Haïti a présenté son cahier de doléances devant les Nations unies

Le Premier ministre, Ariel Henry, n’a pas pu prendre part au débat général de la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’est tenue à New York du 20 au 26 septembre 2022. Pour la circonstance, le docteur Ariel Henry s’était fait représenter, à cette rencontre annuelle, par le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus, qui, du même coup, a prononcé le discours du chef du gouvernement. À travers ce discours, il est donc question de rétablir le climat sécuritaire délétère du pays, garantir l’ordre public, prendre de nouvelles dispositions ayant rapport aux accords politiques et la bonne gouvernance afin d’aboutir à un consensus national et rendre l’appareil judiciaire fonctionnel.

Dans son discours à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre maintient sa plus grande promesse : celle d’organiser les joutes électorales afin de remettre le pays à un président élu démocratiquement. En effet, au regard de tous, le peuple haïtien vit présentement des moments difficiles de son histoire. Le Premier ministre Ariel Henry, dans son discours de 46 paragraphes, paraît être conscient de la situation socio-économique et politique à laquelle la population haïtienne fait face et qui met à mal toutes les couches et les secteurs du pays.  « Haïti se trouve à la croisée des chemins, à un carrefour extrêmement difficile, mais décisif pour son avenir. Mon gouvernement est en face d’une équation assez complexe, qu’il s’agit de résoudre et cela nécessite le soutien effectif de nos partenaires», a déclaré le Premier ministre dans son discours lu par le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus.

 

 

 

Concurremment, dans son allocution, Ariel Henry a évoqué les besoins les plus urgents. «Il s’agit pour mon gouvernement, comme priorités de : restaurer, sans délai, la sécurité et l’ordre public; trouver à brève échéance, un élargissement du consensus autour d’un accord politique avec un maximum de secteurs en vue d’aboutir à une gouvernance apaisée; créer un climat propice à la tenue des élections générales dans le meilleur délai, en vue de remettre le pouvoir à des élus librement choisis par le peuple haïtien, et restaurer les institutions démocratiques;  adresser les questions économiques et sociales en vue d’améliorer les conditions matérielles d’existence, de la grande majorité de la population», a-t-il fait savoir.

 

 

Ainsi, par rapport à la question sécuritaire et la restauration de l’ordre public, il a rappelé que les activités des gangs armés créent un climat délétère, ce qui, selon lui, empeste le quotidien de la population. Pour le locataire de la Primature de la République d’Haïti, il s’agit là d’une situation intolérable qui a pris des proportions inquiétantes. Également, il a ajouté que les affrontements entre gangs rivaux ont causé un nombre élevé de victimes dans la population, qui ont obligé des milliers de personnes à fuir leurs lieux de résidence pour échapper à la terreur des hors-la-loi.

 

 

Crise humanitaire

 

En outre, le Premier ministre Ariel Henry n’a pas ménagé ses mots pour décrire la situation sociale du pays, notamment en cas de catastrophes naturelles. Les catastrophes naturelles constituent un handicap majeur au développement d’Haïti. Le dernier séisme du 14 aout 2021 a été un nouveau coup dur pour l’économie nationale. Les mauvaises performances de l’économie durant trois années consécutives exposent le pays à une grave crise humanitaire. 4,9 millions de personnes, soit 46 pour cent de la population a besoin d’une aide humanitaire cette année. L’insécurité, l’instabilité politique, les désastres naturels ont grandement contribué à la mauvaise performance de l’économie nationale qui a connu une croissance négative, durant trois années consécutives », a-t-il renchéri.

 

 

Échéancier électoral

 

«Contrairement à ce que disent certains de mes adversaires, je n’ai nullement la volonté de rester au pouvoir plus de temps qu’il n’en faut. Le souci principal de mon gouvernement est le retour à l’ordre constitutionnel et la remise de la direction des affaires du pays à des élus librement choisis par le peuple haïtien dans le cadre d’élections libres, transparentes et inclusives », peut-on lire dans le discours d’Ariel Henry prononcé par M. Jean Victor Généus par devant l’Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre 2022. Pour cause, le chef du gouvernement dit vouloir à tout prix encourager le dialogue dans le but d’aboutir à un élargissement d’un accord politique qui sera favorable au bon déroulement des joutes électorales présidentielles, législatives et locales en toute liberté et sécurité.

