La situation des prisonniers se détériore en Haïti

La crise multidimensionnelle qui ronge le pays, depuis quelque temps, transforme littéralement les centres carcéraux d’Haïti, qui déjà ne répondaient pas aux normes internationales, en véritable camp de concentration. Faute de nourriture, d’eau potable et de soins de santé adéquats, des détenus meurent dans des conditions inhumaines. Des photos amateurs, devenues virales sur les réseaux sociaux, laissent percevoir l’atroce réalité de ces citoyens qui sont sous la responsabilité de l’État haïtien.

En effet, dans la prison civile de Petit-Goâve, au moins deux prisonniers sont morts, le vendredi 23 septembre 2022. Le Commissariat de cette ville, où des prisonniers sont entassés dans deux petites chambres, connait une rupture de son stock de produits alimentaires depuis un bon bout de temps. Les prisonniers décédés étaient malades. À cela s’ajoute la faim et ces derniers n’ont pas survécu. Des cas similaires sont relatés dans des prisons civiles se trouvant dans d’autres villes du pays, comme Les Gonaïves où un prisonnier serait également mort d’inanition. 

 

 

Les rapports dressés, généralement par des organisations de défense des droits humains locales et internationales, sont toujours accablants, déplorant des conditions d’hygiène et d’installations sanitaires précaires, le manque d’eau potable  et l’absence d’assistance de l’État haïtien qui ne fournit pas de budget nécessaire à l’achat de nourriture pour les personnes incarcérées dont il a la charge.

 

Conséquences, les personnes détenues sont gravement sous-alimentées. Elles souffrent d’anémie. Elles sont trop faibles pour résister aux nombreuses maladies infectieuses qui se propagent dans les prisons, comme la tuberculose, le choléra ou la gale. 

 

 

Selon Me Arnel Rémy, du Collectif des avocats pour la défense des droits de l’homme (CADDHO), cette situation ne date pas d’hier. Elle s’est aggravée avec les dernières semaines de « peyi lock ». L’homme de loi demande aux citoyens de bonne volonté de le rejoindre dans son initiative de collecte de denrées alimentaires pour venir en aide aux prisonniers, notamment ceux se trouvant au Pénitencier national. 

 

 

L’avocat en a profité pour condamner l’attitude des commissaires du gouvernement qui se sont succédé et qui ont fait de la détention préventive prolongée leur cheval de bataille, alors que  ce problème ne fait que péricliter. Plus loin, Me Rémy dit détenir de nombreuses images qui illustrent les conditions déplorables des détenus sur le territoire national. Il en appelle à l’adoption de mesures urgentes visant à sauver la vie des détenus.

 

 

Rappelons que 145 détenues ont réussi à s’évader, le jeudi 22 septembre 2022, de la prison civile pour femmes située dans la ville de Cabaret, en périphérie nord de la capitale Port-au-Prince.

 

 

Selon les premières conclusions de l’enquête dévoilées par Pierre René François, le chef de l’administration pénitentiaire, un des surveillants aurait commis l’imprudence d’ouvrir le bloc de détention alors que l’effectif des surveillants était en sous-nombre « Les détenues se sont jetées sur les agents, les ont maîtrisés, pour pouvoir s’évader »

 

Esdra Jeudy

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