En ce début de semaine, au niveau des maisons de transferts et des bureaux de change, on affiche 160 gourdes pour un dollar américain. Sur le marché informel, le billet vert qui se fait de plus en plus rare est déjà proche des 170 gourdes, alors que le taux de référence de la Banque centrale est de 152 gourdes. L’économiste Michaëlle Paraison, a, pour sa part, soulevé qu’il s’agit de l’instabilité politique qui est à la base de cette dépréciation continue de la gourde et qui peut conduire jusqu’à 200 gourdes pour le dollar durant l’année en cours.
Les activités économiques fonctionnent au ralenti à travers tout le pays, en raison de l’instabilité politique et les perturbations économiques connues ces dernières années. Selon les observateurs, l’inflation a déjà atteint les 50 % pour ce mois de mars, puisque les dernières informations publiées par l’Institut haïtien de statistique et informatique (IHSI) ont fait savoir que l’Indice des prix à la consommation a été de plus de 48 % en décembre 2022. Concernant le taux de change, il y a une variation continue de la monnaie locale sur le marché par rapport à la baisse considérable des activités économiques sur le territoire. « Plus de 150 gourdes pour le dollar américain. L’instabilité est le grand ennemi de la croissance. Aujourd’hui, voilà ce qui traduit la forte augmentation du taux de l’inflation et ses diverses répercussions, d’où les ménages font face à une forte illusion monétaire, l’insécurité alimentaire, la pauvreté et la misère », a révélé l’économiste Michaëlle Paraison.
Notamment, des secteurs d’activité tels l’agriculture, le tourisme et même les transferts d’argent de la diaspora à destination d’Haïti ont connu une baisse considérable durant l’exercice fiscal 2021-2022. Des perturbations sécuritaires et l’instabilité politique ont causé la dégradation du climat des affaires, la rareté des produits pétroliers, entre autres, ont causé la diminution de la croissance du secteur agricole, du tourisme et des investissements lors du dernier trimestre de l’exercice fiscal précédent, a révélé la Banque de la République d’Haïti, dans sa note sur la politique monétaire de la période. En ce sens, Mme Paraison rappelle que l’instabilité est le principal ennemi de la croissance et que la situation économique peut davantage s’empirer s’il n’y a pas des mesures adéquates pour soulager les conditions de vie de la population. « On doit opter pour des mesures en temps de crise: mettre en place le gendarme du marché, l’autorité de la concurrence et les autorités des marchés financiers, un meilleur contrôle des mécanismes du marché des changes, éviter la surchauffe de l’économie par une prise de contrôle du marché informel en limitant la spéculation du dollar américain », soutient-elle.
Néanmoins, l’économiste Paraison lance un appel pour un retour au calme et la stabilité pour la garantie du bon fonctionnement des divers secteurs d’activité du pays. De fait, le combat contre l’inflation est primordial, ajoute-t-elle. À ce point, la bonne gouvernance et des plans de redressement économiques sont nécessaires pour une bonne organisation du marché. En revanche, du côté des acteurs économiques, dont la Banque centrale qui a essayé diverses injections en 2022 et le ministère du Commerce, il y a un silence total; aucune décision n’a encore été envisagée pour faire face à cette crise multidimensionnelle pendant cette nouvelle année.
Oberde Charles
