Le dialogue entre les acteurs politiques stagne

Les délégués de l'Accord du 11 septembre et ceux de Montana semblent pour le moins s'accorder sur la nécessité de dialoguer, dans la perspective d'aboutir à un dégel de la crise politique. En ce sens, des rencontres se sont déroulées entre le Premier ministre Ariel Henry et Magali Comeau Denis, membre du bureau de suivi de l'Accord de montana (BSA), dans l'objectif de jeter les bases pouvant faciliter la reprise des pourparlers interrompus initialement, mais les violons ne semblent pas s’accorder jusqu'à présent.

A l'issue des deux rencontres, le BSA avait soumis au Premier ministre Ariel Henry un document définissant les modalités des négociations qui seront engagées, et le chef du gouvernement de son côté, a remis également un document cadre à l'intention des membres du BSA pour appréciation. Mais des signataires de l'Accord de Montana, dont Danio Siriac de l'organisation peuple en lutte (OPL), craignent que les démarches du gouvernement ne fasse traîner en longueur le processus de dialogue, alors que précise-t-il , les membres du BSA s'étaient accordé une quinzaine de jours pour parvenir à une entente.          

De plus, le politicien estime que le document n'aborde pas les questions de fonds mais plutôt tourne autour de la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale. La question de la gouvernance n'a pas été prise en considération, surtout en ce qui a trait à la constitution de l'exécutif. Les signataires de l'Accord du 11 septembre sont pour un exécutif monocéphale alors que ceux de Montana sont favorables à un exécutif bicéphale M. Siriac a laissé entendre que, suivant l'expérience fait avec M. Henry, l'exécutif à une seule tête n'a pas donné de résultat et de ce fait, il n'est pas selon lui, envisageable que le pays continue à être dirigé ainsi. 

Une autre entorse aux pourparlers selon M. Siriac, est la commission de médiation préconisée par le gouvernement. En effet, dans son discours le 18 mai à l’Arcahaie à l’occasion de la célébration des 219 ans de la création du drapeau, le Premier ministre avait invité les acteurs politiques à s’asseoir avec le comité de médiation sur la crise. Une approche qui intervient à un moment où plus d’un pensait qu’Ariel Henry avait repris les négociations directement avec les membres de l’Accord de Montana sans intermédiaire ni structure interposée. 

Cette structure, formée de Mgr Ogé Beauvoir de Religions pour la paix, Laurent St Cyr de la Chambre de commerce et d'industrie d'Haïti (CCIH) et de Jean Robert Charles de la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants des universités et institutions d'enseignement supérieur haïtiennes (CORPUHA), ne serait pas habilitée à entreprendre de telles initiatives, selon Danio Siriac.

Dans leur démarche visant à mettre en place un nouveau gouvernement provisoire à la suite de l'assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moïse, l'accord a abouti notamment à l’organisation le 30 janvier 2022 d'un scrutin non officiel au suffrage indirect, pour élire un président provisoire en la personne de Fritz Alphonse Jean, et l'ancien sénateur Steven Benoit comme Premier ministre pour la transition. Mais, depuis, aucune avancée n'a été faite par les membres de l’Accord de Montana. Dans le cadre de la reprise du dialogue, la possibilité de se défaire de ces élus n'est pas écartée, pourvu que cela contribue à la résolution de la crise, indique M. Siriac.

 

Pendant que les acteurs semblent prendre tout leur temps pour parvenir à un consensus, le pays agonise sous le poids de l'insécurité chronique.

 

Esdra Jeudy

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