À quel jeu joue la communauté internationale ?

Haïti est plongée depuis quelque temps dans une spirale de violence infernale où des individus armés, qui ne cessent d’intensifier des exactions de toute sorte à l’encontre de la population, occupent une bonne partie du territoire national. Dépassé par la situation, avec une force de police sous-équipée, en manque de formation et d’effectifs, le gouvernement haïtien a sollicité, depuis le début octobre 2022, une aide militaire auprès de la communauté internationale, en soutien à la Police nationale d’Haïti, pour freiner le grand banditisme.

L’international multiplie les rencontres pour discuter sur la crise haïtienne. Plusieurs émissaires, envoyés notamment par le Canada et les États-Unis, ont discuté avec les protagonistes pour tenter de régler la crise politique qui s’est envenimée après l’assassinat brutal du président Moïse Jovenel le 7 juillet 2021. Depuis, seul le Premier ministre Ariel Henry, nommé par le défunt président, gouverne la république qui ne compte plus aucun élu. 

 

Pour nous aider à lutter, disent-ils, contre l’insécurité, le Canada et les États-Unis ont enclenché une vague de sanctions à l’encontre des hommes politiques et du secteur des affaires haïtiennes, qui sont de mèche avec les gangs et qui alimentent l’insécurité. À ce jour, près d’une vingtaine de personnes sont tombées sous le coup de sanctions, mais les gangs armés continuent de terroriser la population et bloquent pratiquement le pays en contrôlant les principaux axes routiers.

 

Malgré le constat d’une catastrophe imminente, avec notamment la montée en puissance des bandes armées, et la crise humanitaire qui touche la moitié de la population, la demande du pouvoir en place relative à l’envoi au pays de la force militaire reste lettre morte. Ce dossier fait la navette dans les organisations internationales. Pas plus tard que le mercredi 15 mars dernier, une commission créée par le Conseil permanent de l’Organisation des États américains ( OEA), s’est encore penchée sur les problèmes qu’affronte Haïti. 

 

Au cours de cette rencontre, les représentants des pays membres ont reconnu presque à l’unanimité qu’il est urgent que la communauté internationale intervienne pour éviter qu’Haïti ne sombre totalement dans la violence. Mais les pays, comme le Canada et les États-Unis, considérés comme ayant le moyen de stopper la descente aux enfers, se montrent désintéressés. 

 

Approché plusieurs fois par les États-Unis pour diriger une mission en Haïti, le Canada dit ne pas disposer de suffisamment de moyens. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a clairement écarté la possibilité d’une mission visant, entre autres, à ramener le calme. « Une intervention étrangère ne conduira pas à une stabilité à long terme en Haïti », soutient le chef du gouvernement canadien.

 

Pourtant, les autorités canadiennes ont déployé au large des côtes haïtiennes deux navires militaires pour disent-elles bloquer les gangs qui « utilisent assez régulièrement la voie maritime pour mener leurs activités criminelles » et quelques semaines avant,  un avion des forces armées canadiennes a survolé Haïti en vue de collecter les informations.

 

Parallèlement, la majorité des 18 véhicules blindés commandés par Haïti au Canada ne sont pas encore livrés, selon la ministre de la Justice et de la sécurité publique Emmelie Prophète  Milcé, un retard qui entrave le plan du gouvernement visant à éliminer les gangs violents de Port-au-Prince, à laisser entendre la ministre. 

 

Esdra Jeudy

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