Vers la rentrée des classes en «D» ?

Découvrir les nouveaux visages entre les anciens et les nouveaux élèves, assister au défilé des enseignants et d’autres intervenants, et sans oublier l’observation des anciennes et nouvelles salles réaménagées, délocalisées ou repeintes, sont du nombre des différents exercices à réaliser par les nombreux membres qui composent la communauté de chaque établissement scolaire, durant la première journée de classe et la première semaine de l’année académique, en Haïti comme partout ailleurs.

Discours, défilé, décors, dialogue et découverte, sont autant d'activités et d’initiatives qui caractérisent l’organisation sociale de la rentrée des classes. Sur le plan académique, elles seront aussi nombreuses les premières interventions qui débuteront par cette quatrième lettre de notre alphabet, comme la recherche autour des définitions de concepts, qui suivront la présentation de chaque matière, et les devoir de groupe et de maison qui seront proposés aux apprenants.

Discipline, voilà le terme principal qui charpentera autant les  communications des responsables, les consignes des parents et des professeurs envers leurs élèves.  La déclinaison de ce terme majeur et incontournable pour la bonne marche de l’institution s'opérera autour de deux autres points respectifs et complémentaires tels que les droits et les devoirs de chaque membre de la communauté à respecter.

Depuis plusieurs décennies, ou mêmes des siècles, la rentrée des classes repense l’un des moments les plus intenses autant dans la des élèves et leurs parents, des professeurs et des responsables d’établissement, en dehors des autres opérateurs éducatifs et  économiques qui sont impliqués, profitent et participent dans la gouvernance du système éducatif d’ici ou d’ailleurs. Et si l’influence de la lettre « D » dans les différentes activités qui sont associées à la rentrée des classes avait pour but de justifier la finalité du rôle primordial de l’éducation, comme l’un des principaux leviers du développement ?

Désir intense de revoir ses anciens camarades et amis, envie de découvrir les nouvelles têtes dans la famille, telles sont parmi les émotions qui caractérisent une telle journée pendant plus d’une semaine à consacrer aux retrouvailles.

Dettes impayées relatives à la scolarité de la  dernière année ou doublement de la classe en raison des échecs aux dernières épreuves, ce sont parmi les causes qui empêcheront à certains élèves de retrouver leurs anciens camarades pour cette nouvelle année, s’ils ne sont pas sanctionner pour des fautes disciplinaires graves, à défaut de boucler le cycle pour passer à une autre étape dans le système.  

Derrière tous ces termes en « D » qui vont charpenter la rentrée des classes dans le système éducatif, il faudra certainement souligner que toute la sociologie de ces retrouvailles va se poursuivre autour de la diplomatie de la rentrée des classes dans chaque école.

Dans cette perspective, cette diplomatie de la rentrée des classes prendra la forme des principales fonctions diplomatiques comme la représentation, la défense des intérêts, la négociation et le développement des relations dans les différents domaines.

Durant cette première journée de classe, même si les cours ne prendront pas leurs cours véritablement, entre les animations sur la cour et les nouvelles rencontres et découvertes qui seront à l’ordre du jour, la majorité des parents des élèves, suivant leurs moyens et leur statut social, vont chercher à investir dans l’acquisition ou la confection des vêtements de qualité, des uniformes neufs, et des accessoires visiblement de valeur, tels que des chaussures, des valises, entre autres, afin de bien présenter leurs enfants, dans cette assemblée général des familles du quartier ou de la ville.  

Dans cette représentation qui ne dira pas son nom, avec le regard qui sera porté autant sur la propreté ou la qualité des équipements ou vêtements portés par chaque élève, les négociations seront ainsi lancées entre les différents élèves de chaque classe. Entre les plus riches et les plus brillants, ou les deux, chacun va chercher à construire, à défendre ou à élargir son territoire, avec les anciens et les nouveaux amis, camarades ou alliés. Dynamique sociale !

De la représentation sociale (entre l’intelligence et l’élégance) à la défense des territoires réels, émotionnels et symboliques dans la salle de classe, en passant certainement  par les perpétuelles négociations qui se perpétueront sur le plan amical, académique, lors des animations, les alliances à l’école et dans les rues, et jusqu’à l’avenir, nous sommes en mesure de confirmer que l’école, ou chaque institution et établissement représente un véritable micro laboratoire des relations internationales.  

Développement des projets classiques ou d’avenir, la durabilité de la camaraderie depuis l’école participe dans une forme d’institutionnalisation de la confiance, qui prend sa forme parfois depuis la première journée de classe, la rentrée scolaire.

Défendre ses territoires symboliques, sa place dans la salle de classe et parmi ses groupes d’amis, telles sont les constructions sociales qui se matérialisent dans la sociologie de l’éducation, sur fond diplomatique, qui est associée respectivement à chaque environnement scolaire.

D’une simple première journée de classe, il est possible de déconstruire ou construire toute la philosophie qui entoure la dynamique sociale de chaque établissement. En commençant par valoriser chaque mot, chaque message, chaque conseil ou chaque recommandation qui donnera forme au premier discours de l’année scolaire, on pourra espérer de réinventer l’espoir au sein de cette génération en « D ».

Digitalement active sur les médias sociaux, pourtant pas assez diplomate pour apprendre à défendre ses droits essentiels, tout en assumant ses devoirs, en termes de responsabilité, dans la relevé de leurs parents, et le devenir de notre génération dans dix, vingt, trente et cinquante prochaines années.

Dans les neuf à dix prochains mois, les élèves autant que leurs parents feront le décompte des investissements consentis pendant l’année scolaire, sans pour autant se rappeler des points essentiels du discours des responsables, encore moins des nombreux déclics manqués, lors de la rentrée des classes, à force que les élèves étaient trop distraits ou concentrés à discuter avec leurs camarades, à décrire ou dessiner leurs enseignants de façon ironique, ou à dire du mal d’un autre camarade, sans faire preuve d’empathie.  

Déconnectée trop souvent de la réalité, l’école haïtienne devrait apprendre surtout aux apprenants à devenir meilleur, plus discipliné, plus déterminé, et plus diplomate dans leurs relations avec leurs parents, le personnel enseignant, les vivants et les morts qu’ils vont continuer à étudier dans les manuels scolaires,  leurs camarades, leurs amis, les dirigeants du pays et autant avec les inconnus, parfois bien connus, derrière leurs vrais visage ou les masques qu’il portent.

Dans cette nouvelle rentrée des classes en « D », on devra apprendre dès la première séance de cours, aux écoliers haïtiens à prendre une minute de silence en mémoire des Pères fondateurs de la patrie, en commençant par Dessalines et tous les autres. Celui qui, sans ses sacrifices pour nous sortir de l’esclavage, nos parents et grands-parents seraient encore dispersés entre les champs et les plantations d’esclaves, pour ne plus avoir la chance de lever la tête pour regarder dans les yeux une autre race, une autre classe sociale ! Encore moins espérer une première rentrée des classes !  

 

Dominique Domerçant 

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