sur certaines références historiques, entre les créateurs et les institutions. « Nous sommes avant tout ,héritières de plusieurs générations de femmes artistes haïtiennes, peu nombreuses, méconnues, mais initiatrices, fondatrices de l’art au féminin dans un milieu essentiellement patriarcal sinon misogyne. »,  rapporte l’artiste qui souligne qu’en effet : « Au début du 20e siècle, sur près de 800 peintres et sculpteurs recensés, 90 environ sont des femmes et seulement 10 sont d’origine populaire. (Mireille Jérôme). La plupart des femmes qui font carrière dans la peinture sont issues de la bourgeoisie et de l’aristocratie haïtienne et ont eu le privilège de fréquenter les meilleures écoles d’art à l’étranger. »

Dans une transition, pour passer du rappel des points importants sur l’histoire de la peinture ou des arts plastiques en Haïti, à la présentation de ces œuvres et de son parcours artistiques, l’artiste Pascale Faublas précise en ces termes : « N’étant pas une spécialiste ,ni une historienne de l’art ,cependant riche de près de 30 ans de carrière en tant que plasticienne, ayant vécu et travaillé en Haïti jusqu’à très récemment parce que nouvellement immigrante en France ; je pense que mon parcours , mon expérience de vie de femme plasticienne haïtienne peut illustrer celui de bon nombre de mes contemporaines. Une formation acquise sur le tas, une carrière menée au gré des rencontres et des expériences de vie. Une vie exposée aux aléas sociopolitiques propres à notre pays, avec très peu de moyens et d’encadrement institutionnel étatique et social. », et pour conclure : « Mon parcours artistique a débuté dans les métiers d’art et l’artisanat local avec la création d’Atelier Kreyòl en 1984. »

De façon à dégager des perspectives autour de la problématique de la place des femmes dans les champs artistiques, en particulier dans la peinture,  l’intervenante invitée a pris le soin de rappeler : « Aujourd’hui, en 2023 ,on ne parle plus de peinture, mais d’arts plastiques, d’art visuel englobant les multiples formes d’expression artistique ; peinture, sculpture, mixed media, photographie, vidéographie, gravure et autres techniques d’impression, arts numériques,  arts textiles ,performances et toutes les combinaisons possibles. Sans compter les illustrations et couvertures d’ouvrages, les publications ,catalogues, monographies et autres.  Aujourd’hui , avec l’expansion de l’internet, le marché de l’art s’est quelque peu démocratisé. » Les plateformes de diffusion de l’art  (musées, galeries, centre culturels, fondations,  organisations internationales, et organisations de la société ) se sont diversifiées et sont plus accessibles. Pourvu que l’artiste ait les moyens de communication requis , ce qui n’est pas encore le cas dans nos contrées.

De la place des femmes dans la littérature, en passant par les modèles les plus inspirantes, parmi lesquelles on peut citer les sœurs Trouillot, Yanick Lahens, l’actuelle ministre de la Culture et de la Communication Emmelie Prophète Milcé, les sœurs Madeleine Sylvain Bouchereau et Suzanne Comhaire-Sylvain, en dehors des figures féminines littéraires de la diaspora telles que Edwidge Danticat, entre autres. Quels sont les défis et les opportunités pour les filles et les femmes haïtiennes.

Dans sa communication, l’intervenant Dominique Domerçant a porté ses échanges autour de la place de la femme dans les industries culturelles et créatives en Haïti, et dans les champs patrimoniaux en particulier.

Dominique Domerçant a fait un survol sur les avancés significatives des femmes haïtiennes dans le champ de la littérature (locale et internationale), en prenant en compte la place de ces dernières dans les différents maillons de cette chaine, en dehors d’une sélection de  femmes écrivaines haïtiennes invitées dans les salons et foires du livre, quand elles ne sont pas sélectionnées ou honorées à travers des distinctions et des prix pour la qualité de leurs publications.

Dans le survol de la présence de la femme dans le champ patrimonial en Haïti, le professeur Dominique Domerçant, actuel conseiller au Bureau haïtien du Conseil international des Musées (ICOM Haïti) et membre du Conseil consultatif de la Chaire UNESCO en Histoire et patrimoine de l’Université d’État d’Haïti, a pris le soin de rappeler le rôle important de grand nombre de femmes dans la gouvernance de plusieurs institutions culturelles hautement stratégiques en Haïti, tout en déplorant le peu de place accordée en Haïti, dans les villes du pays, aux monuments et statues valorisant les personnalités historiques et les célébrités féminines qui doivent servir de modèles pour inspirer les filles.

Durant sa communication, l'écrivain et auteur de l'ouvrage titré: Musée des Femmes d'Haïti,  Dominique Domerçant a pris le soin de présenter parallèlement un état des lieux du secteur culturel, artistique et éducatif en Haïti, en lien avec la valeur ajoutée et la vulnérabilité des filles dans le pays. Il en a profité pour poursuivre son plaidoyer pour la promotion d’une meilleure éducation valorisant le travail et les talents des filles à partir des salles de classe, tout en encourageant la création d’un fonds d’investissement pour promouvoir les œuvres des femmes et la représentation des femmes dans la promotion culturelle et le renforcement du patrimoine haïtien. À la fin de son intervention réalisée au siège de l’UNESCO, à la salle Miro, Dominique Domerçant en avait profité pour offrir aux principales intervenantes et femmes diplomates qui l’accompagnaient des ouvrages de la collection du musée numismatique, comme pour montrer la richesse du patrimoine haïtien et la diversité des trésors de la République.

Déléguée permanente adjointe de l’Uruguay auprès de l’UNESCO, madame Christina Mansilla Decesari, a, quant elle, assuré le rôle de modératrice lors des deux interventions présentées par Pascale Faublas et Dominique Domerçant, autour du thème : “Peinture, littérature et patrimoine: quelle place pour la femme au XXIe siècle”. 

Des diplomates représentant les différentes délégations auprès de l'UNESCO, des invités et des professionnels de la culture se sont donné rendez-vous pour échanger autour du sujet. Le professeur Hérold Toussaint,  les diplomates Maryse S. P. Cyprien, Maguet Delva,  Ricarson Dorcé, en dehors des stagiaires, et le chef cuisinier qui permettait à l'assistance de découvrir la diversité de la richesse de la gastronomie haïtienne étaient également présents, comme le rapportent certains des participants, intervenants et organisateurs.   

 

Émerise Petit-Frère   

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