Le calvaire du Bas Artibonite

Les bandits armés membres du tristement célèbre gang baptisé « Baz gran grif » opérant à la Petite-Rivière située dans le département de L’Artibonite, continuent de faire parler d’eux. Malgré quelques interventions des forces de l’ordre, ces malfrats perpétuent leurs forfaits aux dépens de la population civile. Selon un rapport publié par une association locale, plus de 29 mille personnes ont abandonné leur domicile.

Kidnapping, détournement de marchandises, meurtre, viol collectif, la liste des exactions attribuées a ces hommes armés est loin d’être exhaustive. Bon nombre de femmes ont en effet été violées, notamment des « madan sara », ces femmes qui parcourent le pays kilomètres, perchées sur le dos des camions de marchandises, pour assurer le quotidien de leur progéniture.

Les témoignages de certaines victimes qui requièrent l’anonymat font froid dans le dos. Les femmes traversant cette région sont violées et parfois à tour de rôle. Pour exécuter leur plan macabre, ces malfrats se sont alliés à d’autres groupes armés qui les servent d’informateurs notamment celui dénommé « Gwo Boutèy » opérant dans la commune de Liancourt.

Comme conséquence, près de 29 821 personnes ont fui leur maison, craignant de faire les frais de la violence des gangs, selon une enquête effectuée par le Groupement des jeunes visionnaire pour le développement (GROUPJEVIDEV). Parmi les personnes déplacées, cette structure a recensé 13 522 enfants, 9204 femmes dont 47 sont enceintes et 7048 hommes.

Parmi eux, 11 938 ont pris refuge à Labadi troisième section communale de Petite Rivière de L’Artibonite soit 40% des déplacés, suivi de la commune de Saint Marc avec 5666 personnes (19%), Verettes 4771 soit 16%, Liancourt avec 4473 personnes, soit 15%, Marchand Dessalines 1789 personnes, soit 6% et Gracette 1194 personnes qui représentent 4%, lit-on le document.

Plus loin, GROUPEJEVIDEV, révèle que pas moins de 300 têtes de bétail appartenant à des paysans ont été volées et environ 97 maisons incendiées. Pour résister aux assauts répétés des bandits armés, une partie de la population a barricadé la majorité des rues menant à la Crête à Pierrot en se servant de pierres et des carcasses de véhicules, souligne le rapport d’enquête.

Cette association appelle les responsables de l’État à agir au plus vite, car, indique-t-il, si rien n’est fait, la situation risque de se détériorer davantage surtout sur le plan alimentaire, parce que les paysans sont contraints d’abandonner leur plantation. Parallèlement, dans le cadre d’un nouveau plan de sécurité, le haut état-major de la police nationale (PNH) a opéré des changements au niveau de sa chaîne de commandement élargi, ainsi le commissaire divisionnaire Bruce Myrthil, actuel directeur départemental du Nord-Ouest, est désigné comme le directeur départemental de l’Artibonite.

Déjà une quinzaine de présumés bandits armés, membres de la base Gwo Boutèy logeant à Liancourt, ont été appréhendés par les agents de la PNH le jeudi 1er décembre 2022. Information confirmée par le commissaire de police de la juridiction de Saint Marc, Mathias Jean David.

C’est à l’issue d’une opération policière menée dans la zone suite à des renseignements recueillis par l’institution policière sur le fonctionnement et les exactions commises par ces derniers que les agents de l’ordre ont procédé à leurs arrestations.

Rappelons que plusieurs zones du pays fonctionnent sous la férule des groupes armés notamment, cité Soleil, bas Delmas et Martissant situé à l’entrée sud de la capitale où depuis juin 2021, les hommes armés imposent leur loi, la police nationale a abandonné cette région, après plusieurs interventions qui se sont soldées par un échec cuisant.

Esdra Jeudy

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