Quelle est la responsabilité de la justice haïtienne à l’égard des personnalités sanctionnées par les autorités américaines et canadiennes ?

Les sanctions américano-canadiennes contre des personnalités haïtiennes continuent de provoquer des débats dans l’opinion publique. L’ancien ministre de la Justice, l’avocat Pierre Michel Brunache, soutient qu’il s’agit d’un appui judiciaire accordé à la justice haïtienne qui doit, à son tour, faire des poursuites pour trouver des indices valables et informations utiles en vue de prouver l’implication de ces personnes aux faits qui les sont reprochés. «La justice haïtienne doit faire sa part des choses», dit-il!

Une longue liste, comprenant des personnalités haïtiennes de divers secteurs, fait la une sur les réseaux sociaux, dans l’opinion publique et dans les médias. Ces derniers jours, des citoyens haïtiens en voyage aux États-Unis et au Canada se sont vus interdits de vol vers ces pays «amis d’Haïti». Notamment, les raisons de ces décisions politiques et diplomatiques ne sont pas révélées au grand public. Plusieurs personnalités politiques du pays sont déjà contraintes de voyager sur ces territoires ainsi que des membres de leurs familles.


 

L’ancien président du Sénat, l’élu de l’Artibonite,  Youri Latortue et l’actuel président du Sénat, Joseph Lambert, sont jusque-là les seules personnalités dont les autorités américaines et canadiennes ont accusé ouvertement: « Pour les sénateurs Lambert et Latortue, nous avons des dossiers très complets signalant certaines violations de lois qui ont été précisées dans le transport de drogue et d’autres choses », a lancé le chargé d’affaires américain Eric Stromayer, lors de son passage sur une station de radio de la capitale haïtienne.  Réagissant autour de ces accusations, l’actuel parlementaire du Sud-Est et l’homme politique du parti Ayiti an aksyon ont plutôt jugé de «politiques» les sanctions que ces deux pays ont pris contre leurs personnes.



 

L’ancien ministre de la Justice, Me Michel Brunache, pour sa part, trouve qu’il s’agit d’un appui judiciaire que les États-Unis et le Canada ont apporté à Haïti. « Ces gouvernements étrangers qui ont leurs représentants dans le pays et qui connaissent parfaitement bien la réalité politique décident de collaborer avec le gouvernement haïtien. Ils ont des informations que les autorités haïtiennes ne disposent pas, ils décident de passer à l’action afin de permettre au pays de prendre un souffle en sanctionnant des personnes afin qu’ils puissent s’entendre pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité sur le territoire », juge-t-il.




 

Visant le caractère politique de ces sanctions, l’avocat Michel Brunache estime que ces personnalités accusées et sanctionnées par l’international ont droit à la défense. «Les ministres du gouvernement ainsi que le président du Grand corps doivent démissionner de leurs postes afin de se défendre dignement. Qu’ils soient des accusations pour des fautes administratives ou de plaintes privées ; à tous les niveaux, ils doivent défendre leurs honneurs et leurs réputations», dit-il! Néanmoins, la justice haïtienne a pour responsabilité de trouver des indices prouvant que ces citoyens sont en contravention avec la loi, a-t-il poursuivi.



 

Par rapport au silence constaté des autorités haïtiennes sur le fait que plusieurs ministres du gouvernement se sont vus interdire d’entrer aux États-Unis et au Canada à travers ces sanctions. M. Brunache soulève qu’il puisse s’agir d’un manque d’information ou d’une complicité des autorités judiciaires qui décident de ne pas agir. Par contre, pour une mise en confiance de la population et puisque les autorités américaines disent disposer des dossiers complets prouvant la contribution de ces hommes au financement des gangs et à l’instauration de l’instabilité sur le territoire, les autorités judiciaires haïtiennes doivent conduire une enquête et collaborer avec la communauté internationale pour les suites légales et judiciaires. 

 

Oberde Charles

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