Un festival des grands-parents en Haïti ?

Des générations se renouvellent chaque jour, chaque heure, chaque minute et seconde avec le départ vers le néant des grands-mères, des grands-mères, des plus âgés des oncles, des tantes, des cousins, des frères et sœurs, et rares sont les enfants et les petits enfants qui peuvent jouir ou profiter de la sagesse et des secrets de ces encyclopédies.

 

Dans un pays qui devra se réveiller tôt ou tard avec des jours meilleurs, il faudrait penser à inscrire l’organisation d’un festival national des Grands-parents, dans l’agenda national, dans l’agenda des familles, des villes et des quartiers pour célébrer la longévité et l'opportunité pour deux à trois générations de se croiser, se communiquer, et se compléter. 

 

Des musiciens viendront chanter, interpréter et danser des vieilles chansons au ton de ces aînés pas toujours aimés, appréciés et compris que jusqu'au soir du deuil parfois trop tard. Quelques portraitistes dans chaque quartier ou certains petits enfants parmi les plus brillants dessinateurs vont tenter de les représenter à travers des dessins au crayon, le visage et les sourires des grands-parents. Quel plaisir de célébrer la vie avant de partir, pour ceux et celles qui auront la chance de vieillir dans ce pays transformé en un véritable cimetière attractif ces derniers temps. 

Dans l'espoir que tous les grands-parents ne sont pas tous et toutes indésirables et intraitables dans leurs refus d'accepter que leurs enfants deviennent des adultes, ou que leurs petits-enfants sont nés dans une autre génération moins enfermée, plus exigeante et formelle, il serait bien de voir des jeunes offrir des cadeaux, décorer des chambres, d’accompagner leurs grands-parents dans les rues, les supermarchés, offrir des vêtements, des gâteaux, des friandises, et surtout cuisiner des plats et d’autres recettes d’antan et atypiques de leurs régions natales, que ces anciens aimaient tellement dans le temps.

 

Dans ce festival des Grands-parents, la musique rétro sera au rendez-vous dans toutes les stations de radios et chaînes de télévision du pays. En dehors de la journée internationale du 3e âge, commémorée le 1er octobre depuis quelques années dans le monde, il est encore temps de se rattraper une fois que la vie reprendra ses droits dans le pays qui garde encore certaines pratiques et manifestations de respect envers les personnes âgées.

 

Dans plusieurs marchés communaux et certains quartiers  dans le pays, et beaucoup plus dans les villes de province et l'arrière-pays, ils/elles sont nombreux/nombreuses les personnes du troisième âge qui continuent de pratiquer l'élevage, le commerce, et de s’occuper parfois de leurs enfants ou petits enfants orphelins, quand ce ne sont pas les parents qui sont absents.

 

Des prix comme distinctions et des concours pour les plus beaux, et plus élégants des hommes et des femmes qui accepteront de se présenter à travers des tenues typiques à leur période, comme d’autres styles qui dépassent les années et les générations. 

 

Des poèmes seront écrits et affichés sur les murs et dans les rues, on changera pendant une semaine les noms des rues et des quartiers, qui porteront les pseudo : "Grann Boutchonn", "Matant untel", "Voisine un tel", "Tonton untel".   

Dans quelle famille et dans quelle ville l’on serait invité à découvrir monsieur ou madame élégant dépassant les soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix ans et plus, pour ne pas déranger la doyenne actuelle ?  Dans le prochain calendrier d’une des plus importantes banques du pays, d’une des plus anciennes institutions centenaires haïtiennes,  on retrouverait l’image de ces beaux visages de la sagesse, remplis de sourires et d’amour pour la vie, les survivants de la nation et des épreuves les plus difficiles, les témoins de la nation et des générations.

 

De quel ministre, de quel chef d’État, de quelle fondation et d’autres institutions phares du pays viendront les premières contributions pour célébrer la vie de ces personnages, tout en encourageant la création de nouvelles institutions destinées à assister les personnes du troisième âge.

 

Derrière les biens matériels, les héritages légués, les fortunes séparées ou non, et les testaments non écrits par ces personnes qui nous entretiennent encore quelques jours, des mois et années avant de partir vers l’infini, il y a un besoin réel de promouvoir une éducation solidaire entre les générations. Ces personnes du troisième âge qui vivent dans ce qui reste comme ville et quartier sociables et vivables en Haïti ne bénéficient pas toujours des meilleurs soins et des traitements les plus valorisants, avec l'éclatement des familles et les violences de toutes sortes. Moins autonomes et moins entretenus sur le plan social, sanitaire, sentimental et émotionnel, économique et environnemental. 

 

Des mères et des pères, des oncles et des tantes, des cousins et des cousines souvent mal remercie après des années d’investissement et de sacrifices, d’autres qui seront vengés pour la mauvaise gestion ou compréhension des actifs et passifs durant leur jeunesse qui viennent payer le prix du karma social et familial.

 

Du pardon pour certain, de la compréhension pour d’autres et surtout de l’empathie pour toutes les personnes du troisième âge, en Haïti, il nous faut non seulement célébrer cette catégorie de personnes retraitées et sans secours, mais également et surtout sensibiliser toutes les institutions sociales et les familles, l’État et les enfants sur l’importance d’apporter de l’assistance  cette catégorie sociale combien si vulnérable.

 

 

Dans ce festival des personnes âgées, ce festival des Grands-parents et du troisième âge,  et des retraités, il faudrait ajouter également des médicaments et des calmants,  à travers l’assistance médicale nécessaire pour calmer certaines douleurs. Impossible de fêter avec des personnes qui souffrent à travers l’esprit et l'âme, le cœur et le corps.

 

Des personnes qui ont survécu des périodes politiques aussi difficiles, des catastrophes humaines et naturelles, des traumatismes de toutes sortes, des épidémies et d’autres crises institutionnelles, générationnelles, politiques, économiques, sociales et culturelles, arrivant au soir de leur vie méritent un dernier hommage de leurs descendants, de leurs héritières, et de tous ceux et celles qui ont grandement bénéficié de leurs sacrifices, de leur sang, de leur gêne et de toutes les autres valeurs acquises et imposées.

 

Dominique Domerçant

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