L’aventure Vermande: entre Paul et Maguy, entre Haïti et la France!

"De tous les pays où nous avons vécu, c’est Haïti qui nous a le plus marqués, du fait de sa longue histoire commune avec la France, de sa richesse culturelle et de sa situation actuelle difficile, due en partie à son passé avec la France." Ces propos qui viennent de Paul et de son épouse Maguy Vermand, interpellent et invitent à des questionnements et à des réflexions, autour des regards croisés entre Haïti, dans l'état actuel, par rapport à d'autres États. Coup d'oeil sur l'aventure des Vermande en Haïti au cours des vingt-cinq dernières années, entre l’histoire politique et la sociologie culturelle, qui rapprochent et/ou repoussent Haïti et, de la France.

De nouvelles pages ont été écrites au cours des dix, trente et cinquante dernières années, dans les relations entre Haïti et la France, à travers des institutions non étatiques, mais des associations ou des familles qui arrivent à construire au fil des ans, des passerelles saisonnières et durables entre les deux pays, sur le plan éducatif, environnemental, culturel, humaniste ou humanitaire, entre autres. C’est dans cette perspective que je vous invite à découvrir l’aventure des Vermande, entre Paul et Maggy, entre Haïti et la France !
Difficile de voir Paul sans parler de Maggy, qui, sans être présente sur le terrain, travaille dans l'ombre, ou participe en amont ou en aval dans un projet éducatif, un programme écologique, une activité philanthropique ou un projet d'affaires.

Découvrons ensemble le chemin qui, depuis Anse et Villeurbanne en France, a amené Paul et Maguy à vivre en Haïti, puis à créer fin 2011 l’association Lyon Haïti Partenariats (LHP), il y a pratiquement dix ans de cela. Que peut-on retenir dans cette aventure solidaire qui pourrait rendre certains collaborateurs même jaloux à défaut de reprendre les actifs du couple Vermande ?

De 1995 à 2001, ce sont nos expériences africaines, ainsi que la pratique des programmes de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), qui nous ont conduits en Haïti, se rappelle encore Maguy Vermand, qui se soutient: “Nous y avons retrouvé de nombreux traits communs avec les pays africains où nous avions séjourné. “.

Deja vingt-cinq ans après, elle nous dit: “A Port-au-Prince, Paul a dirigé le Bureau Caraïbes de l’AUF, et c’est là qu’avec le soutien financier de la FOKAL (Fondation Culture et Liberté), il a pu équiper les universités haïtiennes en informatique et, au sein du Bureau de l’AUF, former des centaines d’étudiants à cette discipline.”.

De son côté, Maguy a continué le soutien aux enfants en difficulté, principalement au Lycée français de Port-au-Prince, puis dans des écoles haïtiennes. Ainsi, comme au Cameroun, elle a aidé des dizaines d’enfants et d’adolescents à reprendre confiance en eux-mêmes, à trouver leur place dans leur famille et à se remotiver pour les études. Comme au Cameroun également, elle a pris en Haïti des cours de peinture, particulièrement avec le peintre haïtien Jean-Claude Garoute, dit Tiga, dans une ambiance inoubliable !

Durant ce séjour professionnel, avec des actions à la fois intellectuelles et culturelles, le couple Paul et Maguy Vermande, allait profiter de l’occasion pour découvrir l’histoire d’Haïti, histoire méconnue en France depuis que Bonaparte, n’ayant pas apprécié que son armée, envoyée pour rétablir l’esclavage, avait été décimée par les citoyens noirs et métis, devenus français par la volonté de la Convention. Il avait en effet interdit aux administrateurs et aux historiens français, toute mention de ce territoire et de son libérateur Toussaint Louverture, qu’il avait fait enfermer au Fort de Joux...

D'une aventure pour mieux s’instruire: “Notre vie en Haïti nous a mis en contact avec des universitaires francophones d’Haïti et du monde, avec des écrivains, des éditeurs, des artistes et des galeristes, des journalistes, des enseignants, des ambassadeurs et personnel de missions et, bien sûr, avec le peuple des commerçants et du personnel domestique.”, se souvient encore Paul, qui déplore que tout cela n’ait pas suffi pour que nous puissions apprendre le créole ni saisir à fond la complexité de cette société haïtienne, travaillée depuis ses origines par les ravages provoqués par la hiérarchie des couleurs de peaux (blanche et noire), celle des langues (française et créole) et celle des religions (chrétiennes catholique/protestante- et vaudou). Mais nous avons tellement apprécié de connaître les beautés de ce pays, d’échanger avec tous nos amis, et d’admirer les œuvres de ces Haïtiens, artistes dans l’âme ! Nous avons rapporté en France une quarantaine de tableaux et de sculptures, ainsi que des CD de musiques locales. Depuis 3 ans, nous mettons en vente ces œuvres d’art, au profit de l’association Lyon Haïti Partenariats, pour soutenir des projets de développement en Haïti.

