Des pressions inflationnistes douloureuses

Le marché haïtien fait face à d'énormes pressions inflationnistes tant internes qu'externes. L'économie du pays a connu une croissance négative estimée à - 0,4 % pour cette année 2022. Selon l'économiste Kesner Pharel, c'est la première fois depuis l'embargo imposé sur l'économie en 1991-1994 que le pays connait une telle chute de son PIB. Le taux du dollar américain est passé à 125 gourdes selon les publications de la Banque centrale et à plus de 140 gourdes dans l'informel.

L'inflation est présente partout à travers le monde. Après les restrictions contre la propagation de la Covid-19, la guerre russo-ukrainienne a compliqué davantage la projection économique des États. Les banques centrales des grandes économies cherchent à durcir leur politique monétaire face à la flambée de la valeur du dollar américain et aussi par rapport à la chute de la monnaie européenne qui fait face aux retombées de la guerre par un déficit lié aux anticipations sur l'offre et la demande.

En Haïti, en moins d'une année, l'inflation est passée de 16 % à 29 %. Les décisions prises par la Banque de la République d'Haïti (BRH) d’injecter des millions de dollars sur le marché n'ont pas pu combler les manquements provoqués par la rareté du dollar dans les transactions. Au niveau des banques commerciales, l'accès au dollar américain est quasiment impossible. « Un proche m'a envoyé de l'argent pour payer le loyer, il m’a fallu 3000 $ US,  au bureau de transfert, on m’a remis 375 000 gourdes. On a changé l'argent à 125 gourdes le dollar, après je me suis rendu sur le marché informel pour racheter le dollar à une valeur de change équivalent à 150 gourdes. Du coup, on m' a fait payer 450 000 gourdes pour trouver les $ 3000 US. Soit une différence de 75 000 gourdes de plus pour retrouver les $ 3000 dollars du transfert », a expliqué Carline reprenant une publication très populaire sur les réseaux sociaux.


En effet,  la rareté du dollar fait beaucoup de torts aux transactions sur le marché local. Jeannine, commerçante à Petion-ville explique que l'une des pires décisions, juge-t-elle des plus indélicates de Jovenel Moïse c'était de limiter l'accès du dollar américain à la grande majorité de la population. De son côté l'économise Eddy Labossière explique qu'il s'agit surtout de l'insécurité qui limite la circulation des personnes et des biens dans le pays. « La migration d'une grande quantité d'Haïtiens vers la République dominicaine a limité le nombre des transferts à destination d'Haïti. Les touristes ne viennent pas avec le dollar, il n' y a pas un terrain favorable pour les investissements étrangers et la petite quantité de dollars disponible n'est même pas suffisante pour les importations », a-t-il ajouté. 

Par conséquent, c'est la quatrième année consécutive de contraction du Produit intérieur brut en Haïti, a indiqué le ministère de l'Économie et des Finances (MEF) dans sa lettre de cadrage pour le budget 2022-2023. L'économiste Eddy Labossière soutient que les instabilités de toutes sortes dans le pays ne font que renforcer la pauvreté.  Ainsi, il conseille aux dirigeants de réunir les secteurs clés du pays pour dialoguer et établir un climat de stabilité afin de faire face aux difficultés économiques de l'heure.

Oberde Charles

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