HAÏTI / CRISE

L’ONU demande aux États membres de suspendre les déportations des ressortissants haïtiens

En réaction à la crise aigüe qui menace la vie de la majorité de la population haïtienne, le Haut-commissariat pour les réfugiés des Nations unies a exhorté les différents États, notamment ceux qui sont les destinations des migrants haïtiens, de mettre fin aux retours forcés des ressortissants haïtiens durant cette période difficile. De fait, l’agence onusienne appelle les États protéger les migrants haïtiens chez eux jusqu’à une nette amélioration de la situation en Haïti.

«Compte tenu de la situation catastrophique actuelle, l’agence onusienne encourage les gouvernements à veiller à ce que les Haïtiens aient accès à des services de protection et de soutien, quelles que soient les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays.»

 

 

En effet, ces derniers temps, la situation socio-économique et politique en Haïti a contraint bon nombre de nos compatriotes à fuir le pays en quête de mieux-être. Très souvent, la plupart de ces Haïtiens, qui laissent le pays, émigrent en République dominicaine, aux États-Unis, Chili, en France, entre autres. À en croire certains témoignages, cette crise, qui semble vouloir perdurer, a davantage rendu sceptiques grand nombre d’Haïtiens. Ils se disent également soucieux de leur avenir et de celui de  leurs progénitures. À ce sujet, le bureau des droits de l’homme de l’ONU a indiqué que la violence armée qui persiste a enfoncé le pays dans la pire situation humanitaire et des droits de l’homme, et ceci, depuis des décennies.

 

 

À cet effet, « Le Haut-commissariat pour les réfugiés appelle donc les États à mettre fin aux retours forcés de ressortissants haïtiens dont les demandes d’asile ont été rejetées avant les événements récents. Cela inclut les personnes qui n’avaient peut-être pas besoin de protection internationale auparavant, mais pour qui les changements de circonstances en Haïti présentent de nouveaux motifs de demande d’asile », peut-on lire dans la dernière note du HCR des Nations unies.

 

 

Parallèlement, pour le Haut-commissariat des réfugiés des Nations unies, Haïti est au bord du gouffre. Pour cause, l’insécurité, la crise humanitaire, l’indisponibilité du carburant, les différents mouvements de protestations à travers les rues de la capitale, ses environs et même dans les villes de province figurent parmi les causes poussant notamment les jeunes d’aller se réfugier ailleurs. Selon les différentes informations reçues par le HCR, au moins 54 personnes ont été tuées lors de manifestations, dont la plupart seraient dues à un usage disproportionné de la force par des policiers.

 

Aussi, la réouverture des classes qui tarde encore, l’indifférence et l’incapacité des autorités concernées jusqu’à présent à prendre des mesures considérables et immédiates pour désamorcer la situation actuelle afin de permettre à la population de souffler un peu, sont autant de facettes qui contraignent les gens à laisser le pays,  précisément ces derniers temps.

 

Selon le Haut-commissariat des réfugiés des Nations unies, la dernière résolution 2653 en date du 21 octobre 2022 du Conseil de sécurité, établissant un régime de sanctions contre les gangs armés qui du même coup imposé un embargo ciblé sur les armes, est une étape importante.

 

 

« Les enlèvements et les violences sexuelles commis par des membres de gangs sont utilisés comme armes pour affliger la population et semer la peur», a déclaré le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk. 

 

 

De même, la violence politique a été aussi documentée avec les meurtres d’éminents dirigeants politiques et de journalistes. « Tenant compte de cette situation très troublante, je lance un appel à tous les États pour qu’ils soient solidaires d’Haïti et les exhortent à ne pas renvoyer les Haïtiens dans un pays extrêmement fragile », a fait savoir Filippo Grandi, haut-commissaire pour les réfugiés. Pour lui, tout renvoi forcé de personnes vers un lieu où elles risquent de se faire tabassées, d’être persécutées, torturées ou de subir d’autres préjudices graves ou irréparables équivaudrait à un refoulement, ce qui est quasiment interdit par le droit international des réfugiés et des droits de l’homme.

 

Vladimir Predvil 

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