A quand un monument ou mémorial en hommage aux journalistes…haïtiens victimes ?

Diego Charles et Antoinette Duclaire étaient avant tout deux journalistes. Le premier dans travaillait encore pour la station Vision 2000, le soir de son assassinat, en compagnie de Netty, Antoinette Duclaire qui, elle aussi, a travaillé pendant un temps pour la radio Télé Pacific, avant de rejoindre les rangs de la Radio Sans Fin, et poursuivre son engagement dans la militance politique et au sein de parti politique "Matris Liberasyon.

D'autres pays ont déjà pris le devant, en érigeant des monuments en hommage aux professionnels de la presse tués ou disparus, à travers le monde.  Si ces statues, ces monuments ou  d’autres constructions qui vont servir de mémorial ne vont pas les ressusciter, ces symboles vont quand même participer dans la grande campagne de sensibilisation autour de l’importance des journalistes et des médias dans les sociétés modernes . Ces monuments participent également à la valorisation de ces professions  dans l’espace public et l’imaginaire collectif au-delà des risques du métier.

Devant l’attente incertaine ou  l'impossibilité pour les instances politiques et judiciaires  responsables de la sécurité dans le pays de donner de dédommager les familles et de donner justice aux professionnels de la presse, aux patrons  et les membres du  personnel des médias évoluant dans la capitale, dans les provinces et en dehors du pays,  victimes des actes de violence dans le cadre de leur travail, arrêtés illégalement, bastonnés, torturés, assassinés ou disparus et sans laisser de trace, la création d’un mémorial ou un monument dédiés aux journalistes en Haïti serait désormais de reposoir pour leurs âmes errantes, de lieux de recueillement pour les proches et familles, et de symbole de valorisation de ce noble et prestigieux métier qu’est le journaliste, et tous les autres métiers connexes et complémentaires qui participent au bon fonctionnement des médias traditionnels et des nouveaux médias à l'ère de la technologie.

Dans un premier temps, ce monument dédié aux journalistes et patrons des médias victimes servira à rappeler aux auteurs, bourreaux et complices de ces actes de lâcheté et ces crimes impunis, que leurs actes ne leurs placera jamais sous les projecteurs jusqu’à bénéficier des honneurs, à moins qu’ils ou qu’elles décident de se dénoncer publiquement pour avoir commis de tels forfaits.

Dans un second temps, ce monument du “Journaliste inconnu” comme  la statue du “Marron inconnu” se tiendra debout comme un seul homme ou une seule femme, pour porter très haut le flambeau qui doit faire briller tous les métiers de la presse en Haïti, au regard des générations présentes et futures, en dehors du rôle complémentaire que doit jouer le musée de la Presse et des Medias, dans l’éducation  de la population.

Des noms de tous les journalistes assassinés, comme Gasner Raymond, Jean Dominique, Brignol Lindor, Antoinette Duclaire, Diego Charles,  seraient graves dans les parties les plus visibles du monument qui va accueillir durant toute l'année les fleurs, les pleurs, les coeurs et les honneurs mérités pour la mission accomplie.   

Des noms de tous les journalistes disparus, comme Félix Lamy, Gladjimy Legagneur et tous les autres trouveraient une place, un coin, une plaque écrite en lettre d’or, pour immortaliser leur talent, leur travail et le devoir accompli.    

De qui doit venir cette initiative d'aménager ce monument en l’honneur de la presse en Haïti ?  Quelles sont les prochaines étapes à franchir pour matérialiser un tel projet national ? Quelles sont les personnalités et les institutions qui seraient prêtes à supporter et accompagner la production de cette œuvre imposante et innovante ?

De l’organisation d’un concours pour concevoir et proposer l’oeuvre qui sera sélectionnée parmi d’autres, en passant la constitution d’un comité de professionnels de la presse ou d’une cellule pour concevoir l’oeuvre, tout laisse croire que ce ne sont pas les ressources qui manquent dans le pays pour honorer la mémoire de ces journalistes et valoriser les métiers de la presse en Haïti.

Des artistes spécialistes des arts plastiques, des architectes et sans oublier  qu’en 2003,  pour marquer la journée interaméricaine de la Presse, des anciens étudiants de l’École nationale des Arts (ENARTS), qui étaient également des professionnels de la presse, avec l’accompagnement du journaliste vedette Valéry Numa, Brice Destin, Gérald Civil et Dominique Domerçant allaient offrir au public une exposition inédite  à l'hôtel Le Plaza et au Centre d’Art, avec des oeuvres artistiques , spécialement des tableaux qui abordent le thème : “La Presse face à son destin”.

Deux décennies environ plus tard, le lourd bilan des victimes et les contributions inestimables de certains journalistes et des médias nous imposent d’offrir au pays,  la création de ce mémorial,  de ce monument, de cet instrument destiné à  rendre hommage aux disparus  et aux victimes, tout en célébrant la vie,  les réalisations et les contributions des journalistes et patrons de médias vivants.

 

Dominique Domerçant  

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