Où sont passés les accords de sortie de crise ?

Dans les mois qui ont suivi l’assassinat du président Jovenel Moïse, plus d’une dizaine d’accords ont vu le jour. Les uns étant pour la plupart viscéralement opposés à l’autre. Des acteurs locaux et de la communauté internationale ont appelé à une fusion de tous les documents pour parvenir à un accord unique accepté par les différentes parties prenantes, mais les rencontres entre les différents acteurs se sont systématiquement terminées sur un échec.

Si la crise politique traîne en longueur, ce ne sont pas des propositions de solution qui manquent, alors que les signataires des documents rendus publics se vantent chacun de leur côté d’être détenteurs de la solution, mais leur existence n’a selon les constats pas contribué à résoudre ce problème majeur qui taraude le pays. 

 

De plus, depuis la pénurie drastique de produits pétroliers qu’a connue le pays, les porteurs de ces propositions ont pratiquement disparu des radars, alors que la situation est au plus mal. Le phénomène de l’insécurité prend chaque  jour des proportions inimaginables, où les massacres et les exécutions sommaires se multiplient. C’est visiblement le Premier ministre, Ariel Henry,  supporté par l’international, qui dirige un gouvernement de plus en plus décrié, qui mène totalement la danse. 

 

 

Selon certains observateurs ce sont les vagues de sanctions déclenchées par le Canada et les États-Unis à l’encontre de certains hommes politiques haïtiens, à cause de leur implication dans l’insécurité, qui explique ce silence observé par les porteurs des accords. En effet, des hommes politiques tels que Joseph Lambert, président du Sénat, et Youri Latortue porteur de l’accord PEN, qui sont la cible des sanctions, sont considérés comme des acteurs clés qui avaient leurs mots à dire et leur place dans un dialogue inclusif. 

 

 

Mais depuis bien avant, les signataires des accords Montana/PEN et ceux du 11 septembre, pro pouvoir, jouaient déjà au chat et à la souris. Les quelques tentatives de discussions, qu’ils ont entamées, n’ont jamais pu aller au-delà de l’agenda. Montana et PEN reprochent au pouvoir son manque de volonté d’aboutir à un dégel de la situation, et ont annoncé leur retrait des assises. 

 

 

Dans l’intervalle, un désaccord interne ronge Montana. Le Conseil national de transition (CNT), une entité créée en son sein, s’est rallié à Fritz Alphonse Jean, le président élu dans le cadre de l’élection organisée par cette structure.  Les délégués demandent à ce dernier de prendre le leadership des pourparlers jusque-là assurés par le Bureau de suivi de l’accord (BSA).

 

Les partis politiques et des organisations non alignées se sont proposés pour jouer le rôle de médiateur, dans la perspective de ramener les protagonistes autour de la table de discussion. Mais, leur proposition n’est pas, semble-t-il, prise en compte pour le moment.  L’international continue de plaider en faveur d’une entente. Entre-temps, Ariel Henry est le seul gagnant de la situation et file à toute allure sur un boulevard. 

 

 

Esdra Jeudy 

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