 

 

De son avis, cela aura permis d’assurer un taux de participation aussi large que possible des personnes en âge de voter. Pour Ariel Henry, c’est une condition sine qua non pour garantir une légitimité certaine aux nouveaux élus et d’assurer la stabilité politique. À cet effet, il dit être déjà en pourparler avec les différents acteurs concernés autour de la mise en place de l’organe chargé de l’organisation des élections.

 

 

Justice et droits de l’homme

 

«Mon gouvernement a été installé dans un contexte politique délicat, à la suite de l’assassinat crapuleux et tragique du Président Moise, le 7 juillet 2021. Il faut que justice soit rendue à lui-même, à sa famille et au peuple haïtien. Je veux ici saluer les propos du président colombien Gustavo Petro qui à cette tribune a présenté ses excuses au peuple haïtien pour la participation de mercenaires colombiens dans le meurtre du président Moise. Il s’agit d’un crime transnational impliquant des ressortissants de plusieurs pays. L’enquête est difficile et complexe. Je veux remercier tous les pays concernés qui y collaborent », a laissé entendre le Premier ministre.

 

 

Plus loin, il a attiré l’attention de la communauté internationale sur les nombreux autres crimes et massacres qui sont restés jusqu’ici impunis, précisément des assassins qui sont encore en liberté et certains, surtout ceux qui ont le culot de venir parader les armes à la main à la tête des manifestations de ces jours derniers. «Je suis également conscient des cas de violation des droits de paisibles citoyennes et citoyens haïtiens. Ce sont les conséquences directes du climat d’insécurité qui règne dans le pays. Le respect de la dignité humaine constitue le socle des droits fondamentaux de tout individu. Je suis déterminé à respecter et à faire respecter les engagements internationaux et régionaux relatifs à la préservation des droits humains. Dans le même esprit, la lutte contre la détention préventive prolongée une priorité. Beaucoup de détenus sont en attente de jugement et subissent cette situation. Il s’agit là d’une illustration de la faiblesse de notre système judiciaire qu’il importe de réformer», a-t-il notifié tout en saluant les efforts consentis par des membres de la société civile et ceux de la communauté internationale en ce sens.

 

 

«Mon pays comme beaucoup d’autres dans les Caraïbes, dans l’Océan indien et ailleurs, demeure très vulnérable aux aléas climatiques, à la montée du niveau des océans et aux catastrophes naturelles de plus en plus violentes et de plus en plus fréquentes. Le passage d’un seul cyclone peut anéantir les efforts de dizaines d’années de durs labeurs et d’investissements. Mon pays a fait hélas la douloureuse expérience de tremblements de terre et des cyclones dévastateurs. C’est une préoccupation pour les pays de la sous-région. Et au niveau de la CARICOM, nous avons une réflexion sur le sujet», a mentionné le chef du gouvernement haïtien Ariel Henry dans son discours. De ce fait,  il estime impératif et urgent que la communauté internationale fasse preuve d’imagination, d’abnégation et d’altruisme pour engager notre planète et nos pays respectifs dans un nouveau type de relations internationales. 

 

 

Toutefois, il convient de rappeler que le secrétaire général de l’ONU s’est dit préoccupé par l’acuité de la crise actuelle d’Haïti. Il a appelé au calme, en appelant toutes les parties prenantes å prendre des mesures considérables afin de limiter les dégâts dans le pays. Antonio Guterres a demandé aux politiques de se mettre ensemble pour éviter une dégénérescence en ce qui concerne la situation délétère du pays.

 

 

Vladimir Predvil 

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