Des années passées en Haïti, pour s’instruire autrement sur l’histoire et la culture du pays, mais également pour s’investir dans de nouveaux chantiers. La danseuse Nerlande Bazelais, qui évolue en France depuis plusieurs années, une ancienne de l'École nationale des Arts (ENARTS), comme plusieurs autres artistes, professionnels et intellectuels haïtiens figurent dans la liste des collaborateurs du couple Vermande. Comment mesurer l'attachement et l'apport de l'aventure des Vermande en Haïti au fil des ans ? Comment identifier et saluer les autres couples des expatriés qui interviennent dans d'autres secteurs d'activités en Haïti ?

De retour en France, Maguy nous rapporte que : “Paul a pris sa retraite, mais en tant que professeur émérite pendant 4 ans lui ayant permis de continuer à encadrer des jeunes thésards haïtiens. Nous les avons souvent reçus à la maison, et ils sont retournés en Haïti où ils travaillent dans des laboratoires au service de leur pays. “.

Dans ce cadre, il est allé chaque année en Haïti, entre 2001 et 2010. Puis est arrivé le séisme de janvier 2010, et nous avons redoublé d’efforts pour trouver des fonds et aller porter aide et secours au village de Vallue, découvert grâce à notre ami Yvon Faustin, co-fondateur de l’Association des Paysans de Vallue (APV). Elle poursuit: “Nous avons fait sa connaissance à Lyon où il était venu suivre la formation du CIEDEL (Centre International d’Études du Développement local), entre 2007 à 2009. A Vallue, nous avons, avec d’autres, animé deux camps de vacances : en 2010 pour 250 enfants avec leurs enseignants et, en 2011, pour une centaine d’entre eux, auxquels deux Français, profs de musique, ont appris pendant une semaine à jouer des instruments à vent, semaine qui s’est terminée en beauté par un concert joué, chanté et dansé plein d’enthousiasme !”.

De plus, un ami haïtien directeur d’une École d’informatique avait accepté d’envoyer à Vallue pour 15 jours 2 étudiants finissants, qui ont initié à l’informatique 40 jeunes très motivés. Dans nos bagages, nous avions apporté 10 instruments à vent (achetés grâce à un don de l’Auditorium de Lyon) et 10 ordinateurs offerts par une université lyonnaise, ainsi qu’un autre don d’un collège lyonnais qui a permis d’offrir des repas à tous les jeunes.

Des objectifs qui mettent l’accent sur Haïti, Paul et Maguy entendaient ainsi : “Faire connaître l’histoire d’Haïti, mais aussi la richesse de sa culture, au carrefour entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique, culture qui se manifeste dans la peinture, la sculpture, la littérature, la musique, le cinéma et, depuis qu’elles existent, dans les technologies de l’information et de la communication.” Et enfin faire connaître la pauvreté économique d’une majorité de sa population, due à l’histoire, à la géographie (nombreuses catastrophes naturelles), à des difficultés de gouvernance, mais aussi à la proximité du géant voisin nord-américain, qui considère ce petit pays comme son « arrière-cour », qui intervient dans sa vie politique pour l’empêcher d’imiter l’île voisine de Cuba, mais aussi pour y déverser ses surplus de riz et l’utiliser comme base pour des trafics en tous genres... D’où notre décision, afin de remédier à cette pauvreté avec nos moyens limités, mais réels, de nous mettre en association pour répondre à des besoins urgents de nos amis haïtiens.

Des pays comme : Brésil, Congo-Kinshasa, Gabon, Côte d’Ivoire, Bénin, Kenya, Togo, Liban, Vietnam, ainsi que dans plusieurs pays européens, ont déjà été visités par le couple Paul et Maguy Vermand, dans le cadre des activités de loisirs, et des projets professionnels réalisés par l’INSA, le Rotary Club ou l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), entre autres. Pourtant, pourtant, dans les mémoires actuelles et les archives vivantes de ces derniers, et sur internet, elles sont nombreuses les initiatives à caractère éducatif, scientifique, culturel, écologique, touristique, économique et solidaire, qui se tournent vers Haïti, entre des villes comme Port-au-Prince et Paris, Vallue et Lyon.

Dans la perspective de marquer le dixième anniversaire de l’association Lyon-Haiti et Partenariat, au sein de laquelle j’avais eu la chance de réaliser un stage autour de la dynamique de la coopération culturelle en Haïti, et de participer à des réunions et manifestations culturelles publiques, j’estime opportune de saluer le travail ou certaines actions de Paul et Maguy, pendant qu'ils sont encore vivants. Loin d’être parfaits, ils méritent cet hommage, en reconnaissance de leurs collaborations et contributions dans plusieurs grands projets en Haïti, dans la formation de plusieurs hauts cadres encore au service du pays.

Dominique Domerçant

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