Les ouvriers de la SONAPI intensifient leur mouvement

Pour une deuxième journée consécutive, les ouvriers de la Sonapi ont investi les rues pour exiger un salaire minimum de 1500 gourdes et d’autres avantages sociaux. Frustrés et en colère, ils ont scandé des propos hostiles à l’endroit des dirigeants qui se sont, d’après eux, toujours servis de leur courage pour parfaire leur santé économique.

Cette mobilisation a été sauvagement réprimée à coup de bombes lacrymogènes par les agents de l’Unité départementale pour le maintien d’ordre UDMO de la Police nationale d’Haïti. Ce qui a occasionné des échanges tendus entre les policiers et les protestataires.

 

« On se le rappelle tous, lorsque les policiers manifestaient afin de réclamer une carte de débit, ils avaient incendié des véhicules et vandalisé certaines institutions afin de faire entendre leurs cris.   Alors, pourquoi cette répression sur nous qui revendiquons pacifiquement un ajustement de salaire par rapport à l'inflation galopante qui nous affecte tous ?

Nous comprenons leur attitude et c’est sur nous qu’ils veulent exercer leur force.

L’insécurité sévit dans la commune de la Croix des Bouquets où les gangs armés investissent des maisons privées. Pourquoi s’acharner sur nous qui sommes de paisibles citoyens et qui sommes en train de manifester ? »

Sous fond d’animation musicale, les protestataires ont chanté à l'unisson » 1500 goud salè minimòm » et ont menacé d’occuper les rues tous les jours au cas où les autorités jusqu'à obtenir satisfaction.  

Rappelons dans la foulée que depuis 2019, la croissance économique n’est pas au rendez-vous dans le pays. Pour la fin de l’exercice 2020 -2021, l’économie nationale accusait une croissance négative de -1.8 % avec un PIB qui était déjà en chute libre de -1.7 % en 2018.

Selon le dernier rapport de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), en janvier 2022 le taux de l’inflation est passé à 24.6 %. Cette année encore et pour la troisième année consécutive de croissance économique négative, c’est la descente aux enfers. La dépression économique met à genou une population qui n’est pas épargnée non plus des impacts catastrophiques des aléas climatiques.  

Ainsi nul n’a besoin d’être expert en économie domestique pour deviner ou calculer un petit budget avec un salaire minimum de 500 gourdes comme c’est le cas des ouvriers de la SONAPI.

En moyenne le coût de la vie, qui peut être différent selon les villes, est très exorbitant. Ces ouvriers des usines textiles exigent donc une revalorisation de leur salaire minimum pour contrecarrer la hausse des prix du carburant et du panier alimentaire qui aggrave la précarité en Haïti.

Cette déclaration d’une manifestante exprime tout le désarroi des ouvriers de la sous-traitance :  « le jour même de notre paye, on commence à s’endetter à cause des prix qui explosent sur le marché ».

Enfin, les manifestants espèrent que le gouvernement, en particulier, les autorités du ministère des Affaires sociales et du Travail se penchent sur le salaire minimum et la valeur du travail dans le pays.

Plusieurs problèmes doivent être résolus comme, entre autres, la discrimination salariale basée sur le genre.

Gerard H. Resil  

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