Les 4,5 et 6 juillet 2022, la première promotion de l’école d’optométrie de l’Université d’État d’Haïti a organisé sa première grande activité de service à la communauté dans ses locaux à la Rue Oswald Durand.
Devant un public diversifié, composé de professeurs, étudiants et professionnels de santé, l’amphithéâtre de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UEH a accueilli le lancement de P.A.S.
Promotion, Action et service, cette activité a été l’estrade idéale pour lever la voile sur cette nouvelle filière de formation en santé en Haïti.
L’Optométrie est une profession de santé autonome qui s’occupe du dépistage et du traitement de certaines maladies oculaires, de la correction des erreurs de réfractions par des équipements optiques.
Conférences, débats, présentations de travaux de recherches, clinique des yeux et visites guidées, les étudiants et personnels de la Faculté de Médecine et de Pharmacie/École de Biologie médicale et d’Optométrie de l’UEH ont conduit ce qu’on pourrait définir comme des journées portes ouvertes sur le métier d’optométriste en Haïti. C’est le Dr Luidji BIlotto qui a donné le coup d’envoi en prononçant une conférence en ligne sur le métier d’Optométriste avec comme traducteur l’optométriste en formation, Christopher Pierre.
Si les thèmes se sont détaillés pour mieux contourner le sujet, d’autres optométristes et ophtalmologues ont complété le panel. Le Dr Ingrid Koumbo sur l’importance de l’Optométrie dans les soins oculo-visuels ; la professeure Elizabeth Nardy sur les relations entre les autres professionnels des soins oculaires et l’optométriste et les docteurs Hector Santiago et Daniel Twelker sur les perspectives de carrière en Optométrie. Il a fallu l’intervention de l’ancien doyen de la FMP/EBMO, l’ophtalmologue de carrière Dr Gérard Marie Jean-Claude Cadet pour étaler l’historique de l’implantation de l’école d’Optométrie en Haïti.
L’école d’Optométrie de l’Université d’État d’Haïti a été inaugurée en avril 2021 sous l’égide du Dr Cadet avec les supports de la fondation Brian Holden et des particuliers comme le Dr Luigi Bilotto. La deuxième en Amérique francophone après celle de l’Université de Montréal. Les prémices de cette école qui offrira bientôt sa première cohorte d’optométristes remonteraient 2008 d’un fructueux échange entre les Drs Cadet et Bilotto. Aujourd’hui c’est une école qui forme ses professionnels aux 4 niveaux de formations requises et reconnues par le World Concil of Optometry, a rappelé le Dr Bilotto, à l’occasion.
Tout en présentant l’optométriste comme ce nouvel élément tellement nécessiteux aux soins oculaires en Haïti, Dr Cadet est revenu sur cette réalité flagrante du nombre restreint d’ophtalmologues dans le pays qui avoisine les 65 pour 10 millions d’Habitants, mais aussi leur très mauvaise distribution géographique. L’homme qui a dirigé plusieurs programmes d’intervention en soins oculaires dans le pays a exposé les chiffres qui informent qu’après 40 ans, 50% des consultations oculaires concernent l’optométriste et avec moins de 10 de ces professionnels en Haïti, le besoin n’est plus à démontrer. Plus loin, l’urgence a été diagnostiquée par l’ancien chef de service d’ophtalmologie à l’HUEH par cette double considération : Haïti accuse le taux le plus élevé de cécité dans la région Caribéenne et la prévention de la Cécité est la 3e priorité de l’OMS.
Quant au coordonnateur, l’étudiant finissant James Bernard Grégoire, le PAS (Promotion, Action , Service) est un ensemble d’action visant d’une part à faire découvrir l’optométrie et comprendre le rôle de l’optométriste dans le système de santé haïtien, mais d’autre part à apporter des réponses en la matière à une population ayant grandement besoin et surtout à prévenir la cécité évitable. À long terme, Grégoire voit en P.A.S une voie d’espoir, un coup de pouce trop longtemps attendu, mais aussi un moyen de sensibiliser les jeunes à s’orienter vers l’optométrie qui est un métier d’avenir en Haïti. Si pendant ses stages il a pu constater que bon nombre de pathologies auraient pu être évitées si les malades avaient accès à de premiers soins, P.A.S est un outil qui entend adresser ces déficits et proposer des solutions palpables.
Anne Christy Orcel qui est étudiante finissante en Optométrie et membre de la coordination s’est dite fière et motivée à promouvoir l’Optométrie en Haïti et cette initiative universitaire est une belle lancée.
Durant ces trois jours, en plus des conférences de vulgarisation sur le métier d’Optométriste, les finissants ont tenu une visite guidée de leurs lieux de formation et prodigué des soins à la population.
Si le vice-doyen de la FMP/EBMO n’a pas tu sa satisfaction, il encourage ses étudiants dans cet élan de service à la communauté qui est en fait une des missions fondamentales de l’Université.
Si le métier d’Optométriste a un avenir en Haïti, l’histoire retiendra certainement que la première promotion d’étudiants de l’École d’Optométrie de l’UEH a assumé son rôle de pionnière à travers le P.A.S.
Bead Charlemagne Charlorin
