Un système de santé malade

La prise en charge des patients dans les centres hospitaliers est de plus en plus complexe, en Haïti. Les centres de santé publics sont généralement en manque d'intrants, les hôpitaux privés, de leurs côtés, exigent le paiement bien avant d'admettre les malades, peu importe leur état.

Le secteur médical fait souvent face à d'énormes difficultés, en raison de manque de matériels et des exigences des centres privés qui ont souvent de lourdes conséquences sur la vie des malades. 

 

Les services d'urgences sont souvent dysfonctionnels, ce qui souvent compliqué davantage la situation des patients.

 

Certains hôpitaux n'ont pas les équipements adéquats pour répondre aux besoins urgents de leurs clients. « Nous sommes dans un pays sous-développé, nous n'avons pas vraiment de centres avec de cellules d'urgence complètes. Souvent les médecins se trouvent dans l'obligation de transférer les malades vers d'autres», a indiqué Nazaire Théodore, résident en chef de l'hôpital maternité Isaïe Jeanty. 

 

Il explique que cette pratique coûte parfois la vie aux patients en raison des conditions de transfert qui ne respectent les normes médicales. « Tout centre de santé doit avoir un service d'urgence, ce qui malheureusement n'est pas le cas en Haïti. Et les principes qui régissent les conditions de prise en charge ne sont pas souvent respectés. Quelques fois le centre ne savait pas s'il allait avoir un tel et ne s'est pas préparé et décide de ne prendre en compte l'état du malade », indique le docteur Nazaire Théodore. 

 

D'un autre côté, il souligne le fait que bon nombre de malades décèdent en raison de leur impossibilité de verser en totalité ou même une portion des frais d'admission réclamés par les administrations des centres hospitaliers. « Les personnels médicaux ne peuvent pas aller à l'encontre des règlements des responsables des centres, bien que nous sommes conscients que cela coûte bien la vie à certains clients », dit-il. 

 

Ainsi, il envoie ses sympathies aux familles de toutes les personnes qui sont victimes d'une mauvaise prise en charge dans les centres, particulièrement à la famille de Kenia Civil, une jeune étudiante décédée dans la ville des Cayes, dans la nuit du 28 au 29 mai suite aux refus des responsables de lui fournir des soins parce qu’elle ne pouvait pas régler la totalité de la facture.

 

Le Commissaire du Gouvernement de cette juridiction, Ronald Richemond, a, en guise de réaction,  apposé des scellés sur les bâtiments du centre incriminé et a lancé des avis de recherche contre le docteur Thony Antoine Neptune et son épouse Dapheney Jean-Louis Neptune, responsables du centre.

 

De son côté, le professionnel de santé, Nazaire Théodore estime que cette décision aura de lourdes conséquences sur la vie des citoyens de la troisième ville du pays. « La ville des Cayes ne compte pas beaucoup d'institutions sanitaires. Beaucoup de gens seront privés des services de soins. Le commissaire aurait pu s'en prendre directement aux responsables sans fermer les portes de l'hôpital », suggère-t-il.

 

Il convient de rappeler que l'Hôpital universitaire D'État d'Haïti, communément appelée l'Hôpital général, vient d'observer près de quatre mois d'arrêt de travail, et jusqu'à date, il fonctionne au ralenti. 

 

Sheelove Semexant

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