L'organisation de défense des droits humains N ap mache pou lavi (marchons pour la vie) a exprimé sa préoccupation par rapport à ce contexte de crise multifacettes dans lequel le pays s'engouffre de jour en jour. Dans une note publiée, ce 9 août 2022, cette structure a mis à l'index les dirigeants qui font montre d'un laxisme déconcertant dans la lutte contre le banditisme tout en saluant les efforts consentis par l'institution policière ces derniers temps pour essayer de renverser la vapeur. N ap mache pou lavi en a profité pour formuler certaines recommandations aux autorités.
Pour les responsables de N ap mache pou lavi, la situation que connaît actuellement le pays ne date pas d'hier. « Haïti vit une crise institutionnelle et sociale sans précédent. Elle montre à quel point les protagonistes politiques, économiques et éthiques ainsi que la coopération internationale n’avaient pas construit une société démocratique plus de trente ans après la chute de la dictature des Duvalier (7 février 1986). »
Plus loin, N ap mache pou lavi déplore le fait que les acteurs politiques ne soient toujours parvenus à une entente, alors que la population est en pleine agonie face aux tracas du quotidien. Selon cet organisme, « certains d'entre eux ne seraient pas sans reproche dans la situation actuelle du pays. La population est asphyxiée par la misère abjecte et le règne des gangs téléguidés par des politiques, des agents économiques et la criminalité transnationale: tueries, tortures et viols en cascade dans les quartiers populaires, kidnappings, cherté de la vie, inflation (150 gourdes pour 1 dollar américain). Le gouvernement est incapable de résoudre progressivement ces problèmes », indique N ap mache pou lavi.
Par ailleurs, elle salue les efforts de la Police nationale d'Haïti qui sont visibles et louables, mais, estime-t-elle, sont largement insuffisants « car la situation la dépasse et elle n’a pas les moyens humain, matériel, technologique et politique pour affronter les trois principaux axes du mal : Martissant, Cité Soleil et Croix-des-Bouquets ».
« Il convient, pour N ap mache pou lavi, de se questionner sur les commandes d'équipement à l'intention de la PNH, pour lesquels d'ailleurs plusieurs millions de dollars américains ont été décaissés, pendant que les groupes armés se renforcent. » Elle en veut pour preuve les cargaisons d'armes retrouvées les ports du pays. « Les matériels destinés à la Police pour lesquels 12 millions de dollars américains ont été versés au gouvernement canadien ne sont toujours pas livrés, alors qu’à longueur de journée des cargaisons d’armes et de munitions sont découvertes dans les ports et les gangs se renforcent. »
Face à cet état de fait, et l'incapacité des différents acteurs à trouver un consensus, N ap mache pou lavi formule les recommandations suivantes : « les quartiers, zones, régions et départements doivent s’organiser avec l’aide des notables et autorités de confiance et de bonne réputation capables de contrecarrer les bandits. Le gouvernement doit organiser un Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN) spécial pour présenter la situation à la population et déclarer l'État de siège afin que les actions de la Police et des autorités puissent être encadrées par le droit international des droits de l’homme ».
Esdra Jeudy
